Il est impossible de se réjouir des jolies choses quand on est malheureux.
Le ciel est plein d'étoiles. Moi, avec la mienne, je suis un shérif.
La guerre, ça fait marcher les Allemands dans les rues et serrer fort les mains des petits garçons.
Est-ce qu'enlever un enfant sans l'autorisation de ses parents, c'est vraiment une bonne façon de le protéger ? Je n'avais pas l'air d'être vraiment en danger au milieu des immeubles en forme de U.
Je n'étais pas en danger puisque j'étais avec papa, maman et Hélène.
Il est impossible de se réjouir des jolies choses quand on est malheureux.
Maman dit que l'impasse n'est vraiment pas loin à vol d'oiseau. J'aimerais bien grimper sur le dos d'un oiseau. Il battrait des ailes et hop ! il me déposerait dans l'impasse.
C'est moi l'oiseau. C'est nous tous, les petits oiseaux. A peine quelques miettes de pain à grignoter. Et tous dans une grande cage.
Là-haut, on aperçoit le ciel entre les barreaux. Dehors, il fait beau.
Cette nuit, je n'ai pas vu les étoiles.
Est-ce qu'il y a des poissons juifs et d'autres pas juifs? Nous, on est juifs. C'est pour ça qu'on a des étoiles cousues à nos habits. Papa et maman me répètent qu'être juif, ce n'est pas avoir fait quelque chose de mal. Mais je n'arrive pas à les croire.
J'ai l'impression que ce n'est pas bien, d'être juif maintenant.
Je ne sais pas ce qui se passe, mais j’ai peur. Parce que papa, maman et Hélène ont peur eux aussi. Je le sens. Et quand les grands ont peur, c’est comme une couverture toute râpée par laquelle passe le jour ; ça ne protège plus rien.
On s'entasse. Je n'ai plus revu Daniel. Je ne sais pas ce qui se passe, mais j'ai peur. Parce que papa, maman et Hélène ont peur eux aussi. Je le sens. Et quand les grands ont peur, c'est comme une couverture toute râpée par laquelle passe le jour : ça ne protège plus de rien.
- Tu es le meilleur élève de la classe. L'étoile n'y change rien. Regarde, tu n'es pas le seul à en porter une. La classe est une constellation, chacun brille à sa façon.