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En janvier 1991, la guerre civile en Somalie a jeté sur les routes de l'exil des milliers de réfugiés comme Barni et Domenica, deux cousines que la fuite a séparées et qui se retrouvent à Rome vingt ans plus tard.
Si Barni s'est durablement installée sage-femme à Rome, Domenica s'est enfermée dans une errance d'une décennie avant de retrouver le fantasque Taguerre et de rejoindre l'Italie.
Tour à tour narrateurs de ces années nomade, les trois amis évoquent à leur manière très personnelle leur enfance, leur vie bouleversée, les souffrances, les relations faussées, le poids de l'éducation musulmane, le déracinement et la solitude.
Un roman polyphonique exigeant mais révélateur d'un humanisme émouvant
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Mon "Voyage en Italie" 2023, m'a entraînée beaucoup plus loin que je ne l'imaginais :  en Erythrée avec Lucarelli et en Somalie avec Madre piccola. La colonisation italienne fait encore parler d'elle aujourd'hui, des décennies plus tard, surtout quand la guerre pousse encore jusqu'à ses rivages des réfugiés venant de la Corne de l'Afrique. 

Madre piccola a été rédigé en italien. L'auteure, Ubah Cristina Ali Farah, est italo-somalienne comme Domenica, l'une des héroïnes du roman. L'histoire se déroule en partie à Rome, en partie à Mogadiscio mais aussi aux Pays Bas, aux Etats Unis, à Londres, même en Finlande où la diaspora somalienne a trouvé asile. 



"Madre piccola naît donc d'une urgence et, encore une fois, d'une interrogation : comment une femme ou un
homme peuvent-ils de nouveau s'enraciner, retrouver leur centre de gravité dans un monde où ils ont perdu tout repère ?"

C'est un roman à plusieurs voix : celle de Domenica de mère italienne et de père somali qui se fait appeler Ahado, de son  nom somalien et qui recherche son  identité à la veille de donner naissance à son enfant. Barni, sa cousine, sage-femme, retrouve Domenica après une longue séparation. Taguere est le père de l'enfant, éloigné il raconte sa version de l'histoire en un monologue assez incohérent. 

C'est le roman des exilés après une cruelle et interminable guerre civile que je ne suis pas arrivée à situer dans le temps. Selon Wikipedia les troubles auraient commencé en 1978 et la guerre civile aurait éclaté en 1991. C'est à cette dernière date que les principaux protagonistes de l'histoire se sont exilés. C'est aussi le roman de la solidarité qui permet aux réfugiés de chaque fois trouver une solution à une situation inextricable.

"J'avais pris la solidarité pour un fait culturel qui nous était propre. Mais quelle culture refuse la solidarité ?"

Offrir un toit, garder un enfant, prêter son passeport. Partager des fêtes...

Fraternité ou plutôt sororité, c'est souvent le point de vue des femmes qui est envisagé dans une civilisation patriarcale :

"Un chapitre pénible. Il est tellement difficile pour les hommes de chez nous de trouver leur place. de se
redéfinir. de s'adapter. de s'accepter. de s'humilier. Parce que vous voyez, nous les femmes, au fond, on a des points de repère immuables : la maison, le quotidien, la maternité, l'intimité des relations humaines, c'est ça qui nous empêche de sombrer."

Roman d'amour aussi, et de filiations avec des liens si distendus qu'ils paraissent irréels.

J'ai été happée par ce livre, agacée parfois par les incohérences des comportements masculins, bluffée par le courage des femmes.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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"Madre piccola" est un roman qui raconte l'histoire de personnes exilées et bouleversées par leur fuite de la Somalie vers l'Italie.
L'auteure, Ubah Cristina Ali Farah, nous plonge dans les émotions et les souvenirs de ces personnages, notamment Domenica, Barni et Taguere amis d'enfance.
Leurs vies sont marquées par la guerre civile et la recherche de leur identité entre deux cultures.
Malgré l'émotion profonde qui se dégage de ce livre, j'ai trouvé qu'il manquait de clarté et j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages.

Dommage car ce roman offre un regard poignant sur la diaspora somalienne et la difficulté de se reconstruire dans un monde où tous les repères sont perdus.
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Madre Piccola… ouvrage découvert à l'occasion du festival Étonnants Voyageurs 2023, attirée par la jolie couverture florale en aquarelle, séduite ensuite par l'histoire présentée au dos.. J'ai pourtant eu beaucoup de mal à me plonger dans l'histoire, malgré l'aide apportée au début pour rappeler les personnages, je n'arrivais pas à suivre et même après les 100 premières pages, ça restait compliqué pour moi. J'ai essayé, jusqu'au bout de prendre plaisir mais je n'ai pas réussi à accrocher, Cela ne veut pas dire que l'histoire est mal écrite loin de là, la forme un petit peu en interview n'as juste pas pris sur moi ! Et je le regrette fortement car, c'est le premier livre sur lequel je tombe qui présente ce contexte de la Diaspora Somalienne .. Un peu déçue de ne pas avoir su apprécier cet ouvrage, ou d'avoir eu des espérances peut être un peu trop élevées ou différentes de ce à quoi j'aurai du m'attendre
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Je viens de finir le premier roman de Ubah Cristina Ali Farah, Madre piccola (petite mère, en italien), paru en Italie en 2007 (Prix Vittori 2008).
Il vient d'être traduit en français par François-Michel Durazzo et est pubié aux éditions Zulma.

