Vous semblez croire que, puisque vous ne parvenez pas à rationaliser cette expérience, cela la rend forcément irrationnelle. Mais ce n’est pas le cas. Nous ne reprochons pas aux mots de ne pas réussir à exprimer de nouvelles idées, nous en trouvons simplement de meilleurs.
elle se griffa le poignet jusqu'à ce que des sillons sanglants apparaissent.
Le passé proche, le présent, son monde et sa vie semblaient totalement flous. En revanche, l’endroit où elle était, qui elle était et ce qu’elle voyait lui apparaissait avec une clarté terrifiante.
La nature complote contre Haïti. Les gouvernements mondiaux et notre passé aussi.
Apparemment, la peur de la guerre était dans l’air et se propageait au moyen de son propre réseau sans fil : les gens.
Tu es jeune et impatiente. Je sais ce que c’est d’avoir ton âge, mais tu ne sais pas ce que c’est d’avoir le mien.
Les infirmières relevèrent la tête en entendant les petits bruits qu'emettait leur patient.
- Il parle dans son sommeil, dit l'une d'elles à voit basse.
- Je me demande à quoi il pense, murmura l'autre.
- Je parie qu'il regrette son geste.
- Peut-être qu'il explique comment il a réussi à embraser de l'huile de tournesol froide.
- Ne commence pas avec ça.
- Mais c'est impossible...
- silence ! Tu veux déclencher des accusations de magie noire ?
L'infirmière curieuse tint sa langue et poursuivit sa tâche en silence.
Arni était un synesthète. Chez lui, un sens en accompagnait toujours un autre. Il associait en particulier des couleurs à des odeurs ou à des sons. En primaire, les enfants l’appelaient « dingo » parce qu’il utilisait ses crayons pour illustrer ce qu’il sentait, entendait et goûtait. Ça lui permettait de produire de petites œuvres d’art rhapsodiques que personne ne comprenait mais qui faisaient réagir tout le monde. Sa mère lui avait toujours dit qu’il devrait devenir artiste.
Quand une célébrité se tue dans un accident de voiture, les gamins ont peur des voitures pendant un jour ou deux, parfois trois. Puisqu’on en parle, quand tu auras le temps, j’aimerais qu’on étudie la possibilité de créer des groupes de réflexion sur les paranoïas véhiculées par Internet et les réseaux sociaux.
Je travaille parfois en partenariat avec un lycée qui accueille des enfants de pays ravagés par la guerre. Ils ont vu des choses terribles avant que l’Amérique leur offre l’asile politique. Ils ont connu un traumatisme aussi intense que celui de votre fille, et cela peut prendre des mois, parfois même des années, avant qu’ils réapprennent à être des adolescents.