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Cet hiver par une soirée maussade et sombre, un peu lasse et fatiguée, je me suis affalée sur le canapé !
Dépitée, je me suis dit un petit film te ferait du bien : un petit tour de zapping, rien , un second, et là je tombe sur un film dont je n'ai jamais entendu parler, le semeur de Marine Francen , un seul mot superbe !

A mon grand étonnement, en regardant attentivement le générique de fin pour connaître la région où ce film a été tourné (les paysages sont magnifiques), je lis : inspiré de L'homme semence de Violette Ailhaud (1835-1925)…

Le lendemain deuxième surprise, en tapant sur Babelio , je découvre de belles critiques où je me rends compte que cette histoire n'est pas une fiction, ni le résultat d'une imagination fertile mais le témoignage de faits réels vécus par l'auteur, âgée alors de 16ans, au 19ème siècle dans un village isolé des Basses-Alpes pendant la période trouble et répressive qui a suivi le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851!

Dès lors, je n'ai eu qu'une envie : me procurer ce récit, L'homme semence de Violette Ailhaud.
Je l'ai attendu comme un enfant espère et il est arrivé avec sa jolie couverture écrue agrémentée par la simple illustration d'un spermatozoïde… violet et vagabond . Superbe  !

J'ai patienté encore quelques jours pour savourer ce récit, accueillir vos mots Violette. Et le moment propice est arrivé, et là encore, un seul mot superbe !

Alors Violette, ma chère et vive Violette, quelle belle et riche idée avez vu eu de léguer votre témoignage à l'une de vos descendantes.
Vous avez semé des mots et ils ont donné un magnifique fruit: une ode à la vie, un hymne à l'amour, un chant de résistance mais aussi d'espérance.

« L'amour est un bouquet de violettes.
L'amour est plus doux que ces fleurettes.
Quand le bonheur en passant vous fait signe et s'arrête.
Il faut lui prendre la main
sans attendre à demain.
L'amour est un bouquet de violettes. »
Le bonheur vous a fait signe et vous l'avez cueilli…
Merci Violette

Une lecture magnifique, émouvante, instructive, poétique.
Un hommage à la vie, à l'amour, aux belles- lettres, à l'écriture...
Un récit lumineux, gorgé de vitalité, d'intelligence et de beauté.
Un livre à offrir à toutes les jeunes filles en fleur.
A lire, relire et partager.

Un immense coup de coeur
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Plus personne pour planter la petite graine !
Avec beaucoup plus de poésie, l'auteure affirme dans la préface de ce court récit qu' « A tant faucher les hommes, c'est la semence qui a manqué ».
Epais comme un marque-page au régime, cette curiosité littéraire mérite une escale.
En 1852, dans un village reculé des Basses-Alpes, les femmes se retrouvent seules pour assurer le travail des champs et continuer à vivre. Tous les hommes ont été déportés suite au coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte en 1852 qui avait considéré que cette seconde république qui lui interdisait de briguer un nouveau mandat nécessitait un toilettage empirique. Poutine avant Poutine. Pour assurer la survie du village, perpétuer l'espèce et assouvir certains instincts, les femmes trouvant le temps long, décident que le premier bougre en état de marche qui s'aventurera dans les parages devra être partagé dans un pot commun. Je pourrai appeler cela le « cobouturage ». Un appel au mâle à la main verte qui débarque un jour, comme Clint Eastwood dans ses westerns, sans l'aide de Tinder mais disponible et serviable. Il s'entiche de la narratrice, Violette, mais le bonhomme a le sens du sacrifice et accepte d'ensemencer aux quatre vents avant de reprendre la route, repu. Violette est amoureuse mais elle accepte de faire passer l'intérêt général du village avant ses sentiments. Les sens du service public.
A la différence de mon résumé aux teintes grivoises, le récit est au contraire d'une infinie délicatesse. En mode survie, ces femmes tombent tous les artifices, se retroussent les blouses et s'unissent sans masquer leur désir d'amour et d'enfant. Que ce soit la nostalgie des maris et fiancés disparus, l'interminable attente, la résignation puis le pacte de fraternité, tous ces passages semblent avoir été écrits dans un état de grâce ou chaque phrase se murmure comme la caresse d'une plume. Chaque paragraphe mériterait citation. L'auteure utilise des mots perdus dans les champs de l'ancien temps comme lampége, grémoulons, coucoun, poudregeais ou se mirailler qui révulsent mon correcteur d'orthographe mais qui régalent ma gourmandise de lecteur. Il y a les mots mais aussi les images, comme celle de cette femme qui transforme sans rien dire sa robe de mariée en épouvantail, proclamation que les hommes du village ne reviendront pas. Inoubliable.
Que dire de cette couverture qui se limite au dessin d'un spermatozoïde isolé qui semble indiquer le chemin de cette lecture ? Qu'elle dit tout sans rien révéler, tout comme son titre. Une réussite.
Présenté comme un récit autobiographique, la légende et surtout l'éditeur ont raconté que le manuscrit avait été écrit en 1919 par une certaine Violette Ailhaud qui aurait exigé que le texte ne soit publié que par une de ses descendantes des dizaines d'années plus tard. L'histoire est trop belle pour être vraie, mais certains mensonges méritent l'acquittement quand ils participent à la postérité d'une telle histoire qui inspira le théâtre, le cinéma et la bande dessinée.
C'est le bouche à oreille qui fit le succès de ce conte qui donne la parole à d'autres parties de nos anatomies. Une lecture à s'offrir sans souffrir.
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Présenté comme un récit autobiographique ce court, très court, trop court texte d'une quarantaine de pages m'a plutôt donné l'impression d'un conte, d'une légende arrachée aux plaintes du temps ou du Mistral, allez savoir, d'une fleur délicate déterminée à traverser l'asphalte de l'Histoire.

