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Critique de Michel69004


C'est un texte terrible, une longue nouvelle plutôt qu'un véritable roman.
Il a obtenu le Prix Européens de la Littérature et son auteur est macédonien.
Retenez bien son nom (le prénom est rigolo) : Petar Andonovski

Il faut tout d'abord imaginer Gavdos, petite île au sud de la Crête. Pas la vraie Gavdos qui parait plutôt charmante, mais une île-prison impitoyable dont on s'échappe rarement et où on meurt beaucoup. Une île où les gens vivent oubliés.
Il y fait froid, c'est extrêmement venteux et tout concourt à l'étrangeté et parfois même à l'oppression.
Mais attention, attention : ce texte est très beau !
Nous allons nous intéresser au destin de deux femmes.
Oxana est une réfugiée ukrainienne. Réfugiée car ingénieure à Tchernobyl et donc contaminée. L'action se déroule quelques années après la catastrophe. Elle est venue avec Evguéni, qui est très malade, et avec Igor, le plus impétueux de ce trio maudit. Évidemment, personne ne leur parle.
Pinelopi est crétoise. C'est une orpheline qui a été recueillie dans un monastère de l'île. L'avenir est tracée : on devient religieuse ou bien on est promenée comme une bête de foire pour être vendue à un futur mari. le sien est une brute épaisse et alcoolique.
L'originalité du récit tient surtout aux rêveries que chacune distille à une amie disparue. Et cette singularité onirique va rapprocher les deux femmes et les sauver du désespoir.
Les autochtones sont franchement hostiles comme le pope ou le médecin qui fait de petits aller-retour depuis la Crête.
Et puis il y a Stella, la femme du gardien du phare, folle à hurler au bord des falaises.

Les barbares donc…On pense évidemment au chef d'oeuvre de Coetzee, En attendant les barbares. On pense à Sophocle bien sur. Et moi je pense beaucoup à Camus car la révolte semble imminente dans cette situation aussi absurde que consentie. C'est là où surgit l'étrange beauté de ce texte stylé et évanescent.
C'est là où surgit enfin la vie grâce à…mais on ne va pas spoiler !

Mais personne ne m'a répondu : qui sont ces barbares ? Vous, moi, eux, les hommes (les mâles) ?
Et si on décidait que le barbare c'est le lecteur lui-même !
Vous me direz, l'affaire est en cours.

Le texte est formidablement bien traduit.

Je dois cette expérience littéraire à @isacom. Qu'elle en soit vivement remerciée.

Gageons qu'on reparlera très vite de ce Petar dont c'est le premier roman. Ce sera (je sais, c'est facile mais trop tentant) alors un véritable feux d'artifice !!!
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