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Citations sur America, n°12 : L'Amérique aime-t-elle la guerre ? (11)

François Busnel : A quel moment avez-vous su que vous deviendrez romancière ?
Margaret Atwood : A l'âge de 16 ans. J'étais au lycée. Je me destinais à devenir scientifique, mais j'ai soudain été rattrapée par l'envie d'écrire. J'écrivais très mal, à vrai dire. Mais quand vous avez 16 ans, vous pensez que tout ce que vous écrivez est génial. J'ai fait un mauvais choix, à l'époque : au lieu de prendre des cours de dactylographie, qui m'auraient permis de taper à la machine et aujourd'hui d'écrire correctement et vite sur un clavier d'ordinateur, j'ai pris des cours d'économie ménagère, c'est à dire de couture et de cuisine. Donc, si vous voulez que je répare votre fermeture Éclair, je peux le faire, mais je ne sais toujours pas tapé un texte.
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[Tim O'Brien].

Je savais très bien ce à quoi je me risquais en partant au Viêtnam. J'avais manifesté contre la guerre quand j'étais à l'université, je savais que ce qui s'y passait là-bas était terrible. Mais j'ai été appelé sous les drapeaux juste après mon diplôme, et je n'arrivais pas à savoir quel choix était le bon : bien sûr, j'étais un opposant à cette guerre, mais je me sentais aussi des obligations envers mon pays. J'ai été lâche, incapable de dire : "Non, je n'irai pas." J'avais peur du ridicule dans ma ville natale, peur de l'embarras de mes parents, peur de la réputation qu'on me collerait. Alors j'ai fait le mauvais choix, et je suis parti au Viêtnam. A première vue, vous pourriez penser que c'était une décision courageuse que d'aller au combat, de devenir soldat - et d'ailleurs je suis devenu un bon soldat. Mais en mon for intérieur, j'étais dévasté par ma lâcheté. Cinquante ans plus tard, je dois toujours me coucher le soir et me réveiller avec la conscience de cette lâcheté, avec le regret de n'avoir pas su trouver la force intérieure de dire non à cette guerre que je savais être une erreur.
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François Busnel : La servante écarlate est donc un livre du XXIe siècle, même s'il a été écrit il y a trente cinq ans ?
Margaret Atwood : Vous devez vous souvenir que ce roman a été écrit à une époque où nous ne possédions ni téléphone portable, ni internet, ni ordinateur, ni tablette... Dans un monde où le café latte de Starbucks n'existait pas ! Je ne sais pas si les jeunes d'aujourd'hui peuvent imaginer à quoi ressemblait notre monde sans tout cela...
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Kurt Cobain fixe l'objectif, des traînées de larmes noires de mascara coulent sur sa barbe blonde.
Je me souviens du soulagement ressenti à l'écoute du deuxième album de Nirvana, Nevermind, ce sentiment d'avoir trouvé un grand frère à la douce virilité hésitante. Le 5 avril 1994, comme des milliers de gens, je me souviens de l'endroit où je me trouvais lorsque j'ai appris le suicide de Kurt Cobain.
Grunge signifie "dégueu". La musique de Nirvana, tout comme celle de Pearl Jam, n'avait pas pour vocation de distraire ceux qui l'écoutaient : elle était traversée d'une rage désillusionnée face à un futur auquel on ne savait comment échapper, ces sourires éteints des parents fatigués.
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Avec la guerre du Viêtnam, l'Amérique fait définitivement son deuil de l'aura qui avait entouré la Greatest Generation. Les combattants de la guerre de Corée avaient été ignorés, ceux de la guerre du Viêtnam sont traînés dans la boue, surtout au début des années 1970, après la découverte des exactions commises contre les civils vietnamiens, comme lors du massacre de My Lai, perpétré par les hommes de la Charlie Compagny le 16 mars 1968. Même si la ségrégation dans l'armée avait officiellement pris fin en 1948, le Viêtnam fut une expérience profondément inégalitaire. En termes raciaux, d'abord : les Afro-Américains, 10% de la population américaine, représentaient environ 20% des morts aux combats. En termes sociaux également : un jeune homme des quartiers pauvres de South Boston avait vingt fois plus de risques de mourir au Viêtnam qu'un ancien étudiant du MIT ou de Harvard. Près de 15 millions d'Américains furent exempté de service ou bénéficièrent de reports successifs lorsqu'ils étaient étudiants, mais encore fallait-il faire des études à plein temps : les étudiants de milieu modeste, qui devaient travailler à temps partiel pour financer leurs études, n'en bénéficiaient pas.
Sur les 27 millions d'hommes qui atteignent l'âge de 18 ans pendant la guerre du Viêtnam, entre 1964 et 1973, 10% seulement partent sur le terrain. Parler d'une "génération Viêtnam" est donc excessif, du moins en termes démographiques. Mais, pour ce qui est de la culture de l'époque, c'est autre chose : le pays tout entier fut marqué par les années de guerre.
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[Tim O'Brien].

La guerre est une expérience complexe à vivre. D'un côté, votre sang est chargé d'endorphines, votre corps soumis à des poussées d'adrénaline, de pure excitation face à la proximité de la mort. Et, dans le même temps, votre esprit ne cesse de vous dire que tout cela est mal. Votre regard est ébloui par le spectacle de la guerre, par la majesté du napalm, par la grandeur de ces flammes vermeilles après le passage d'un bombardier B-52. Mais votre cœur vous rappelle que ces bombes viennent de tomber sur un village à quelques kilomètres de là, tuant certainement des femmes et des enfants. La guerre fait de vous un homme, dans le sens où elle vous pousse à répéter des gestes que les hommes ont accomplis tout au long de leur histoire. Et elle tue l'homme en vous, en vous demandant de commettre des actes qui seraient jugés criminels en temps de paix, comme abattre un autre homme d'une balle dans la tête, par exemple, avec la bénédiction du gouvernement.
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Ne me dites pas qui a tué JFK, je ne veux pas le savoir. J'ai déjà écrit ce livre il y a des année de ça.
J. Ellroy.
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Nous nous sommes attaqués aux symptômes d'une maladie, pas à ses causes. Et nous avons éludé les questions difficiles que nous devrions nous poser :
-Pourquoi une des nations les plus riches au monde est-elle celle qui consomme le plus de drogue ? (p115)
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Margaret Atwood " Chaque régime répressif qui a fait les choses intelligemment s'est toujours allié une petite section de la population opprimée."
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"Né d'une guerre, le pays a connu moins de vingt années de paix dans toute son histoire. Même pour une nation relativement récente, cela semble peu. (p67)"
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