La routine, c'est le cancer de l'amour.
(...) Alzheimer ressemblait à une double peine ; un deuil qu'il fallait se préparer à vivre par deux fois. La maladie, disait-elle, vous retire d'abord tout ce qui fait d'une personne qu'elle est unique à vos yeux. En lui volant sa mémoire, elle brise cette douce complicité qui vous unit, parce que l'amour repose toujours sur une passerelle invisible, une passerelle édifiée par les souvenirs. Elle dépouille alors le cœur du malade de tous ces instants magiques pour ne laisser aux yeux des proches qu'une enveloppe vide (...) Après avoir grignoté l'esprit avec perversité, elle vend le corps comme un vulgaire morceau de viande à son amie la faucheuse.
(...) ce n'était plus des larmes de tristesse, mais des larmes de souvenirs, celles qui font faner les yeux et fleurir le cœur. Croyez-moi, la différence est de taille...
Alors, elle choisit de faire confiance à cet homme qu’elle connaissait si peu, et après avoir dénudé son corps, elle décida de déshabiller son âme.
« Tout court auchi, maman » ! essaya-t-il d’articuler, la bouche encore pleine de céréales et de lait.
Cette façon de se dire je t’aime était la leur. Un jour, Fabrine lui avait expliqué qu’il n’existait aucun superlatif capable d’enjoliver, de grandir, ou d’encenser la locution « je t’aime », parce que celle-ci se suffisait à elle-même.
« Et je t’aime énormément ou très fort ? » lui avait demandé Skip, de sa petite voix.
« En amour, je t’aime très fort, c’est un peu comme je t’aime beaucoup. Pour les oreilles du cœur, ça sonne presque… presque comme une insulte ! Je t’aime, c’est infini, abyssal, insondable. Y ajouter beaucoup c’est donner une unité de mesure, un aboutissement, une fin… un mur sur lequel se heurte ton « je t’aime ». C’est un peu comme si tu me demandais, jusqu’où va mon amour pour toi ? Je ne pourrais pas le quantifier, c’est infini, tu comprends ? »
Skip avait semblé réfléchir à ce qu’elle venait de lui dire et la conversation s’était arrêtée là. Mais à partir de ce jour, leurs « je t’aime » avaient été remplacés par des « tout court », qui résumaient à eux seuls tous les superlatifs du monde.
Fabrine appuya sur le bouton de l’ascenseur.
En amour, je t'aime très fort, c'est un peu comme je t'aime beaucoup. Pour les oreilles du coeur, ça sonne presque... presque comme une insulte ! Je t'aime, c'est infini, abyssal, insondable.
C’est étrange les larmes, c’est un peu comme quelqu’un qui bâille et qui vous donne envie de bâiller, c’est contagieux, ou communicatif, je ne sais pas quel est le bon mot.
L'amour ne devrait jamais être sérieux...
"Les rêves étaient capricieux et l'on ne décidait jamais quels en seraient les invités"
Les rêves étaient capricieux et l'on ne décidait jamais quels en seraient les invités.