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Citations sur La guerre n'a pas un visage de femme (68)

La "guerre féminine" possède ses propres couleurs, ses propres odeurs, son propre éclairage et son propre espace de sentiments. Ses propres mots enfin. On n'y trouve ni héros ni exploits incroyables, mais simplement des individus absorbés par une inhumaine besogne humaine. Et ils (les humains) n'y sont pas les seuls à souffrir : souffrent avec eux la terre, les oiseaux, les arbres. La nature entière. Laquelle souffre sans dire mot, ce qui est encore plus terrible...
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La guerre a duré longtemps, très longtemps... Je ne me souviens ni d'oiseaux, ni de fleurs. Il y en avait, évidemment, mais je n'en ai pas gardé le moindre souvenir. C'est comme ça... Bizarre, non? Est-ce ce que les films de guerre peuvent être en couleur? Au front, tout est noir... Seul le sang est d'une autre couleur...
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Je marche sur les traces de la vie intérieure, je procède à l'enregistrement de l'âme. Le cheminement de l'âme est pour moi plus important que l'évènement lui-même. Savoir "comment ça s'est passé" n'est pas si important, n'est pas si primordial; ce qui est palpitant, c'est ce que l'individu a vécu...ce qu'il a vu et compris...ce qu'il a vu et compris de la guerre, plus généralement de la vie et de la mort. Ce qu'il extrait de lui-même au milieu des ténèbres sans fond... J'écris l'histoire des sentiments. Non pas l'histoire de la guerre ou de l'Etat, mais l'histoire d'hommes ordinaires menant une vie ordinaire, précipités par leur époque dans les profondeurs épiques d'un évènement colossal. Dans la grande Histoire. Ce ne sont pas des héroines célèbres et encensées qu'on entendra parler - j'ai sciemment évité leurs noms -, mais de celles qui disent d'elles-mêmes : "Nous étions des filles ordinaires, comme il y en avait des milliers". Mes héroines, on les voit, dans la rue, dans la foule, et non sur des tableaux accrochés au musée.
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Une fois, une femme (une aviatrice) a refusé de me rencontrer. Elle m'a expliqué pourquoi au téléphone : « Je ne peux pas. Je ne veux pas me souvenir. Trois ans passés à la guerre... Et durant trois ans, je n'ai plus été une femme. Mon organisme était comme en sommeil. Je n'avais plus de règles, plus de désir sexuel. J'étais une jolie femme, cependant... Quand mon futur mari m'a fait sa demande, c'était à Berlin. Devant le Reichstag. Il m'a dit : 'La guerre est finie. Nous sommes vivants. Epouse-moi.' J'aurais voulu pleurer. Crier. Le frapper ! Comment ça, l'épouser ? L'épouser - tout de suite ? Tu as bien regardé à quoi je ressemble ? Fais d'abord de moi une femme : offre-moi des fleurs, fais-moi la cour, dis-moi de belles paroles. J'en ai tellement envie ! [...]
Mais je ne peux pas raconter... Je n'ai pas la force de revenir en arrière... De devoir revivre encore une fois tout ça... »
(p. 13)
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- Oui, la Victoire nous a coûté bien des souffrances, mais vous devez chercher des exemples héroïques. Il s'en trouve par centaines. Or vous ne montrez de la guerre que la fange. Le linge sale. Avec vous, notre Victoire devient horrible... Quel but poursuivez-vous?
- Dire la vérité.
- Et vous pensez que la vérité, vous allez la trouver dans la vie? Dans la rue? Sous vos pieds? Pour vous, elle est aussi basse que ça ? Aussi terre à terre ? Non, la vérité, c'est ce dont nous rêvons. Ce que nous voulons être !

(Extrait d'un entretien avec un censeur)
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Dans notre famille, il y avait huit enfants, les quatre premiers, c'étaient toutes des filles, et j'en étais l'aînée. La guerre va son train, les Allemands sont déjà aux abords de Moscou... Un jour, papa rentre du travail, en larmes : « Autrefois, je me réjouissais d'avoir eu des filles en premier. Des filles à marier. Mais maintenant, dans chaque famille quelqu'un part au front, et chez nous, personne... Je suis trop vieux, on ne veut pas me prendre, vous, vous êtes des filles, et les garçons sont trop petits. »
Des cours pour devenir infirmière avaient été organisés. Mon père nous y a envoyées, ma soeur et moi. J'avais quinze ans, ma soeur, quatorze. Il disait : « C'est tout ce que je peux donner pour la victoire. Mes filles... » A l'époque, on n'avait pas d'autre pensée.
Un an plus tard, j'étais au front...
(p. 57)
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Les sentiments et le langage des gens instruits, si étrange qu'il puisse paraître, sont souvent davantage soumis à l'influence du temps présent. À ses codes. Sont contaminés par un savoir et une expérience qui ne sont pas les leurs.
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L’amour est le seul événement personnel qu’on connaisse à la guerre. Tout le reste est collectif. Même la mort.
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Il y a quelque chose de naïf et d'encore très jeune dans l'intonation de mes conteuses, quelque chose qui remonte aussi sans doute à leur époque, au temps où coexistaient le Goulag, la Victoire et leur foi sincère.
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Elles se sont tues durant si longtemps que leur silence, lui aussi, s'est changé en histoire.
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