Des mois que l'on en rêvait. Moi, Elise, et ma meilleure amie Delphine, on avait enfin trouvé deux fiancés, meilleurs amis eux aussi. Le terme "meilleure amie" à trente-cinq ans peut commencer à dater mais je n'en ai pas trouvé d'autre.
Que c'est pénible de rompre ! C'est toujours aux femmes de le faire. Les mecs peuvent rester vingts ans avec une sorcière. En général, il quittent leur tortionnaire uniquement quand celle-ci leur envoie, un beau jour, une valise à la tête en rugissant : "Tu dégages maintenant !" Et encore ! ils partent en pleurnichant.
Je suis incapable de "prendre soin d'un homme". Là, j'ai touché le fond ! Rien que l'expression me répugne ! "Prendre soin d'une homme" moi ? (Mais mon pauvre vieux, même les plantes se suicident chez moi !) J'ai la sensation d'entendre une obscénité. Nous voilà de retour dans les années cinquante, il est temps de mettre les voiles, de fuir au plus vite ce sinistre personnage qui avait dans l'idée de déflorer ma vierge cuisine et de faire de moi sa bonniche !
Hier, il m'a posé cette question immonde : "Qu'est-ce que tu serais prêtes à sacrifier pour moi ?" M'imaginant en train d'égorger une jeune vierge sur l'autel de son immense orgueil, j'ai répondu : "Ben rien !" L'amour comme un sacrifice, une culpabilité permanente, une sorte de prison, il n'en est pas question, pauvre con...
Moi, j'avais toujours préféré les hommes qui enlevaient leur pantalon en mon honneur plutôt qu'un seul qui me le fasse repasser.