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sur 4753 notes
Le livre de Djaili Amadou Amal est une plongée sans concession dans l'univers de la polygamie et du mariage forcé, dont on ne sort indemne que parce que le voyage est littéraire. Les impatientes, celles qui le subissent et réussissent à y échapper, demeurent marquées leur vie entière dans leurs chairs et leurs âmes. Ce sont des coutumes et des pratiques d'un autre âge, qu'on ne peut plus tolérer et justifier sur la planète. La femme est un homme comme les autres, elle a le droit de choisir son destin, quand et avec qui, elle se marie, partage sa couche, cohabite, élève ses enfants. Elle n'est pas une marchandise que l'on vend, troque, cède, quel qu'en soit le motif, familial, tribal, ancestral.
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« Patience, mes filles ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie ».
Telle est la litanie que l'on enfonce dans le crâne des jeunes filles sur le point d'être mariées (et pas « sur le point de se marier », nuance), puis des femmes mariées chaque fois que leur mari prend une nouvelle épouse.
Bienvenue dans les riches familles peules et musulmanes du nord du Cameroun, où les femmes, une fois mariées, sont cloîtrées chez elles, bonnes à faire le ménage et des enfants. Dans ce roman qui sent le vécu, trois destins (inéluctablement tragiques) de femmes s'entrecroisent : Ramla, 17 ans, mariée de force à un client de son père, plus âgé et surtout plus riche que le jeune homme qu'elle aimait et qu'elle aurait dû épouser sans cet « arrangement commercial » conclu par son père. Sa cousine Hindou, même âge, est également mariée à un cousin, violent et accro aux drogues et à l'alcool. Quant à Safira, la trentaine, elle doit « accueillir » la deuxième épouse de son mari, qui n'est autre que Ramla.
Chaque partie du roman donne la parole à l'une d'elles, une parole remplie tour à tour de colère, de désespoir, de tristesse, de découragement, de jalousie, de haine. Mais une parole assourdie, presque silencieuse puisque inexprimable, inaudible dans cette société clanique ultra-patriarcale où les femmes n'ont jamais voix au chapitre et sont privées de toute liberté personnelle. Une parole donc vaine et d'autant plus désespérée, que seuls les lecteurs entendront. Une parole lourde et pesante, tant ces femmes subissent des horreurs physiques et psychiques, de la part de leurs maris mais aussi de leur entourage, y compris leur propre mère : viol conjugal, coups, polygamie, violence verbale, dénigrement, chantage affectif, pressions, menaces de répudiation au moindre faux pas, lequel peut en outre se répercuter sur les autres membres vulnérables de la famille (mère âgée, soeurs plus jeunes,...).
La partie consacrée à Ramla décrit la période précédant son mariage et la mécanique perfide mise en oeuvre pour la « convaincre » d'épouser l'homme choisi pour elle. Celle centrée sur Hindou raconte le calvaire enduré pendant son mariage, et celle concernant Safira montre les moyens que celle-ci utilise pour se débarrasser à tout prix de Ramla, la nouvelle épouse et rivale, plus jeune et plus belle.
Ce que subissent ces femmes et ces jeunes filles est tout bonnement épouvantable, horrible, à la limite du soutenable. Et au milieu de cet enfer sur Terre, le plus interpellant, le plus consternant, le plus incompréhensible, c'est de voir comment les femmes contribuent largement à perpétuer cette spirale morbide, d'observer comment elles se déchirent, hypocrites et égoïstes, et comment elles écrasent la moindre tentative de rébellion. J'imagine que cette absence de solidarité et de bienveillance est due à l'emprise exercée par la communauté, la tradition, les hommes.
« Les impatientes » (quelle ironie dans ce titre) est un roman qui se dévore (malgré le sujet), grâce à son écriture simple, fluide, percutante, impitoyable, qui met en colère, révolte et désespère.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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An nord du Cameroun, dans les familles aisées peules et musulmanes, la patience "Munyal" est le mot majeur imposé aux filles par le père dont le but est d'amener vierges au mariage toutes ses filles nées de toutes ses femmes.
La polygamie est permise bien que la monogamie existe.
Dans ce récit choral, on croise trois femmes soumises à la polygamie et aux lois d'obéissance à leur mari, à leur religion.