Le village de Saule Mort dans les Basses-Alpes aura payé un lourd tribut aux révoltes contre le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte du deux décembre 1851. C'est un village meurtri, privé d'hommes que nous découvrons à travers le regard de la jeune narratrice de 16 ans au moment des évènements. Tous ont en effet été tués ou déportés. Ce village de femmes fait le choix de vivre en autarcie, tendu vers l'espoir, le rêve, l'attente fébrile qu'un homme vienne à elles.

L'écriture poétique et sensuelle de l'auteure m'a fait passer un moment suspendu hors du temps. Ce village est comme un mirage au creux des montagnes, une oasis si proche et si lointaine. J'ai parfois pensé à ces histoires de fantômes condamnés à hanter un lieu pour l'éternité. Pourtant c'est bien de la vie dont parle ce livre, de la vie, de la fécondité, de l'amour, du désir. le bonheur trouve toujours un chemin… Superbe texte, j'ai adoré !

En bonus : la postface de Jean-Marie Guillon donne quelques informations complémentaires sur le soulèvement républicain de décembre 1851, pas assez et juste assez pour me donner une furieuse envie d'en savoir plus. Je ne savais pas, ne me souvenais pas qu'il avait été si important et si fédérateur dans certaines régions.

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Un récit très court qui se déroule près de chez moi, dans les Alpes-de-Haute-Provence sur le plateau de Valensole. Cela se déroule au lendemain du coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte dans laquelle la France a perdu nombre de ses hommes, comme à chaque guerre. La narratrice, qui a un peu plus de seize ans à l'époque vit dorénavant dans un village uniquement habitée par des femmes car tous les hommes sont morts ou portés disparus. C'est alors qu'un beau jour, un homme arrive au village. Un, un seul pour toutes ces jeunes filles. Il s'appelle Jean et les femmes du village ont conclu entre elles un pacte, celui de repeupler le village...

Un livre sur les atrocités de la guerre, même si celles-ci ne sont pas explicitement décrites, elles se font sentir comme un filigrane à travers l'absence d'hommes, mais aussi un livre sur l'Amour car même si, au départ, cela est méticuleusement calculé, au final, c'est bien un récit sur l'amour que nous avons ici. A découvrir !
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Cent ans après que la République ait laissé place au Second Empire, un manuscrit surgit de mains féminines pour réveiller les consciences et la mémoire des souvenirs.

Cette auteure aurait (probablement) vécu la désertification masculine de son village Haut-Alpin en raison des exactions du parti de l'Ordre contre les républicains, villageois pétrifiés par le coup d'état du 2 décembre 1851 et bien décidés à le défendre.

C'est l'aînée des petites-filles de l'auteure qui sera chargée de publier cet ouvrage, très court mais combien touchant, parvenu jusqu'à nous par la seule ténacité de ces deux femmes.

