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Citations sur Le plus beau lundi de ma vie tomba un mardi (41)

Alors, cet enfant-là , avec ses jolies manières et ses belles paroles, était comme un sauveur dans un monde préapocalyptique inévitable, un remède aux zombis sans cervelle que la société préparait pour demain.
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Un donut au chocolat
Le garçon était assis en face du vieux. Il tenait à présent lui aussi un donut au chocolat dans la main, l’observait comme s’il n’en avait jamais vu de sa vie.
— C’est un donut kasher, dit Jacob. Tu sais ce que ça veut dire ?
— Non.
— Cela signifie qu’il est conforme aux prescriptions rituelles du judaïsme.
— Je ne comprends pas.
— C’est un donut sain et pur.
Et tout en disant cela, le vieux pensa qu’il était ridicule de dire d’un donut qu’il était sain et pur. Un donut, c’était la plus grosse cochonnerie qu’il pouvait y avoir sur la Terre.
— Je suis juif, je te l’ai déjà dit ?
L’enfant haussa les sourcils.
Le vieux sourit. Ses yeux rétrécirent, menaçant à tout moment de disparaître derrière les sillons de ses rides.
— Ce n’est pas une maladie. Et n’aie pas peur, ce n’est pas contagieux !
Le vieux repensa à la célèbre tirade de Shylock dans Le Marchand de Venise qu’il n’avait jamais oubliée. Étrange pour quelqu’un qui commençait à tout oublier. Un juif n’a-t-il pas des yeux ? Un juif n’a-t-il pas des mains, des organes, des dimensions, des sens, de l’affection, de la passion ; nourri avec la même nourriture, blessé par les mêmes armes, exposé aux mêmes maladies, soigné de la même façon, dans la chaleur et le froid du même hiver et du même été que les chrétiens ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas ?
— Tu es catholique, toi ?
— Oui. Parce que mon père est catholique. Il est d’origine italienne.
— C’est vrai, il fait des pizzas.
— Et les meilleures du monde !
— Eh bien, c’est un peu la même chose. Catholique, juif. On croit en quelque chose. Et ça nous rend meilleur, enfin, je pense. Si tu veux être président de tous les Américains, tu devrais t’intéresser à toutes les communautés qui forment notre pays. Les musulmans, les bouddhistes, et tout ça.
— Je m’informerai auprès de mon conseiller.
— Tu as un conseiller ?
— Oui, un conseiller en douze volumes, cela s’appelle une encyclopédie.
Ils éclatèrent de rire et Noah mordit dans le donut avec vigueur.
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Je n'ai jamais bien compris pourquoi les gens n'aiment pas les lundis. Je n'ai jamais aimé les jugements gratuits non plus, Faits à l'emporte-pièce. Les préjugés. On dit qu'il y a des jours qui valent moins que les autres, puis on dit qu'il y a des sous-hommes, des sous-races. On vilipende le lundi, puis on finit par vilipender les gens.
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Oui, je suis métis, oui, je suis différent. Mais si je ne me dis pas que je serai le premier président américain issu des minorités, alors je ne le deviendrai jamais, c'est sûr. Et, cela serait bien dommage, car j'aimerais mettre un grand coup de pied dans les préjugés et les conventions, montrer que quelque chose de différent est possible.
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Or, le lundi est le début de la semaine. C'est le moment où tout est encore possible, où tout reste à faire. La jeunesse de la semaine, dirais-je si j'étais poète. Et la jeunesse, Dieu ce qu'on la regrette quand on arrive à l'hiver de notre vie, vous verrez ça, et bien plus tôt que vous ne le pensez. Lorsqu'il n'y a plus rien à regarder devant, qu'il ne nous reste plus qu'à regarder au-dessus de notre épaule, tous ces souvenirs, tous ces regrets laissés derrière. Quand on est au lundi de notre vie, tout est à venir.
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- J’étais même en train de me dire que le jour où tu as sonné à ma porte, c’est peut-être le plus beau jour de ma vie.
- C’est gentil, dit Noah, mais je ne pense pas. Vous avez dû en avoir plein, des plus beaux jours de votre vie. J’imagine que le plus beau, c’est quand vous avez rencontré Hannah.
Jacob leva les yeux au ciel, réfléchit un instant.
- C’est vrai, tu as raison. Alors proclamons que c’était le plus beau lundi de ma vie. Ce lundi-là sera toujours à toi, mon garçon.
L’enfant eu l’air embarrassé.
- Jacob, nous nous sommes rencontrés un mardi.