- Ramla, 17 ans, obtient son bac et espère continuer ses études, se marier avec son amoureux.
Son père va en décider autrement.
- Hindu, sa demi-soeur a beau supplier. Elle doit se marier à son cousin, un homme brutal, drogué qui la bat et la viole. Elle ne reçoit aucune aide.
- Safira, la première épouse du mari de Ramla se montre jalouse et ne pense qu'à faire répudier Ramla car en plus, les épouses se font chasser pour un rien.
Le récit veut nous montrer que les trois femmes s'opposent à cette fameuse obéissance ou patience. Ce mot "Munyal". D'où le titre "Les impatientes", j'imagine.
L'auteure , née au nord du Cameroun a subi le sort de devoir se marier à 17 ans.
Elle a reçu Prix Orange du livre en Afrique en 2019, le Prix Goncourt des lycéens en France en 2020 et peut-être bien d'autres que j'ignore.
Elle est la voix de toutes les femmes à qui on enlève la liberté de choisir son destin et pas seulement dans ce pays.
Combien de femmes ne se font-elles pas ôter la vie car elles ne font pas le choix de leur famille musulmane rigoriste en France et aux alentours sans compter les nombreuses brutalités, les nombreux féminicides endurés par les femmes de nos pays. il ne se passe pas un jour sans que l'actualité ne mette à jour un de ces faits terribles.
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« Ce livre a été lu avec une très grande admiration pour l'auteure. Pour nous, la liberté est une devise héritée de notre histoire ; pour elle, ça a été une révolte et une conquête obtenue contre son histoire, avec l'extrême force de caractère que cela suppose. Couronner son livre honorerait le prix Goncourt. » Merci à 20 minutes, qui a publié ma chronique sur Les impatientes, de Djaïli Amadou Amal en précisant qu'il avait « une bonne carte à jouer ».⠀
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Carrément ! Car c'est peu dire que j'ai adoré ce livre. Il va droit au but, et on le lit avec le coeur au bord des lèvres. Il est inspiré de la vie de son auteure, sans en être le récit. Il suit trois femmes qui subissent un mariage forcé, comme elle, et trouvent trois façons de le supporter. Son destin personnel ouvre une quatrième voie : celle du témoignage, de l'écriture, et du militantisme.⠀
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Son livre est un livre brûlant, qu'on lit au bord des larmes, qui donne envie de faire la révolution, qui oblige à se demander où on en est avec les vrais problèmes qui existaient avant que notre quotidien vire au café du commerce épidémiologique (et qui n'ont pas disparu !), avant que les débats à la machine à café deviennent des conversations avec un écran, du temps où on sortait dans la rue, où on acceptait de parler à des gens présents en 3D, où on prenait les transports en commun en ne pensant pas seulement « transports », mais aussi « communs ». Qui oblige à se demander ce que nous voulons pour notre avenir ensemble : un monde qui exclut ? Un monde qui se replie ? Ou un monde qui éduque, qui réfléchit, qui accepte de changer ?
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Le titre « Les impatientes » n'est pas le titre originel. le livre a d'abord été publié en Afrique sous le titre « Munyal ». C'est un mot qui y revient tout le temps, et signifie « patience », parce que la patience, c'est tout ce que la société peul propose aux femmes en attendant la mort. C'est très symbolique et très puissant d'avoir choisi de rééditer le livre en choisissant le titre contraire : l'impatience plutôt que la patience, l'impatience en attendant la vie plutôt que la patience en attendant la mort.
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C'est la première fois de ma vie que j'ai vraiment hâte de savoir à qui ira le Goncourt... J'ai lu les quatre finalistes, et vous avez déjà compris à qui va ma préférence. Et la vôtre ?
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Munyal est le premier et le dernier mot de ce livre : munyal est un mot peul intraduisible qui désigne la patience que l'on demande aux femmes d'avoir, pour attendre que la solution s'améliore, espérer, comme si l'espoir pouvait suffire pour vivre. Cette patience imbécile de leur premier jusqu'à leur dernier souffle, elles la boiront jusqu'à la lie …
Ramla, Hindou et Safira, 3 jeunes femmes Camerounaises vont se confier à nous dans ce récit choral. Elles sont, comme tant d'autres au Cameroun soumises à la loi des hommes. Elles sont asservies, esclaves ; aucun droit à disposer de leur vie ni de leur corps ne leur est reconnu.
