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Critique de Brize


Brize
02 novembre 2011
Le recueil se présente comme un guide de Kittur, les quatorze histoires ponctuant les diverses étapes du parcours de la ville. Sans se perdre en longues descriptions, l'auteur donne à chaque fois, après un petit préambule historico-géographique, un aperçu saisissant du quartier évoqué et des lieux (une école, une petite entreprise, une villa bourgeoise…) où se situe le récit. Il l'inscrit au coeur d'un système de castes et de classes complexe où se côtoient diverses religions et langues (l'ensemble n'étant pas toujours évident à appréhender pour le lecteur lambda, il y a des castes comme celle des hoykas dont je n'avais par exemple jamais entendu parler). Chacun de ces portraits (ce ne sont pas vraiment des nouvelles à chute, plutôt des séquences de vie, dont certaines s'achèvent abruptement) s'avère criant de vérité, de l'ordre d'un mini-reportage consacré à une personne que l'on suit pendant un temps donné, si bien qu'on la voit évoluer dans son quotidien, fait de travaux répétitifs souvent éreintants et à peine rémunérés. On est frappé, en particulier, par les réflexions que les protagonistes se font à eux-mêmes et qui nous sont rapportées telles quelles, car elles témoignent souvent de leur lucidité : ils se voient comme ils sont, plongés dans une misère dont ils voudraient sortir (à plusieurs reprises, d'ailleurs, le récit se situe au moment précis où ils effectuent une tentative en ce sens), mais sans trouver le moyen d'y parvenir, prisonniers d'un destin qui les accable.

J'avais beaucoup apprécié le précédent opus de l'auteur, « le tigre blanc » (roman et non pas un recueil de nouvelles) et je pensais qu'il en serait de même avec ce deuxième. Mais ici, pas de héros plein d'allant pour partir à l'assaut de ce pays sans pitié où la corruption pourrit tout et décider que, coûte que coûte, il y fera sa place. L'écriture demeure vive et de qualité car Aravind Adiga est un écrivain talentueux et il y a bien quelques traces de cet humour noir si présent dans « le tigre blanc », mais c'est le noir qui domine et le sentiment (la certitude ?) que la plupart des personnages représentés n'ont strictement aucun moyen de s'extirper de la condition dans laquelle le hasard de leur naissance les a jetés, dans un pays incapable d'offrir à ses habitants un traitement équitable. Cette lecture terriblement sombre (que j'aurais sans doute abandonnée s'il ne s'était agi d'un livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique de Babelio, je n'arrêtais pas de remettre au lendemain la nouvelle suivante…) a fini par se révéler, pour moi, aussi éprouvante que la réalité qu'elle dépeignait, impression seulement atténuée in fine par la teneur des trois derniers récits, beaucoup moins âpres.
Lien : http://surmesbrizees.wordpre..
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