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22 juin 1941:opération Barbarossa. Hitler envahit L'URSS. l'armée russe se désagrège trés vite, Staline reste prostré et interviendra sur les ondes seulement 1o jours plus tard.
Mais, déjà, des millions d'hommes se précipitent au secours de la patrie en s'engageant.

Mais aussi de très nombreuses femmes, jeunes femmes, jeunes filles

Alexievitch, écrivaine reporter biélorusse, a, pendant sept ans recueilli le témoignage de milliers de ces combattantes. Elle retranscrit à merveille la volonté de se battre, une grande naïveté devant les horreurs de la guerre, la peur, l'angoisse, l'hébétude, l'habituation à tuer, à survivre parmi les les morts, les rapports avec les camarades hommes, les premiers amours, l'héroïsme salvateur et l'héroïsme stupide, les difficultés prosaïques pour une femme de vivre parmi des hommes

Ces jeunes femmes arrivent avec leurs longues tresses, leurs escarpins cachées dans le sac à dos, un jolie robe cousue par maman. Tout cela finira par rejoindre les milliers de cadavres de cette guerre.
Elles travaillent dans les hôpitaux de campagne, elles sont artilleuses, aviatrices, simples soldats ou officiers. Elles ne rendent pas la guerre plu belle mais elles sont belles dans la laideur de la guerre.

Ce livre est un remarquable document sur le ressenti des femmes pendant la guerre. Je le conseille à tous mais plus spécialement à deux catégories de personnes : machos et féministes fanatiques.
Oui, la femme est courageuse, héroïque, sait se sacrifier comme un homme.
Non, la femme ne ressent pas l'horreur comme un homme, elle pense différemment, elle réagit autrement: ni mieux, ni moins bien, elle est autre, l'alter de l'homme comme l'homme est l'alter de la femme
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"J'ai trois foyers : ma terre biélorusse, la patrie de mon père où j'ai vécu toute ma vie, l'Ukraine, la patrie de ma mère où je suis née, et la grande culture russe (...)." (Allocution remise de prix 2015)

Lauréate du prix Nobel de la littérature pour l'ensemble de son oeuvre, l'écrivaine et journaliste d'investigation - Svetlana Alexievitch - pose avec "La guerre n'a pas un visage de femme" le premier jalon du cycle dénommé "Les voix de l'Utopie".

Suivront dans l'ordre, Derniers témoins, Les cercueils du zinc, La supplication : Tchernobyl chroniques du monde après l'apocalypse et pour finir La fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement.

De la grande guerre patriotique à l'effondrement de l'URSS en passant par la guerre en Afghanistan et l'accident nucléaire de Tchernobyl, cette série documentaire revisite les épisodes tragiques de l'Histoire soviétique du point de vue de ceux qui les ont vécus dans leur chair au quotidien.

*

Fruit d'une enquête minutieuse, le présent ouvrage paru en 1985, compile les témoignages de centaines de femmes qui ont combattu aux côtés de la gente masculine lors du conflit opposant l'URSS à l'Allemagne nazie (1941-1945).

"Elles se sont tues durant si longtemps que leur silence, lui aussi, s'est changé en histoire."

Venant briser quarante années de mutisme collectif, Svetlana Alexievitch donne ici la parole à ces grandes oubliées du discours officiel. Durant sept années, munie de son magnétophone, elle s'est rendue aux quatre coins de l'ancien empire soviétique pour les rencontrer.

De ces entretiens, dont elle a extrait la substantifique moelle, est né ce précieux récit apportant un éclairage nouveau sur la seconde guerre mondiale.

Le parti pris de l'auteure est de s'intéresser à l'humain - être en proie aux turpitudes de l'époque dans laquelle il évolue -, de transcrire son expérience, son ressenti, son chemin de réflexion, plus que les faits eux-mêmes et leur déroulement. Elle laisse place à la subjectivité et partage le cours de sa pensée.

"J'écris l'histoire des sentiments. Non pas l'histoire de la guerre ou de l'Etat, mais l'histoire d'hommes ordinaires menant une vie ordinaire, précipités par leur époque dans les profondeurs épiques d'un événement colossal."