Ces pères, maris, oncles, frères ont droit de vie ou de mort sur elles, peuvent violer, insulter, battre, répudier, humilier, la liste est sans fin ... C'est le coeur serré qu'on lit cette litanie de souffrances et de douleurs dans ces milieux polygames, et dans lesquels les coépouses sont les pires ennemies, et participent finalement à leur propre aliénation.
Ce livre relève pour moi du témoignage plus que du roman, Djaïli Amadou Amal ayant en bonne partie vécu les horreurs subies par les trois héroïnes. C'est une pierre importante à l'édifice de la cause des droits des femmes en Afrique et un appel à leur émancipation par l'éducation, seule capable de leur permettre d'accéder à un travail et à l'autonomie.
Pas d'effet de style, ni d'envolées lyriques. Les dialogues, les situations, sont volontairement dits simplement, sans fioritures, pour rendre accessible au plus grand nombre possible, ce récit qui a eu un grand retentissement lors de sa publication en Afrique. Durs et efficaces, les mots résonnent en moi encore plusieurs jours après avoir refermé ce livre.
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C'est un roman terrible sur la condition des femmes au sahel.
Il est question de polygamie, de violence, de viol conjugal et de complicité de tous.
Il faut être patiente parait-il ; baisser la tête et serrer les dents.
A travers l'histoire de 3 femmes, 2 jeunes filles mariées de force et une coépouse, Djaïli Amadou Amal dénonce sans compromission, sans trouver d'excuse, sans se cacher derrière les traditions.
C'est violent car, de fiction, cela n'en n'a que le nom.
L'écriture est fluide, simple et percutante.
Un roman courageux à l'image du parcours de son auteure.
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Munyal, munyal - patience, patience, c'est ce qui est constamment répété aux femmes musulmanes. Ce devrait être un jour de joie pour Ramla et Hindou, deux demi-soeurs, qui se marient, la première avec un riche homme d'affaires cinquantenaire et l'autre avec un cousin...Mais les deux jeunes filles de quinze ans n'ont cessé de lutter contre la décision patriarcale. Ramla, instruite, souhaitait épouser un étudiant prometteur et a essayé par la raison d'infléchir le choix de son père, sans succès, elle sera donc coépouse et devra se placer sous la protection de Safira, première épouse. Quant à Hindou, elle redoute la violence et l'oisiveté de ce cousin connu pour se droguer et incapable de garder un travail. Deux destins malheureux, auxquels s'ajoute celui de Safira, la premier épouse qui se voit imposer une jeune rivale jeune et belle, qu'il faut guider et dont il faut se faire une alliée malgré la rancoeur d'être écartée du lit conjugal.

Les impatientes ce sont trois femmes qui se révoltent face aux destins conditionnés par la tradition et la religion, qui imposent aux femmes d'accepter les décisions, de courber l'échine sur les refus, les vexations ou les situations qui font souffrir quand elles sont imposées comme la presence d'une deuxième ou troisième épouse, accepter de se sacrifier pour que le mari ne soit jamais importuner par des disputes ou des jalousies typiquement féminines et qui ne font que déranger sa quiétude, accepter les taches les plus ingrates imposées par la belle famille...
Djaïli Amadou Amal dénonce avec les impatientes les conditions de vie de femmes du Nord Cameroun, encore soumises au choix patriarcal, un carcan qu'il est impossible de contrer au risque d'être complètement exclue et désavouée par sa propre famille. Un modèle de vie imposé au détriment de l'épanouissement personnel, une notion qui n'est pas prise en compte dans certaines civilisations ou religions.
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Prix Goncourt des lycéens.