L'auteure est née en 1973 en Somalie d'un père somalien et d'une mère italienne. En pleine guerre civile en 1991, elle quitte Mogadiscio à l'âge de 18 ans. Elle vit actuellement en Belgique.
Barni, italo-somalienne, vit à Rome depuis son exil après que la guerre civile à Mogadiscio a fracassé tant de vies et contraint une partie de sa famille et amis à en partir.
Elle y est sage-femme dans un hôpital qui va accueillir un jeune Somalien grièvement blessé.
A partir de cet événement, elle va se souvenir et conter son enfance et adolescence en y imbriquant une véritable mosaïque de personnages dont le puzzle prend forme peu à peu au cours des 345 pages du roman.



La lecture de ce roman a été pour moi assez exigeante car le style de narration m'a quelquefois déroutée et même je dois le dire, parfois un peu perdue au fil des nombreux méandres qui se mêlent et s'emmêlent au cours du complexe bouleversement de la vie des personnages.
Bien sûr, en restant attentif, on parvient à comprendre le propos.
Les personnages sont tous liés, reliés, à la diaspora somalienne vers l'Occident avec tout ce que cela comporte de questionnements sur l'exil, le désastre que les guerres induisent, la quête d'identité notamment des personnes au sang-mêlé, la force et le courage des femmes souvent les piliers de familles ballotées d'un pays à l'autre, l'appartenance à une communauté, à une culture et ses coutumes qui peuvent nous paraître tellement éloignées de nos modes de vie et croyances, voire nous révolter, le lien singulier et l'attachement commun à une langue, plusieurs langues ou même au silence, la solidarité au nom de souvenirs communs et du désir si fort de vaincre la mort en continuant à donner la vie.
J'ai eu l'impression que l'auteure dans la forme d'écriture qu'elle utilise ainsi que dans la structure même de la narration, cela peut paraître paradoxal, nous conte une histoire (en fait, différentes histoires imbriquées) de façon orale, mêlant parfois le somali et le français (pour la traduction).
Je me suis imaginée sous l'arbre à palabres, écoutant les différents protagonistes relatant de façon extrêmement vivace des souvenirs d'enfance ou des scènes vécues en exil, certains parlant au téléphone à un interlocuteur dont nous n'entendons pas les réponses. L'éloignement fait naître l'angoisse, on est coupé du quotidien d'un membre de sa famille.
Se pose aussi la question de la voix qui se transforme par le biais des liaisons téléphoniques quelques fois défectueuses. Peut-on tout dire et comment le dire lorsque la personne n'est pas en face de nous ? Nous assistons d'ailleurs à une inimaginable scène de répudiation par téléphone, l'éloignement étant intégré à un quotidien implaccable et au bord de la folie !
L'oralité fait que parfois on a l'impression qu'un souvenir est déroulé sans même que la personne prenne le temps de reprendre sa respiration...
Est-ce pour mieux nous perdre que toutes ces histoires vont, viennent, reviennent, la temporalité étant parfois assez floue, et ainsi imaginer la perte de repères, la modification du nom que cela induit de vivre "ailleurs" et même de ne plus vraiment être d'ici lorsque l'on tente un retour ?
Est-ce pour mieux figurer la complexité d'entreprendre l'analyse de l'impact du déracinement de personnes transplantées loin de leur pays et nous faire comprendre qu'il n'est pas aisé de recoller tous les morceaux d'une vie involontairement morcelée ?
Tous ces points de vue croisés m'ont faire ressentir cette insécurité et aussi toute la part peut-être fantasmée liée à sa propre appartenance à un pays de naissance ou à un pays que l'on adopte. Et la mémoire, peut-on toujours lui faire confiance de façon assurée ?
La désorientation serait-elle finalement le propre de l'homme... nomade ?
Je vous recommande ce beau roman, original, intense et fort qui fait réfléchir sur notre part d'humanité dans un contexte où la question du déplacement des populations occupe une large part de notre actualité.
J'aime particulièrement les livres publiés chez Zulma. Ce sont de beaux objets dotés de belles couvertures, du beau papier à caresser...

Pour la petite histoire (la mienne), j'ai eu grand plaisir de découvrir que c'est François-Michel Durazzo qui a traduit (magnifiquement) cette oeuvre. Il a été un professeur très marquant pour mon fils au Collège du Cèdre du Vésinet. Je me souviendrai toujours d'une certaine réunion de parents d'élèves où, avec beaucoup de gentillesse, il nous parla de Florent de son ami Victor fraîchement exilé de Roumanie. Ils avaient tous deux inventé un pays imaginaire pour lequel ils avaient créé une constitution, des lois et une langue... Il a su les convaincre de ne pas "s'exiler" en s'isolant du groupe. Je n'ai jamais oublié.
Lien : https://www.emmacollages.com..
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Roman aux voix plurielles, Madre piccola se construit tel une succession de témoignages ou d'entretiens des exilés de la diaspora somalienne. Leur donner la parole pour raconter l'exil, la rupture, la quête de soi ou d'un chez-soi avec la volonté de reconstituer ces parcours de vie, dessinant un territoire complexe (p.15) dans lequel chacun porte une césure et à laquelle l'auteure souhaite donner voix.

L'écriture est fluide, intime, explorant le panel d'émotions et sentiments de ceux qui ont été déracinés par la guerre civile, exilés aux quatre coins du monde, tentant de retrouver leur histoire et leur équilibre en les liant aux autres. « Nous sommes comme un collier de perles qui s'est brisé[…]. Les perles ont toutes rebondies dans des directions différentes » (p.18).
Au-delà de cette volonté de recomposer une histoire et de retrouver un sens à sa vie ailleurs, l'auteure interroge également le lien maternel dans toutes ses formes, les liens familiaux, les relations entre les hommes et les femmes, le métissage, la résilience, le pardon et l'espoir.
Un magnifique roman polyphonique sur la diaspora somalienne qui tente de se reconstruire.
L'occasion de rappeler à l'opinion publique un conflit qui dure maintenant depuis des décennies aux dépens de la population.

Lien : https://www.instagram.com/Ne..
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