*

Qui sont ces femmes? Qu'est-ce qui les a poussées, souvent très jeunes (moins de 18 ans), à rejoindre les rangs de l'armée Rouge? Quel rôle ont-elles joué? Quels souvenirs resteront gravés dans leur mémoire? Comment ont-elles tenu? Quels changements se sont opérés en elles ? Qu'a été leur existence au retour du front?

Page après page…
Elles vous raconteront l'arrachement brutal au monde de l'enfance pour rejoindre celui de la guerre et son cortège d'atrocités.
Elles vous raconteront la force de leur engagement, le patriotisme qui les habitait.
Elles vous raconteront, de leurs parents, les larmes, la peur et la fierté.

"On mourrait pour défendre la vie, sans savoir encore ce qu'était justement la vie."

Page après page…
Elles vous raconteront leurs premiers pas dans un univers étranger qui par les hommes et pour des hommes a été pensé.
Elles vous raconteront comment elles se sont courageusement illustrées dans tous les corps de l'armée.
Elles vous raconteront la mort omniprésente et les corps mutilés qui ne cessent de revenir les hanter.
Elles vous raconteront la partie d'elle-même qui sur le front est restée.

"J'ignore quand ma guerre, à moi, sera finie…Je ne ris jamais…À ce jour, je n'ai même toujours pas réappris à sourire."

Page après page…
Elles se raconteront et je vous encourage à les écouter.

