De la pitié à l'admiration, dévalorisés avant d'être fantasmés : les nomades ont fait du chemin dans notre imaginaire. Ils restent méconnus. Pourtant, ils sont avec la steppe l'autre blason de la Mongolie; et rien n'a de sens si on n'y fait pas référence.
Les troupeaux s'enivrent du parfum des fleurs étincelantes de rosée, notamment l'armoise.
L'alouette siffle le rappel en juin, après les dernières gelées. Les cygnes trompettent sur l'un des 4000 lacs du pays; les grues de Sibérie, revenues de Chine méridionale, arpentent de leur démarche raide les cimes verdies par de brusques ondées.
Chargé de nuages fous, "le ciel de printemps est, selon le dicton, impétueux comme une jeune femme".
Les premiers frimas s'installent vite sur l'herbe flamboyante, désemmaillotée de la brume estivale.
Le printemps, bref et redoutable, dévoile l'âpreté de la steppe et l'irrégularité du climat : un timide réchauffement mais surtout des tourbillons d'air, des tempêtes soudaines.
La souplesse de la langue mongole reflète la culture et l'histoire nomades. Phonétiquement, c'est une langue qui permet à ses locuteurs d'utiliser un large choix de phonèmes -on dit d'ailleurs que la facilité des Mongols à apprendre d'autres langues découle de la leur, qui contient une grande diversité de sons gutturaux, nasaux et palataux.
La capitale s'affirme comme la ville remarquable du pays mais n'est pas à une contradiction près : c'est la cité du savoir et des arts à défaut d'être celle du travail, ce dont manque le plus la population.
Sous un ciel pâle, le retour des oiseaux migrateurs annonce des jours meilleurs; l'hiver qui paraissait éternel s'achève enfin. Dans les montagnes de l'Ouest et du Nord, le printemps vient en mai; ailleurs, dès la fin avril, le cri des spermophiles résonne, les marmottes mettent bas alors que les rêves de chaleur escortent le chant patient du coucou. Le cheval, qui perd son broussailleux poil d'hiver, emmène le chasseur débusquer le tétras à bec noir dans les forêts de mélèzes.
Dans la caravane des saisons, l'hiver occupe la première place. Ce qui fait des éleveurs ce qu'ils sont culmine en effet dans le froid. Fin octobre, le silence s'impose à la nature, l'hiver commence : les rivières se taisent pour des mois quand le gel arrive. La neige crisse, assez sèche pour rappeler le sel, et le profil des montagnes se découpe sur un ciel sans mystères. Les longues nuits étoilées sont de toute splendeur.