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Annick Le Goyat (Traducteur)
EAN : 9782283023327
324 pages
Buchet-Chastel (11/09/2008)
3.97/5   550 notes
Résumé :
Quand Ashok Sharma, homme d'affaires de Bangalore, entend à la radio que le premier ministre chinois se rendra bientôt dans sa ville afin d'en savoir plus sur la réussite des entrepreneurs de cette région, il décide de lui écrire pour lui donner sa version.
Voici donc huit lettres qui révèlent les dessous des Ténèbres, monde où vit la majorité pauvre de l'Inde et d'où est originaire ce type qui s'appelait Balram Halwai... jusqu'à ce qu'il tue quelqu'un pour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (96) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 550 notes
Ces vacances, je suis partie en Inde, chez Balram Halwai, et je peux vous certifier que ce n'était pas du tout un lieu pour touristes !

En fait, je suis restée dans mon fauteuil à lire « le tigre blanc », mais ce voyage littéraire m'a plongée d'un coup dans une Inde faite de « Ténèbres » et de « Lumière » (dixit le narrateur), celle des pauvres, encaqués dans une situation sans issue, une « Cage à poules », et celle des riches, des politiciens et des policiers, tous ceux-ci corrompus, sans scrupules et dont les pots-de-vin permettent d'avancer.

Et me voilà enfoncée jusqu'au cou avec le narrateur...Va-t-il s'en sortir ? Va-t-il m'en sortir ? Oui ! Et il le fait avec brio, cynisme et ironie.
Tout ceci est conté au travers de 8 lettres adressées au premier ministre chinois qui va se rendre en Inde. Ces huit lettres sont le prétexte à faire connaitre ce pays mystérieux et si étranger à notre culture.

On l'appelait « Munna », c'est-à-dire : « Garçon »...C'est vous dire ! Il n'avait pas de prénom ! C'est son instituteur qui a décidé de le prénommer « Balram ».
Son père était conducteur de rickshaw, ces espèces de poussettes pour adultes tirées par un pauvre hère tout maigre et tout suant : « Je vous engage à les observer de vos propres yeux. Les rickshaws ne sont pas autorisés dans les quartiers huppés de Delhi, où les étrangers risqueraient de les voir et de s'étonner. Insistez pour vous rendre à Old Delhi. Là, les rues en sont pleines. Vous verrez ces hommes, minces comme des baguettes, penchés sur le guidon de leur bicyclette, pédalant pour tirer un chariot qui croule sous une pyramide de chair bourgeoise : un gros type avec sa grosse épouse et leurs gros sacs de shopping. »
« Munna » est spécial, il est intelligent, rusé et (presque) sans scrupules. Son instituteur (qui ne l'a connu que très peu de temps) le surnommait « le tigre blanc », car il n'en parait qu'un sur toute une génération. Il veut s'en sortir, lui. Il n'accepte pas la situation sans issue du pauvre, qui n'a qu'à subir, se taire et se courber, prisonnier de la « Cage à poules ». Mais qu'est-ce que cette Cage à poules, me direz-vous ? C'est la métaphore bien choisie du système : les pauvres ne peuvent se rebeller sinon les riches se vengent sur leur famille et leur font subir les pires sévices. Donc, pas d'espoir. Accepte ta condition sinon ceux que tu aimes paieront le prix fort.
Et tant pis pour la famille de Balram ! Grâce à sa débrouillardise, sa roublardise et son tact, grâce aussi à un meurtre (dont il s'accuse et se glorifie dès le début), il gravit les échelons de la société de castes.

« Une révolution indienne ?
Non, monsieur. Cela n'arrivera pas. Les habitants de ce pays attendent toujours que la guerre de libération vienne d'ailleurs. Cela n'arrivera pas. Chaque homme doit accomplir son propre pèlerinage de libération.
Le livre de ta révolution est dans tes tripes, jeune Indien. Chie-le, et lis. »

Un livre fort, interpellant, drôle, immoral, sarcastique, diabolique...
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Un livre pas inintéressant, mais pas non plus renversant... et certainement trop amoral et absurde pour la grande psychorigide que je suis !

Pas inintéressant d'abord, par le portrait hyper-réaliste de l'Inde d'aujourd'hui, tiraillée entre 'les ténèbres', celles des pauvres, ravalés au rang de sous-hommes et d'esclaves, et 'la lumière', celle des riches et des puissants, qui entretiennent bien souvent leur statut à coup de corruption et de menace. Au début, j'ai retrouvé l'Inde romancée de Shantaram lu il y a peu, avec le jeune dadais naïf et optimiste ou le spectacle pittoresque des rues... pas bien longtemps toutefois, car ce livre montre plutôt l'envers du décor dans des descriptions souvent ironiques mais toujours corrosives.