***

Des portraits de femmes mémorables et émouvants!
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J'ai été ébranlé par ce livre...
Svetlana Alexievitch a recueilli durant de nombreuses années des milliers de témoignages de femmes russes qui se sont engagées volontairement pour défendre leur patrie, qui ont dû insister et se battre pour pouvoir être au front.
Leur vision de la guerre, leur récit est bien différent de celui des hommes et des livres d'histoire. Elles ne décrivent pas des faits héroïques, de glorieuses batailles, mais la guerre qu'elles ont vécue en tant que femme. C'est un point de vue habituellement totalement absent des récits de guerre...
Mais c'est un point de vue extraordinaire...
Je n'ai pas considéré lire un documentaire toutefois, l'auteure apporte sa touche personnelle, le livre est bien structuré, lire ces milliers de témoignages ne m'a jamais paru fastidieux, et j'ai pu lire ce livre d'une traite !
Les femmes s'y retrouveront, les hommes les découvriront et les aimeront !
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L'autrice a effectué un travail remarquable, de 1978 à 1985, en allant recueillir les témoignages de femmes de l'ex-URSS ayant participé à la deuxième guerre mondiale.
C'était avant la chute de l'Union Soviétique, elle s'explique (un peu trop brièvement à mon sens) au début du livre, en évoquant la censure, interne et externe.
Svetlana Alexievitch, qui a aussi écrit "La supplication" au sujet de la catastrophe de Tchernobyl, fait précéder la parole des interviewées de quelques réflexions de son cru sur le temps qui passe, le bien et le mal, etc...Ses phrases sont toujours profondes.
Les récits sont poignants, qu'ils émanent de simples soldates, d'ingénieures, de démineuses, d'infirmières, de médecins ou de partisanes (comme on dit là-bas pour résistantes). Des anecdotes cocasses allègent parfois l'atroce réalité, celle du sang et de la mort partout présents. Par exemple, au début, aucun uniforme ne convenait à la petite taille de certaines.
En interrogeant un couple, l'autrice se rend compte que femmes et hommes ont vécu deux guerres différentes.
Ce livre émouvant, réquisitoire supplémentaire (après beaucoup d'autres) contre la guerre, a aussi le mérite d'avoir sorti de l'oubli ces héroïnes qui seraient restées anonymes sans cette oeuvre importante.
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"Il faudrait écrire un livre sur la guerre, qui soit tel que le lecteur en ressente une nausée profonde, que l'idée même de guerre lui paraisse odieuse. Démente."
Svetlana Alexievitch atteint son but et au-delà, avec ce livre puissant, nécessaire, exceptionnel. Ce livre immense.
La guerre, c'est la Seconde guerre mondiale. Pour les ex-Soviétiques : la Grande guerre patriotique.
Vous pensiez qu'elle n'avait pas un visage de femme ? Vous vous trompiez.
"On nous avait élevées dans l'idée que nous et la Patrie, c'était la même chose."
Enfants de la propagande, elles se sont engagées, elles se sont bagarrées au bureau de recrutement pour pouvoir partir, elles aussi. Elles ont pleuré de déception quand on les jugeait trop jeunes, elles ont menti sur leur âge.
Elles ont fait la guerre. Elles n'ont pas été que blanchisseuses, cuisinières, infirmières, non. Vous trouverez parmi ces témoignages des femmes qui ont occupé tous les postes militaires, de simple soldate à commandante dans la Marine.
Comme les hommes.
Mais en pire.
En pire car rien n'est prévu pour elles : pas d'uniformes à leur taille, pas de bottes à leur pointure, pas de sous-vêtements ni de rechange périodique. Elles ont pataugé pendant quatre ans dans la débrouille et dans des équipements trop grands.
En pire car il leur a fallu déployer deux fois, trois fois plus de courage, de compétence, de capacités que les hommes pour juste être reconnues à leur égal.
En pire car on leur confie, en plus, les tâches et les rôles traditionnellement maternels. "Eux, ils avaient droit d'être en colère, de jurer, mais nous, jamais. Un seul mot grossier et l'on était punies."
Et en pire aussi parce qu'eux, les hommes, sont revenus en héros. Elles, non.
- Combien t'as tué de Nazis ? Soixante-quinze tu dis ? Je parie que t'en as pas vu un seul.
- Alors salope, t'as couché avec nos maris, au front ?
"Il était mitrailleur, elle agent de liaison. L'homme a aussitôt expédié son épouse à la cuisine : "Prépare-nous donc quelque chose." Sur ma demande insistante, il a fini à contrecoeur par lui céder la place, non sans lui recommander : "Raconte comme je te l'ai appris. Sans larmes ni détails idiots."
Des larmes, il y en a beaucoup dans ce livre. Les leurs, et les vôtres, à la lecture.
"J'ai enterré mes proches, j'ai enterré mon âme à la guerre."
Des détails aussi, il y en a beaucoup ; mais aucun n'est idiot.
Ce n'est pas un détail, cette jeune fille qui doit enterrer l'homme qu'elle aime et auparavant, l'embrasse sur les lèvres : c'était son premier baiser, et c'est à un mort qu'elle le donne.
Ce n'est pas un détail, cette gamine qui se croit blessée après un assaut, les jambes couvertes de sang, à qui l'infirmier militaire doit expliquer qu'elle a ses premières règles.
Parce que certaines sont des mômes ! Des enfants !
"On pourrait penser que seuls des gens extraordinaires ou anormaux ont pu endurer toutes ces épreuves, mais non, c'étaient des écolières de la veille, des étudiantes, des fillettes qui n'avaient encore jamais quitté leur maison. Comment ont-elles fait ? Comment ?"
C'est à Svetlana Alexievitch qu'elles l'expliquent, quarante ans plus tard, l'horreur et l'émotion intactes.
Comme dans ses autres livres, l'autrice rédige à partir des témoignages en y intercalant le récit de ses difficultés à les faire parler, ou bien ses réflexions personnelles.
"Ceci ressemble moins que tout à un récit : c'est une douleur vive. Une passion nue. Il faut se fier à cette douleur."

Traduction fluide de Galia Ackerman et Paul Lequesne.

Challenge ABC
Challenge Nobel
Club de lecture janvier 2024 : "Un titre à rallonge"
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Voilà un ouvrage que j'aurais du mal à qualifier de chef-d'oeuvre en termes de production littéraire. Il n'est jamais que la compilation de témoignages de guerre. Ce qui le rehausse toutefois à cette distinction est l'initiative de donner la parole à celles qui n'avaient pas accepté que la défense de leur pays agressé par l'Allemagne nazie reste un privilège masculin. La guerre n'a pas un visage de femme est bien le récit de la guerre au féminin.