Le vieux ouvrit les yeux en grand, sourit, se tapa le front du plat de la main.
- Mardi ? Alors disons que le plus beau lundi de ma vie tomba un mardi !
Il éclata de rire. Noah l’accompagna mais, au fond de lui, il trouvait cela bien triste. Parce que le vieux l’oublierait bientôt comme il oubliait aujourd’hui les jours.
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Depuis longtemps, Noah faisait croire à son père qu'il adorait les jeux vidéo afin que celui-ci continue de le menacer de l'en priver. Tant qu'il le privait de Nintendo en croyant que cela l'affectait, il ne le privait pas d'autres choses plus vitales pour lui, à savoir les livres, les journaux, les sorties, et la glace au chocolat et aux noisettes.
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Suffisait-il d'oublier une maladie pour qu'elle disparaisse ? Peut-être après tout. Penser à une maladie revenait à lui donner de l'importance. Et, c'était bien connu, il suffisait de donner de l'importance à quelqu'un pour qu'il grandisse, devienne fort. La maladie n'était pas différente, et, en l'oubliant, il l'avait humiliée, il l'avait tuée.
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Notre futur est un livre dont on écrit les pages chaque jour.
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Une porte
Août 1992
— Merci, dit Noah lorsque la gigantesque porte s’ouvrit devant lui, en employant le même mot qu’il avait prononcé lorsque la gigantesque porte de chacune des cinq maisons de l’allée auxquelles il avait frappé auparavant s’était ouverte.
Telle était la stratégie qu’il avait mise au point après avoir passé la journée précédente à se prendre des portes en bois, en métal, blindées, en verre, en grillage de cage à poules, de toutes sortes, en pleine figure à peine son « bonjour » prononcé. C’était une évidence, de par son âge, on le prenait pour un élève d’une école du coin et on s’attendait à ce qu’il sorte de derrière son dos un calendrier deux fois plus grand que lui ou un paquet de coupons de tombola multicolores, pour pouvoir payer à sa classe un voyage de fin d’année en Californie ou en Floride, et aller voir les dauphins, animaux que l’on apercevait rarement dans le coin, en plein cœur du Tennessee.
Enfin, cela, c’était dans le meilleur des cas. Car le petit garçon était noir, et dans ce quartier résidentiel, les gens n’avaient pas l’habitude de voir des petits garçons noirs sonner à leur porte. Et dans ce quartier, les gens n’étaient pas curieux de savoir si ce petit garçon noir sortirait de derrière son dos un calendrier deux fois plus grand que lui, des coupons de tombola ou un pistolet automatique pour les braquer. Dans ce quartier, on ne semblait guère aimer les tombolas, ni les calendriers, et encore moins les pistolets automatiques. Ou tout simplement les enfants qui se payaient des voyages de fin d’année en Californie ou en Floride avec l’argent d’une tombola à laquelle on ne gagnerait (si jamais l’on gagnait) qu’une brosse à dents électrique, un porte-clefs ou deux verres gratuits de cet infect punch que la directrice de l’école aurait sûrement concocté pour l’occasion, dans la bassine où elle avait l’habitude de prendre des bains de pieds ou de tremper ses varices.
Une étude des plus sérieuses a démontré que l’on se fait une idée des gens en quatre secondes et cinquante centièmes. Celle que l’on se faisait de ce petit garçon, malgré son costume et sa cravate, malgré ses cheveux bien peignés en boule et ses airs de bonne famille, ne devait pas être des meilleures, car c’était à peu près le temps que les gens mettaient à lui claquer la porte au nez. Quatre secondes et cinquante centièmes. Noah avait compté dans sa tête. Même si les centièmes de seconde, ce n’était pas très pratique à compter dans une tête de petit garçon. Quatre secondes et cinquante centièmes, c’était juste le temps de faire un beau sourire, juste le temps que les muscles zygomatiques majeurs et mineurs s’activent, et puis les gens refermaient amicalement cette maudite porte en accompagnant le geste de formules diverses, polies, mais toujours humiliantes. « Désolé mon garçon, mais je n’ai pas de monnaie », « Cela ne m’intéresse pas », « J’ai déjà donné ». On le refoulait comme un vulgaire marchand de tapis. Si seulement on lui avait laissé une petite chance de s’exprimer, il aurait pu expliquer qu’il ne voulait pas d’argent, qu’il ne voulait rien vendre. Il aurait pu expliquer que ce n’était pas lui qui avait besoin d’eux. Mais eux qui avaient besoin de lui. Car il allait bientôt devenir leur président. Le président des États-Unis.
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