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Critique de Stockard


De son enfance pauvre, violente et sous-éduquée dans le Sud Profond à ses engagements pour les femmes, les droits civiques et contre le racisme et les préjugés, il aura fallu du courage et de la détermination à Dorothy Allison pour devenir l'une des figures de proue du mouvement lesbien-féministe aux États-Unis.

Regroupant une série de conférences et d'articles publiés dans diverses revues orientées LGBT entre 1981 et 1994, Dorothy Allison signe avec Peau un réquisitoire contre tous les préjugés : homophobes, racistes, sexistes et sociaux.
Totalement sans filtre et franche du collier, proclamant sans détour sa qualité de lesbienne, ayant d'ailleurs orienté sa vie autour de cet axiome, défendant le droit à la pornographie, clamant que la monogamie n'est peut-être pas l'idéal d'un couple qui fonctionne, nous livrant dans la foulée la recette couturière d'un harnais fait maison, solide et élégant, revenant sur son enfance misérable et les abus répétés subis dans sa jeunesse (qu'on peut retrouver de façon plus approfondie dans L'histoire de Bone), etc... On le comprend, à travers des sujets divers et variés mais provoquant toujours des crises d'apoplexie chez les rats de sacristie, Dorothy Allison fait tomber toutes les idées reçues et se sent (enfin) fière de ce qu'elle s'est acharnée à devenir. On ne peut qu'être admiratif d'un tel je-m'en-foutisme face aux jugements bilieux et aux volées de bois vert que son attitude ne peut que malheureusement récolter.
Qu'importe, dans un langage parfois cru mais toujours authentique, elle nous donne à partager ses expériences de femme élevée dans le plus pur style white trash, de femme homosexuelle, de femme féministe et de femme militante et pro-sexe plaçant ce dernier au centre de tous les problèmes inhérents au féminisme et pointant le silence outré qui plane toujours sur ce sujet comme la principale arme de ceux qui tentent de museler la communauté lesbienne-féministe, prétendant ainsi qu'elle n'existe pas autant qu'on voudrait le faire croire parce que bon, c'est quand même pas trois ou quatre excitées du minou qui constituent un mouvement, non mais, manquerait plus que ça !

N'ayant pas d'avis tranché sur la pornographie, je m'en tape un peu en fait, j'aurais malgré tout du mal à ne pas y voir l'exploitation et la déshumanisation de la Femme utilisée et abusée (ah ben si, finalement, j'ai un peu un avis) et j'aurais bien aimé que Dorothy Allison en tant que féministe radicale fondatrice de la Lesbian Sex Mafia s'explique mieux quant à sa tolérance et son acceptation à ce sujet mais elle se contente malheureusement de proclamer à plusieurs reprises que la lesbienne est un être sexué comme un autre, ce que la société patriarcale préfère nier derrière des "elle n'a pas trouvé le bon", "ce n'est qu'une passade" et autre "mais qu'est-ce qu'elles peuvent bien foutre au pieu ?" (eh bien on se caresse les cheveux, pour paraphraser Océanerosemarie) et par là, nous raconter ses expériences personnelles. Très bien mais Dorothy Allison n'a jamais versé dans le porno, donc à moins d'avoir mal lu entre les lignes, je n'ai pas trouvé de réponse satisfaisante à cette interrogation.
Peut-être le seul bémol de ce livre finalement courageux (elle parle elle-même d'avoir dû surmonter sa peur à l'écriture de certains de ces pamphlets) et qui dresse un honnête portrait de l'hypocrisie et du rejet qui existent à l'intérieur même d'une des communautés les plus calomniées et agressées et dont on pourrait penser que la Solidarité est le maître mot, eh bah que dalle, ici comme ailleurs quand tu affirmes trop ta différence, tu n'es plus accepté·e. Sad but true.
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