C'est ainsi que dans une langue superbement écrite, car à la fois subtile, poétique et introspective, l'histoire de l'homme-semence, "parfait" inconnu attendu par une communauté de femmes redonna vie au village désherté pour cause de barbarie.

Cet épisode de la vie française est tombé dans l'oubli, et c'est bien dommage. Zola nous le raconte à sa manière (moins charnelle) dans La fortune des Rougon.

Ce petit livre sans cesse réédité par une maison d'édition discrête mais engagée est une petite pépite selon moi.


Lien : http://justelire.fr/lhomme-s..
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Sur le marché nocturne de Gréoux-les-Bains, un joli village et station thermale des Alpes de Hautes-Provence, j'ai été attiré par un stand décoré de jolis livres d'un format un peu plus petit que celui des livres de poche habituels et dotés d'une couverture au graphisme épuré, qui m'ont immédiatement séduit avant même que je n'engage la conversation avec la personne très souriante qui tenait le stand. Il s'agissait des livres des éditions Parole, maison d'édition régionale située à Artignosc-sur-Verdon, à quelques kilomètres de Gréoux. Je suis reparti avec trois livres sous le bras dont celui-ci, qui m'avait été tout particulièrement recommandé par mon interlocutrice.

Et c'est un véritable coup de coeur. C'est une nouvelle très courte d'à peine 40 pages mais chacune de ces pages contient un trésor. L'histoire se situe dans un village des Alpes de Hautes Provence appelé le Poil, dans la vallée d'Asse. Violette Aihaud nous raconte ce qui s'est passé dans ce village en 1852, alors que les soldats de Napoléon III étaient venus chercher tous les hommes pour les emprisonner ou les déporter à Cayenne ou ailleurs, le village étant suspecté d'avoir pris part aux actes de rébellion qui ont suivi , dans cette région de la Provence, le coup d'état du 2 décembre 1851. Les femmes – au nombre desquelles se trouve la narratrice, qui avait 16 ans en 1851 – se retrouvèrent sans hommes et, pendant deux années, elle attendirent, fantasmèrent, anticipèrent l'arrivée d'un homme qui par sa semence pourrait redonner vie au village et elles se firent un serment. Violette raconte alors comment, un jour, la silhouette d'un homme apparut à ces femmes alors qu'elles faisaient les foins : "Ça vient du fond de la vallée. Bien avant que ça passe le gué de la rivière, que l'ombre tranche, comme un lent clin d'oeil, le brillant de l'eau entre les iscles, nous savons que c'est un homme." La suite est délectable, c'est un pur régal. Cela m'a rappelé le roman du colombien James Cañón, "Dans la ville des veuves intrépides", mais la forme ramassée du récit de Violette Ailhaud le rend encore plus fort à mes yeux. J'ai aussi pensé, par toute la sensualité qui se dégage de ce texte, à Gioconda de Nikos Kokantzis, un livre qui, lui aussi, m'avait enthousiasmé.
Si vous aimez, et plus encore si vous adorez ce livre, sachez qu'il existe aussi chez le même éditeur une version de cette histoire en bande dessinée, qui est vraiment superbe et malicieuse. Je fus vraiment chanceux de passer ce soir là devant le stand des éditions Parole !
Pour plus d'infos : http://www.editions-parole.net
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Quand les soldats de Bonaparte raflent les hommes du petit village des Basses-Alpes où vit Violette, la jeune femme perd son fiancé. Après les larmes, les femmes reprennent en main leur village, mais une question subsiste : comment assurer l'avenir quand les ventres restent désespérément vides ?
Les femmes décident alors que le premier homme qui reviendrait au village serait leur homme à toutes. Leur «homme semence ».
Un petit récit intéressant historiquement, la répression qui suivit le soulèvement républicain de 1851, dans cette région reculée de France ne m'étais pas familière et il s'agit bien d'un témoignage.
L'écriture est belle, l'ambiance rurale joliment rendu.
Mais j'avoue que cette histoire m'a quand même déroutée… L'homme est vu uniquement comme géniteur sans que cela ne dérange personne, et lui même joue son rôle sans trop se poser de questions, semant par-ci, par-là, avant de repartir comme il était venu.
Drôle d'époque.
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Un livre qui mériterait encore d'être réédité. A la fois tellement pas dans l'air du temps et tellement dans l'air du temps. Tout casser, pour comprendre, retrouver le naturel...
Livre assez "chaud" dans une période, longue, de désastre.s.
Bien écrit, beaucoup de mots du cru, sans mots crus mais où de l'érotisme émerge.
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Je veux vous parler d'un petit bijou de texte .
Découvert dans le catalogue de Editions Parole, L'homme semence, présenté comme un récit, adapté au cinéma fin 2017 sous le titre "Le semeur", en BD, maintes fois adapté au théâtre, m'a d'autant plus intriguée que l'histoire de son édition est atypique.
Le notaire chargé de la succession de Violette Ailhaud (1835-1925)devait attendre 1952 pour confier l'enveloppe contenant le manuscrit à l'aîné des descendants de Violette, de sexe féminin exclusivement et entre 15 et 30 ans ! Pourtant le manuscrit attendra encore 54 ans avant d'être édité en 2006 et de connaître depuis un succès croissant.

