Peinant à sortir du placard BHS – le bureau des homicides simples – un enquêteur bastiais va se charger d'une enquête au départ mineure qui va pourtant ébranler l'île jusqu'aux bureaux de police de la capitale.
C'est un véritable polar que nous propose
Antoine Albertini sur une toile de fond qu'il maîtrise à la perfection : la Corse. Une mère et sa fille sont assassinées, on pense que le coupable est le père de famille qui a ensuite retourné l'arme contre lui, puis c'est une femme que l'on retrouve étranglée au bord d'un chemin de randonnée.
L'identité de ce flic pas comme les autres n'est pas révélée, il va prendre ces affaires à bras le corps pour faire la lumière sur ces événements qui sèment le trouble. Son état d'esprit, sa conscience d'être relégué aux affaires dont personne ne veut s'occuper en font un être attachant, persévérant et qui porte en lui la douleur de l'absence si peu apaisée par l'alcool.
Si le terreau corse semble propice à un roman policier, magouilles, règlement de comptes et escroqueries immobilières, l'auteur ne cède pas aux évidents préjugés.
C'est avec un réalisme du terrain qu'il tisse une histoire à la manière d'un reporter ; n'oublions pas sa fonction de journaliste à Corse Matin et correspondant au Monde.
On ressent un attachement profond à cette terre qu'il décrit comme nul autre, sa noirceur propice au propos, l'hiver bastiais, la pluie et ses bars, ses personnages certes fictifs mais qui trouvent un ancrage dans le réel sans détour.
C'est un roman mais sur fond d'Histoire, certains événements qui servent la fiction en rappellent d'autres, tragiques de l'histoire de l'île, conflits politiques notamment.
Les descriptions d'
Antoine Albertini sont d'une plume précise qui nous plongent sans détour dans son univers. J'ai eu le sentiment de pouvoir partager une bière au comptoir avec ce flic malmené par la vie, de me faufiler sur les sentiers des Glacières à la recherche d'indices ainsi que me plonger dans l'étouffante moiteur d'un bateau sur le port où la vie ne tient plus qu'à un fil.
Laideur de l'être humain et paysages époustouflants se côtoient pour le plus grand bonheur du lecteur. J'ai adoré ce premier polar d'
Antoine Albertini après avoir découvert sa plume dans l'enquête «
Les Invisibles ».