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Critique de 5Arabella


Publié pour la première fois en 1975, sous une forme en partie amputée, ce roman est édité en France en 2009 dans la prestigieuse collection « Du monde entier » chez Gallimard. C'est le deuxième livre de l'auteure à avoir connu une édition française, après le très marquant « Une matinée perdue ». Vienne le jour est le premier volume d'une trilogie, qui suit les destinées de Letitia Branea, le personnage principal. Ce premier opus traite de ses jeunes années, jusqu'à la presque fin de ses études.

Une première partie se passe dans une petite ville de province roumaine. Sa famille, composée de sa mère, et de son frère aîné, Ion, chez qui la mère s'est réfugiée, après avoir quitté son mari. Qui n'a pas tardé à être arrêté, sa famille ayant eu une activité politique reprouvée par les communistes au pouvoir. L'oncle Ion ayant été exclu du parti, la situation de la famille est inconfortable et précaire, et Letitia a peu de chance d'intégrer l'université à l'issue du lycée. le quotidien est parfois égayé par la venue d'un autre oncle, Bitza, vivant à Bucarest une vie plus insouciante. Entre les difficultés et attentes de sa famille, les premières amitiés et les premiers émois, Letitia rêve de s'échapper, de trouver sa place à elle, et espère tout ou presque d'éventuelles études. Elle réussira à réaliser son rêve, l'origine sociale n'étant miraculeusement plus prise en compté l'année où elle passe l'examen d'entrée à l'université. Elle partira donc à Bucarest, où d'autres normes, d'autres façons de vivre, auront cours à la cité universitaire, auxquels il faudra s'adapter. Les choix de vie se dessinent, Letitia va devoir se positionner, entre griserie, besoin de reconnaissance, d'avoir une place, ce qui peut mener au conformisme, mais aussi un besoin de liberté et d'affirmation de soi. D'un soi qui se dessine petit à petit.

Ce n'est certes pas original, nous sommes dans un roman d'apprentissage, écrit qui plus est d'une manière relativement classique, suivant dans l'ensemble la chronologie des événements. Mais j'ai été très sensible à la manière dont Gabriela Adameşteanu évoque son personnage principal, tout en petites touches, en hésitations, en incertitudes. Entre une honte de ses origines, imposée de l'extérieur, mais intériorisée au point de devenir une partie d'elle, les relations aux hommes, à la famille, l'évocation d'un présent qui devient progressivement un passé, transformant les sentiments et les jugements sur les êtres et les choses, Gabriela Adameşteanu dresse un portrait sensible de Letitia, de ses proches, de certaines de ses camarades. Et aussi, l'air de rien, de la société dans laquelle elle évolue, forcément, compte tenu de l'époque où a été écrit le livre, en suggestions et sous-entendus. Mais l'auteure saisit quelque chose d'universel, au-delà d'une époque et d'un contexte, même si certains détails sont très précis. Il y a une grande finesse et sensibilité dans ce portrait, qui n'a rien de mièvre.

J'ai hâte maintenant de suivre l'évolution du personnage dans les deux tomes suivants.
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