En allant à leur rencontre 40 ans après une victoire si chèrement acquise, Svetlana Alexievitch veut faire éclater aux yeux de tous le mérite qu'ont eu ces femmes russes à s'impliquer volontairement dans un conflit dont on connaît trop le lot d'horreurs qu'il a comporté. Mérite d'autant plus grand que ces héroïnes cumulaient les handicaps propres à leur condition de femme intervenant dans l'univers misogyne de l'épopée guerrière. Rien n'a pourtant retenu leur détermination, pas plus les conditions matérielles et physiques que psychologiques, que les difficultés relatives à l'hygiène, la peur de la mort, ou encore leur irruption dans la promiscuité de mâles ensauvagés par la guerre.

Ce qui surprend c'est l'âge de celles qui se sont portées volontaires pour monter en première ligne. Un nombre considérable d'entre elles à avoir accepté de témoigner sortaient tout juste de l'adolescence. Certaines trichaient même sur leur âge dès 16, 17 ans pour se faire incorporer. Des coeurs tendres qui échappaient à leur mère se livraient aux fauves.

Comme d'habitude, elles devaient se montrer plus fortes que les hommes pour endurer souffrances et privations et assumer leur engagement sans se faire reprocher leur intervention dans le monde typiquement masculin qu'est le théâtre des opérations. Elles devaient faire plus que les hommes pour prouver qu'elles valaient autant. Dans les postes à responsabilité de commandement, elles devaient faire la preuve de leur courage et compétence avant de faire autorité.

Leur endurance et leur influence sur le comportement des troupes relèvent du grand mystère féminin. Cette aura méprisée quand tout va bien et qui sublime la personne dans la difficulté. Ce mystère est celui de la relation de la mère à l'enfant. Celle qui met au monde, nourrit, soigne, protège et console. Aussi fort a-t-il été, un homme à l'agonie redevient un enfant.

Plus surprenant encore, celles dont les moribonds imploraient le secours et le soutien moral devaient, une fois la paix revenue, passer sous silence leur héroïsme au risque de passer pour des hommes manqués ou des filles à soldat et perdre du coup leur statut de femme respectable. de cette guerre les hommes rentraient plus hommes et les femmes moins femmes.

Il faut avoir, selon l'expression consacrée, le coeur bien accroché pour lire pareil ouvrage. Chaque témoignage relate des atrocités. L'ouvrage est certes tendancieux et glorifie l'action des troupes du pays agressé allant jusqu'à faire valoir les soins apportés aux blessés ennemis. Mais s'agissant de la réaction à l'invasion d'un pays par les troupes nazies, on aura du mal trouver le contre poids en action humanitaire.

