Madame Banet n’avait aucune envie d’être envahie par des hordes
de journalistes et d’admirateurs en délire. Elle avait suffisamment de situations de crise à gérer. C’était une super-héroïne discrète et consciencieuse qui tenait à rester incognito.
Un petit ressort venait de jaillir dans son dos. En rouspétant, elle appuya dessus pour l’enfoncer dans le coussin. C’est alors qu’un sifflement très doux
retentit. Le sol trembla un peu, et une trappe s’ouvrit entre le canapé
et la table basse.
- Waouh ! s’écrièrent les enfants.
Devant eux, nimbée d’une lumière bleuâtre, une volée de marches s’enfonçait sous le parquet ciré.
Lola, dix ans, (1,52 mètre, 38 kilos), n’avait qu’un seul défaut, mais il la complexait beaucoup : depuis quelques mois, elle ne pouvait plus prononcer les « x ». Par exemple, elle disait « essiter » au lieu de « exciter », « essact » au lieu de « exact », etc.
Sinon, elle était impolie, boudeuse, manipulatrice, colérique et autoritaire. Des qualités indispensables à toute personne qui, comme elle, hésitait entre la future profession de dictatrice et celle de pharaonne.