Amoral ensuite, parce qu'on n'est pas dans un livre manichéen et donneur de leçons avec les puissants méchants et les faibles gentils. Bien au contraire. Ici, tout le monde est méchant, ou le devient, à force d'injustice, de convoitise, d'humiliations, de tentation ou juste par habitude, tradition familiale ou faiblesse de caractère... Même le héros Balram que son maître d'école appelait 'tigre blanc' pour son intelligence et sa bonté aussi rares que cet animal dans la nature, et qui devient progressivement un simple tigre, prêt à tout pour survivre dans la jungle.

Pas renversant et un peu absurde, enfin, parce que le principe des lettres écrites par Balram au premier ministre chinois en visite m'a semblé tout à fait inutile et plutôt lourd : à chaque nouvelle lettre, on doit se farcir 3 pages de politesses et d'introduction sur les entrepreneurs indiens, qui cassent le rythme de la narration et n'apportent pas grand chose à l'histoire.

Bref, un tigre blanc qui se vante beaucoup de ses rugissements, mais ne rugit pas autrement que tous les autres, et une lecture en demi-teinte pour moi.
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« Or, notre nation [l'Inde], bien que dépourvue d'eau potable, d'électricité, de système d'évacuation des eaux usées, de transports publics, d'hygiène, de discipline, de courtoisie et de ponctualité, possède des entrepreneurs. Des milliers et des milliers d'entrepreneurs. » (p. 15) Et c'est dans l'histoire de l'un de ces entrepreneurs que nous plonge l'auteur indien Aravind Adiga.

Le Tigre blanc décrit un univers miséreux. La corruption règne partout, la violence aussi, les élections sont truquées, le système des castes a été aboli il y a longtemps mais il en reste des vestiges. Tout comme ces millions de dieux. Tu ne veux pas rester un laissé-pour-compte toute ta vie ? Tu recherches un emploi bien rémunéré ? Il faut graisser la patte de quelqu'un. C'est sombre, glauque, mais hyper-réaliste. de telles lectures me rappellent constamment combien je suis chanceux d'être né au Canada.

Dans tous les cas, ce portrait sombre de la société indienne, il ne m'a pas enlevé le goût de continuer à lire. C'est probablement à cause du narrateur, Balram Halwai, un de ces entrepreneurs de ma citation d'entrée en matière. Il est tellement sympathique, drôle, débrouillard, rusé, révérencieux et irrévérencieux à la fois. Et, surtout, il jette un regard lucide et critique (et un peu édulcoré à l'occasion) sur sa société. Toutefois, malgré la pauvreté et la misère, il fait comme beaucoup de ces Indiens n'abandonnent pas et l'ascension sociale est possible… à condition de s'y donner corps et âme. Et ce prix est parfois élevé.

Ce Balram avait interrompu ses études et s'était trouvé un emploi de chauffeur chez M. Ashok. Aux premiers abords, il me semblaient un garçon sympathique, peut-être un peu menteur mais, dans un univers où un mensonge peut faire la différence entre la vie et la mort, qui suis-je pour juger. le lecteur apprend assez tôt qu'il est recherché pour vol et pour meurtre mais j'arrive difficilement à y croire. Il s'agit sans doute d'une erreur. La corruption règne partout, vous vous rappelez ?

Le Tigre blanc n'est pas le genre de livres que j'affectionne particulièrement, sans doute à cause de ce style cru. La laideur du monde existe, je le sais, je le vois aux nouvelles alors je n'ai pas besoin de lire beaucoup à ce sujet pendant mes temps libres. Mais, à l'occasion, je m'y lance. Et ce roman n'est pas que sombre. J'y ai trouvé de l'humour, des personnages attachants (sinon drôles), prêts à tout pour améliorer leur sort. Vraiment tout !

Enfin et surtout, les dernières lignes m'ont surpris. Un pareil revirement, que je ne vous dévoilerai pas, m'a forcé à jeter un regard nouveau sur toute l'histoire. Je ne m'attendais pas à ce que ce roman, que je commençais à trouver long, se termine ainsi ni qu'il me réserve de pareilles surprises. Je me dis que, peut-être, j'ai négligé des indices me permettant de la voir venir. Mais tant pis. C'était génial et ça m'a amené à réviser (un peu) à la hausse la note que je comptais attribuer au livre.
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C'est le premier roman d'un auteur indien.On est tout de suite pris par l'histoire-confession, d'une ironie mordante, du narrateur.

Le livre montre bien la complexité de l'Inde ,partagée entre la modernité ,les hautes technologies et les traditions qui pèsent comme un fardeau. Mon mari y est allé pour des raisons professionnelles et a été marqué par les contrastes de ce pays déconcertant. le grand écart entre les nantis et les intouchables est impressionnant.

A travers l'ascension ( ou ne serait-ce pas plutôt une chute ?) d'un pauvre chauffeur de taxi devenu directeur d'un business de taxis à Bangalore, après avoir commis plusieurs forfaits que je vous laisse découvrir, nous voyons défiler et s'incruster en nous les images ambivalentes de l'Inde : envoûtante et sale, colorée et kitsch, fiévreuse et mortifère, un mélange de légendes , de spiritualité et de réalité crue et poussiéreuse.