Bon choix, comme souvent
L'histoire se passe au Nord Cameroun chez les Peuls
C'est l'histoire de 3 femmes qui vivent dans un milieu entièrement dominé par les hommes
Mariage forcé, polygamie, violence conjugale , tout cela fait partie du quotidien normal. Quand elles posent des questions, une seule réponse :patience
Mais trop c'est trop, elles vont devenir des impatientes
C'est un vibrant plaidoyer pour dénoncer le statut des femmes en Afrique Subsaharienne et, ajoute Djaïli Amadou Amal , ce n'est pas une question de religion

Un livre facile à lire, bien écrit,qui plaira aux jeunes bien sûr mais aussi à tous ceux et celles qui ne peuvent pas rester indifférents devant tant d'injustice
Je pense que ce livre sera un des grands succès de l'année car il parle à tout le monde
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Le Prix Goncourt des lycéens nous réserve toujours de belles surprises. Et une fois encore, nos jeunes lecteurs ne se sont pas trompés sur la qualité de l'oeuvre qu'ils ont choisie.
« Les impatientes » nous conte l'histoire terrible de trois femmes, Ramla, Hindou et Safira, épouses peules et musulmanes au Cameroun, dont les destins s'entremêlent.
La première, Ramla, 17 ans et instruite, rêve de devenir pharmacienne et d'être une femme autonome. Arrivée en âge de se marier, elle pense qu'elle peut réaliser son rêve en épousant Aminou, jeune étudiant. Malheureusement, sa famille en a décidé autrement et préfère la donner en mariage à un homme riche et influent. Cet homme, c'est le mari de Safira, 35 ans, qui voit d'un très mauvais oeil arriver cette nouvelle épouse qui vient lui voler son mari. Hindou, 15 ans, est la soeur de Ramla. Elle doit épouser Moubarak, son cousin, qui ne tarde pas à la violer et à la battre.
Mais « munyal », femmes, « munyal »…

« Munyal », qui signifie endurance en langue peule, est la litanie que l'on répète aux femmes peules et musulmanes tout au long de leur vie d'épouse. Tolérance, persévérance mais aussi résignation, étouffement, absence de liberté et de prise d'initiative… Larmes pour finir. Djaïli Amadou Amal, conteuse connue en Afrique, est une auteure peule et musulmane née dans l'extrême nord du Cameroun. Elle s'inspire dans « Les impatientes » (dont le premier titre était justement « Munyal, les larmes de la patience ») de son propre vécu pour dénoncer la situation des femmes dans son pays.
En faisant de Ramla, Hindou et Safira les narratrices successives d'histoires qui se répondent et s'avèrent, en fait, sensiblement les mêmes , elle dévoile la détresse de ces femmes totalement inféodées à leur père, oncle, mari… Au mieux, elles sont emprisonnées et désoeuvrées dans des cages dorées ; au pire, elles subissent une violence physique et psychologique terribles, sans espoir de soutien, le système patriarcal et des coutumes totalement dépassées offrant une protection totale aux époux.
Le lecteur est immergé dans un microcosme étouffant et angoissant, chaque journée se ressemble et le temps est rythmé selon des coutumes établies au service du mari. Aucune alternative n'est possible pour ces épouses, pas même la fuite. La relation qui les lie à leurs mères, elles-mêmes victimes avant leurs filles de ce système, fait que toute rébellion entraînerait des effets corollaires qui s'enclencheraient derechef sur la mère concernée.
« Les impatientes », au style fluide et rythmé, est un roman dur, avec des scènes évoquant une violence parfois difficilement supportable. Mais c'est un roman nécessaire, urgent, qui vise à mettre à bas des pratiques qui ne devraient plus exister depuis longtemps.

Heureuse que ce roman ait été désigné par les lycéens pour le Prix Goncourt 2020. Et heureuse de découvrir une auteure comme Djaïli Amadou Amal.
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Ramia, Safira, Hindou, trois femmes au coeur de Sahel. Trois histoires dramatiques de vies bouleversées par la violence qui leur est faite.
Histoires poignantes et exigeantes, car elles brassent un bon nombre de thématiques tabous, comme le mariage forcé, la polygamie mais aussi le viol conjugal.
Récit d'autant plus sensible qu'il est en partie autobiographique, Djaïli Amadou Amal ayant elle aussi, été mariée de force à 17 ans. C'est sa fuite et sa survie qui l'ont amenée à écrire.
Les lycéens ont couronné l'un des textes les plus émouvants de cette rentrée littéraire 2020.
« Les impatientes » est un roman dur, fort, empreint d'une beauté profondément triste comme celle de toutes ces femmes, privées de leur propre vie.
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