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Critique de Nierika


De ce livre, il ne me restait rien, puis le doute, puis le malaise. On aurait aimé un peu de désordre dans ce récit trop léger, et pourtant insoutenable, car l'apparente banalité du propos que nous tient la narratrice, que l'on imagine éternelle petite-fille, arriverait presque à nous faire oublier la résignation tragique de sa grand-mère. Cette résignation, maître-mot de ce récit, se couvre des atours les plus sublimes : du sacrifice de soi au sacrifice du sens au profit de l'existence (« Elle avait donné son cahier au Rescapé parce que désormais elle n'aurait plus le temps d'écrire. Il lui fallait commencer à vivre. Parce que le Rescapé fut un instant, et la vie de grand-mère tant d'autres choses », p.91). Je ne sais pas ce qui est le pire dans cette opération : son caractère fatalement vain (« Elle avait déployé toutes ses forces pour se convaincre que cette vie était la meilleure possible, et pas l'autre dont la nostalgie et le désir lui coupaient le souffle », p.81), la culpabilité qui l'accompagne (« … elle savait que Dieu était fâché contre elle parce qu'il lui avait donné plein de belles choses en ce monde et qu'elle n'avait pas réussi à être heureuse, et Dieu ne pouvait pas lui avoir pardonné ça ») ou son acceptation par la petite-fille elle-même (« Alors pourquoi se manifester et tout gâcher ? Se présenter et dire : « Me voici, je suis la vie que tu aurais pu vivre et que tu n'as pas vécue », p.97) qui le transforme en une sorte de fatalisme universel (« Dans chaque famille, il y a toujours quelqu'un qui paie son tribut pour que l'équilibre entre ordre et désordre soit respecté et que le monde ne s'arrête pas », p.109).

La prose lâche de Milena Agus fait tampon ; on ne peut et on ne veut pas s'attacher à cette héroïne. « Mal de pierres » est loin d'être le « roman fulgurant » que Télérama nous avait prédit, justement parce qu'à la manière dont le livre se lit (d'une traite, sans heurts et sans difficulté), il n'y a rien de fulgurant dans l'histoire de cette « Bovary sarde » ; les pages défilent et déroulent un destin dont l'apparente linéarité et simplicité a quelque chose d'effrayant…
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