Les injustices sociales criantes sont montrées du doigt mais toujours avec un détachement qui les rend plus horribles encore.Mais toujours avec ce sourire permanent des indiens, fatalistes, qui se contentent du peu qu'ils ont ...

Un livre fort, au ton décalé , offrant ,de l'intérieur, une vue saisissante de l'Inde, pays qui reste mystérieux et déroutant à nos yeux d'occidentaux ...
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Le Tigre Blanc est le surnom de Balram, dont la confession adressée au premier ministre chinois (qui visite l'Inde pour prendre exemple sur la réussite de ses entrepreneurs), va dérouler la vie de cet anti-héros cynique et malin, depuis son village natal sur les bords sordides du Gange, jusqu'à Bangalore, la silicon valley locale. Il va dévoiler au dirigeant chinois les dessous de la réussite économique de l'Inde. Ils tiennent en deux mots : soumission et corruption. le système des castes fabrique des employés corvéables à merci, résignés à vivre misérablement et reconnaissants des moindres privilèges qui leur échoient, blattes des taudis de fonction comprises. Les bien nés arrosent la police et les hommes politiques et font régner la terreur chez leurs serviteurs dont la famille peut être torturée s'ils ont le malheur de regimber. Mais plus que la terreur, c'est la familiarité qui est la clé du système : le bon serviteur masse les pieds de son maître, accepte de se dénoncer à la police pour éviter à sa maîtresse d'aller en prison, et, en chauffeur attentionné, choisit une musique romantique quand il sent approcher la scène de ménage. Mais, lorsqu'un maître s'avise d'être une belle âme et veut concilier les valeurs occidentales d'égalité et l'absolue soumission à laquelle il est habitué, il ouvre les portes de la révolte à celui qui ne peut être Rastignac (le plafond de verre est au niveau de la cave), pas même Vautrin (ou alors seulement celui qui se cache, sans jamais atteindre la respectabilité du repenti pardonné) et qui ne peut être que Nat Turner.
Balram Halwai a gagné son surnom car sa volonté de s'élever est aussi rare que l'est un tigre blanc : autant dire que s'il parvient à passer de l'Inde des maigres à celle des gros, c'est en clandestin solitaire, appliquant les seules recettes qui vaillent, celles de ses anciens maîtres, et sans illusion sur sa fin programmée.
Écrit par un journaliste, ce roman sarcastique, cruel et amoral se moque de toute bien-pensance: les damnés de la Terre et les riches qui les insultent forment une ronde échevelée, menés par le même désir fou et désespérant de ne jamais rien changer.
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, un brahmane astucieux, cherchant à piéger le Bouddha, lui demanda : "Maître, vous considérez-vous comme un homme ou comme un dieu?"
Le Bouddha sourit et répondit : "Ni l'un ni l'autre. Je suis seulement celui qui s'est eveillé tandis que vous tous dormez encore."
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...Fils de Vikram Halwai, conducteur de rickshaw...
Monsieur Vikram Halwai, conducteur de rickshaw, s'il vous plaît. Mon père était un homme pauvre, certes, mais un homme fier et courageux. Sans ses conseils, je ne serais pas ici, sous ce lustre à pampilles.
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- Alors comment peux-tu vendre des livres écrits en anglais si tu ne sais pas les lire?
- Je les reconnais à leur couverture. Celui-ci, c'est Harry Potter, dit-il en me le montrant. Celui-là, James Hadley Chase. Et voilà Khalil Gibran, Adolf Hitler, Desmond Bagley, Les Joies du sexe d'Alex Comfort. Une fois, l'éditeur a changé la couverture du Hitler et je l'ai confondu avec Harry Potter. Pendant une semaine, ça a été l'enfer.
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Je suppose, votre excellence, que moi aussi je devrais commencer par embrasser le cul d’un dieu quelconque. Mais lequel ? Le choix est vaste. Les musulmans ont un dieu. Les chrétiens en ont trois. Nous, les hindous, trente-six millions. Soit un total de trente-six millions et quatre culs divins parmi lesquels choisir. (...) Ces dieux, il faut bien l’admettre, semblent accomplir peu de choses - comme la plupart de nos politiciens - pourtant ils continuent d’obtenir leur réélection sur les leurs trônes dorés, au paradis, année après année.
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Pourquoi mon père ne m’avait-il jamais dit de ne pas me gratter l’entrejambe ? Pourquoi mon père ne m’avait-il jamais appris à me brosser les dents avec de la pâte moussante ? Pourquoi m’avait-il appris à vivre comme un animal ? Pourquoi tous les pauvres vivent-ils dans la crasse et la laideur ?
Frotter. Frotter. Cracher.
Frotter. Frotter. Cracher.
Si seulement un homme pouvait cracher son passé aussi facilement !
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Vidéo de Aravind Adiga
Le Tigre blanc | Bande-annonce officielle VF | Netflix France
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