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Critique de kielosa



Force et sensibilité sont, d'après le bimensuel américain Rolling Stone Magazine, les principales qualités de l'écrivaine argentine, Selva Almada. Avant d'entamer la lecture de son "Après l'orage", un critique littéraire conseille de tenir un verre d'eau froide près de sa portée, car la chaleur va vous assaillir sous différentes formes.

Je trouve un peu dommage que la beauté du titre en version originale "El viento que arrasa" - le vent qui saccage, détruit.. - n'a pas été respecté dans maintes langues : en Anglais c'est devenu "The Wind That Lays Waste" ; en Allemand "Sengender Wind" (de "sengen" ou brûler) et en ma langue tout simplement "Het onweer" ou L' orage.
Si j'étais l'auteure, je protesterais devant si peu d'effort d'imagination !

Selva Almada est née le 5 avril 1973 à Villa Elisa, 350 kilomètres au nord de Buenos Aires, et a fait des études de communication sociale et par la suite de littérature à l'université du Paraná, tout en faisant ses premiers essais en écriture. C'est cependant à Buenos Aires, avec l'appui du grand romancier Alberto Laiseca (1941-2016), qu'elle s'est vraiment lancée dans les lettres et a publié, en 2012, son début, qui fut proclamé "la novela del año" .
La dramaturge Beatriz Catani (qui était en 2018 de passage à Bruxelles ) et le compositeur et pianiste Luis Menacho en ont fait un opéra.

L'année suivante l'artiste nous a surpris avec "Sous la grande roue" et encore un an plus tard "Les jeunes mortes" (2014). En 2015, Selva Almada a publié un recueil de nouvelles, qui n'est malheureusement pas encore disponible en Français, "El desapego es una manera de querernos", que l'on pourrait traduire par 'L'indifférence est une façon de nous aimer". Ce recueil a été salué par la revue littéraire "Arcadia" comme "la grandeur des petites histoires" ('la grandeza de las historias pequeñas").

Depuis l'an 2000, Selva Almada vit dans la capitale argentine, mais fait de fréquentes visites à la Province du Chaco, au nord-est du pays, où plusieurs scènes de son oeuvre sont situées. C'est le cas de "Après l'orage".

Par une journée de chaleur épouvantable, justement au milieu de nulle part dans ce Chaco, la voiture du révérend père Pearson tombe en panne avec sa fille, Elena "Leni", une adolescente, à bord. le mécanicien au nom pittoresque de Gringo Bauer est bien disposé à réparer le véhicule, dès que le moteur a un peu refroidi, et assisté en cela de sa main droite, un jeune au nom encore plus folklorique de Tapioca.

Ce dernier a le même âge environ que Leni, 16 ans. Derrière ce qui était supposé être une station-service, se trouve une mini maisonnette en briques avec une fenêtre et une porte. Et devant, une petite table avec quelques chaises où père et fille peuvent attendre la réparation de l'automobile, en buvant un verre d'eau, le père, et la fille un cola.

Le révérend Pearson sillonne ce coin désolé du monde à la recherche de nouvelles âmes pour sa foi et profite de l'occasion de cette pause forcée pour essayer de convertir Tapioca, qui est naturellement plus intéressé par Leni, que par les Saintes Écritures.

Alors éclate un orage d'une violence à peine imaginable qui va mettre les nerfs à bout et exacerber les relations entre les 4 protagonistes. L'orage devient cependant rapidement le cinquième personnage du récit, spécialement le vent du titre de la version originale.

La précision avec laquelle l'auteure évoque cette situation est telle que l'on a l'impression de lire le scénario d'un film. Mais alors un scénario hautement littéraire, encore stimulé par une rare économie de mots.
Et personnellement, je trouve que cette économie de mots, rend la profondeur de la psychologie des personnages d'autant plus saisissante et c'est exactement là, je pense, que réside tout l'art de Selva Almada.
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