L'auteur avait 16 ans lorsque la répression qui suivit le soulèvement républicain de décembre 1851 après le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte priva son village des Basses-Alpes de tous ses hommes, tués ou envoyés en déportation. S'ensuivirent deux ans de solitude et d'isolement où les femmes s'organisèrent pour faire face au quotidien et aux travaux des champs. Elles se firent aussi le serment que si un homme venait, il serait leur mari commun, afin que la vie continue dans le ventre de chacune...

C'est cette histoire qui est contée ici d'une plume vive, précise et terriblement contemporaine. Émaillée ici et là de quelques savoureux mots provençaux, c'est une histoire de solidarité féminine, de désir, de découverte de l'amour pour la narratrice, de liberté, de modernité. Une histoire surprenante extrêmement bien écrite !

L'homme semence est plus que plaisant à lire. Et le mystère qui l'entoure - histoire, identité de l'auteur, véracité ou non des faits- contribue sûrement à son succès.
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L'homme semence est l'un de ces écrits au destin extraordinaire. Ecrit par une mystérieuse Violette Ailhaud en 1919, il a été transmis de générations en générations jusqu'à l'une des descendantes de la fameuse Violette… en 1952. A cette date, comme le stipulait le testament de l'auteure, le texte a été lu, les mots ont été découverts pour la première fois et, un jour, le livre a été édité.
Mais le mystère perdure autour de l'écrivaine. Qui était-elle vraiment ? Et dans quel village de Provence s'est réellement déroulée cette histoire ? Où est la vérité, où est le mythe ?

Violette Ailhaud y raconte comment son village a été privé de tous ses hommes en 1851. A cette date, Louis Napoléon Bonaparte rétablit l'Empire après avoir pris goût au pouvoir en tant que Président. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les hommes hurlent contre le vote truqué qui leur est imposé (seuls des bulletins « oui » ont été imprimés), mais la révolte est matée et les hommes sont emmenés, jugés, emprisonnés ou déportés à Cayenne ou en Algérie. Les femmes, elles, restent seules avec les enfants à nourrir, les bêtes à soigner et les champs à cultiver. Elles s'organisent et passent un pacte au cas-où un représentant de la gente masculine viendrait.
Et un homme vient.

Elle raconte la rage de voir leurs amours, leurs pères, leurs frères disparaître au-delà de la mer des galets. Elle décrit l'abrutissement dans les travaux de la maison et des champs. Elle transmet le désespoir de ne pas savoir ce qui se passe ailleurs, la douleur des coeurs éplorés et le vide des corps.

Ce passage où une fiancée, veuve avant l'heure, vêt un épouvantail de sa plus belle robe et où la mère du fiancé enlevé fait de même pour dresser dans la mer des galets un couple éternel « pour dire qu'ici il y a la vie »… La montagne de la Lure qui ressemble à une main, qui devient une main aimante, caressante pour cette femme qui vit sans étreintes… Ce serment passé entre ces involontaires Amazones de partager celui qui viendra pour la vie de leur ventre…

Un récit à l'écriture parfois franche, parfois poétique et imagée qui parle à la fois des femmes et des hommes, de l'amour et de la solitude, du désir et des souffrances de la guerre, quelle que soit l'époque, quel que soit le lieu. Un récit poignant sans tomber dans le mélodramatique, dans le romantisme, une envie crue et viscérale de vivre, de sentir, d'aimer !
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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