Le monstre du placard

« Marie, calme-toi et dis-moi pourquoi tu te fais autant de mal... Dis-moi ce que tu vois » soufflai-je en dernier.

Le trait de sa bouche se distordit et son regard s’éteignit. Max Harris aussi me regardait ainsi quand je tentais de lui faire formuler ce qui le terrifiait. Ses yeux noirs me fixaient, pleins de reproches et de supplications. Or je n’avais plus la même faiblesse qu’il y a 35 ans.
Plus aucune culpabilité ne fragilisait ma détermination.

Toutes ces légendes convergeaient vers une même image : celle d'un monstre, écrasant la poitrine de sa victime, qu’il paralysait. Ce dénominateur commun pouvait être une coïncidence. Que la peur ait toujours le même visage ne me paraissait pas en être une.

Soudainement, elle se figea. Un calme mutin paralysa sa frêle carrure.

— Le démon sous le lit... Il veut vous détruire... Il m’a dit qu’il voulait vous détruire.