Un ouvrage édifiant qui permet de relativiser les maux que l'on peut reprocher à notre époque contemporaine, même lorsque cette dernière freine nos ardeurs dans la jouissance d'une liberté si chèrement payée par nos anciens. le grand bienfait de pareille initiative est avant tout de corriger l'appropriation de la gloire par une gente exclusivement masculine. Ce n'est que justice. Voilà en quoi se détermine le chef-d'oeuvre.
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Il est impossible de ressortir indemne de la lecture de ce livre témoignage de l'engagement de très jeunes femmes Russes pendant la seconde guerre mondiale.L'auteur a su mettre en confiances ces héroïnes bien souvent oubliées,voire méprisées par une population qui n'a rien compris à leur sacrifice.Bien que tardivement sorties de l'anonymat,grâce à l'auteur,elles ont enfin leur place dans le grand livre de l'HISTOIRE.Je ne les oublierai pas.
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Qui dit guerre dit hommes mais le roman de Svetlana Alexievitch conjugue la guerre au féminin et en fait un hommage émouvant.
La guerre n'a pas un visage de femme est un roman de guerre mais pas que, c'est une histoire de femmes.
Le lecteur, happé par la sincérité ne peut que lire en silence ces mots et ces larmes. Cette phrase criante de vérité m'a émue au plus profond de mon être "Les femmes se réfugient toujours dans le silence, et si d'aventure elles se décident à parler, elles racontent non pas leur guerre, mais celle des autres."
Il est question de souffrance, de Russie, de morts et de survivants. Les femmes confessent leur douleur enfouie dans les souvenirs. Des témoignages emprunts de fierté, de mélancolie, de courage mais jamais de regrets.
Les sourires se font rares et les larmes inondent les coeurs meurtris. Les femmes vivent et meurent
Les femmes pleurent
Les femmes souffrent
Enfin, les femmes parlent...
Tireurs d'élite, chauffeur, blanchiseuse, pilote, médecin, chargée de l'hygiène, toutes ont vécu LA GUERRE.
Je voudrais les citer toutes afin de vous pousser mes amis Babeliotes à découvrir ces femmes courageuses. Et quand Natalia Ivanovna Sergueïeva, aide-soignante dit " j'étais heureuse... j'étais heureuse de voir que je ne pouvais pas haïr. J'étais étonnée de moi-même ". Et aussi le récit censuré de cette mère obligée de noyer son bébé pour sauver ses compagnons de régiment, et toutes ces histoires tristes et pénibles, je ne peux, à mon tour, retenir mes larmes.
L'émotion est si forte.
Rendez hommage à toutes ces filles et découvrez ce livre magnifique.
Je trouve le titre trompeur car la guerre a bien un visage femme, de toutes ces femmes russes mortes et vivantes.
Ce 9 mai 2019, sur la place rouge et dans les rue de Moscou, je regarderais ces femmes avec un coeur attendri car désormais je connais leur guerre.
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Encore une fois Svetlana Alexievitch bouleverse jusqu'aux tréfonds, en disant l'histoire à sa véritable hauteur, celle que les livres d'histoire ne peuvent capter : celle des hommes, ou plutôt des femmes en l'occurrence.
Toutes ces jeunes femmes russes, si jeunes, 18, 20 ou parfois même 16 ans, incandescentes dans leur foi dans la Patrie et enrôlées volontaires dès 1941 dans une guerre d'une brutalité sans nom, prêtes à tout, supportant tout, à tous les postes dans l'armée, sapeurs, mitrailleuses, brancardières, démineuses, ou engagées dans la résistance avec les partisans. Des femmes dans la guerre des hommes comme seule l'Union soviétique a pu en engendrer.
Quatre interminables années de sang, de faim, de peur de froid : tel est le matériau narratif que l'auteure a ramené d'innombrables interviews réalisées aux quatre coins du pays, des dizaines de voix de femmes bouleversantes retranscrites dans ce livre devant lequel j'ai ressenti que pour une fois Svetlana Alexievitch s'était laissée submerger par le poids des souvenirs évoqués, comme par un écrasant linceul de douleur.
Un livre lourd, d'une richesse extrêmement rare et précieuse.
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Attention documentaire choc. Svetlana Alexievitch a enquêté durant sept ans auprès de centaines de femmes russes, engagées dans l'Armée rouge lors de la Seconde guerre mondiale. Autant de rencontres, autant de destins personnels qui ont cependant un point commun : l'horreur d'une guerre vue et vécue du côté féminin.
A peine sorties de l'enfance, ces jeunes filles s'engagent comme tireur d'élite, aide-soignante, agent de transmission, brancardière ou artilleuse. Quels que soient leur rôle, elles seront toutes confrontées à la tragique réalité du terrain.
En donnant enfin la parole à celles qui sont restées longtemps les muettes et les oubliées de l'histoire officielle, l'auteur décrit des femmes ordinaires plongées dans un évènement extraordinaire. Elle s'attache à aborder les combats, non pas leurs aspects militaires ni stratégiques, mais par le ressenti et la trace qu'ils laissent dans l'esprit et la mémoire de ses protagonistes. On est bien loin du chromo héroïque des livres ou films d'histoire mais face à une litanie de violence, d'agonies, de blessures et de douleurs sans fin et sans sens, le particularisme en plus d'être une femme dans ce qui est censé être une affaire d'homme.
Par-delà l'importance des témoignages, ce documentaire tire aussi son grand intérêt par le parti que prend Alexievitch en exposant sa pensée en cours d'accomplissement. On suit ses tâtonnements, ses doutes, ses interrogations. Ainsi, le lecteur touche au plus près le processus de l'écriture et les difficultés du travail d'historien. On sort sonné de cette lecture.
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