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Critique de Foxfire


Je crois qu'il ne faut pas lire « le travail du furet » autrement que comme un hommage au roman noir américain (ainsi qu'au film noir américain). Si on se lance dans cette lecture avec l'envie d'être plongé dans une dystopie, on peut être déçu. « le travail du furet » est avant tout un exercice de style.

Imaginez un Philip Marlowe qui déambulerait dans le futur. Tout y est : même imper façon Bogart, même narration à la 1ère personne qui fait penser à une voix off, même regard désabusé sur le monde qui l'entoure, même carapace de cynisme froid qui cache une faille (une femme bien sûr)… L'exercice de style est brillant. Andrevon écrit bien et sa plume est parfaite dans le registre du noir. Il a une verve, un sens de la formule et un rythme qui donnent au récit une allure de roman noir trash très réussi.
Andrevon a également un talent certain pour instaurer une ambiance sombre et délétère. Sa peinture d'un futur glauque qui prend la forme d'un totalitarisme paisible s'appuyant sur la passivité et la déliquescence intellectuelle des masses est saisissante. Les déambulations du héros dans les quartiers pauvres sont des passages particulièrement immersifs.

Malgré ces évidentes qualités littéraires, je ne suis pas emballée par ce roman. J'ai vraiment apprécié l'hommage au roman et au film noir, d'autant plus que j'affectionne particulièrement ces registres dans leurs médiums respectifs, j'ai admiré l'exercice de style mais il m'a manqué quelque chose. J'ai eu l'impression que ce roman ne racontait rien. Je ne dis pas qu'une intrigue solide est indispensable pour faire un bon roman, j'ai déjà lu de bons romans qui n'avaient pas vraiment d'arc narratif. Mais ici, j'ai eu le sentiment que non seulement le livre ne racontait pas une histoire mais qu'il ne racontait pas non plus un personnage. On a beau être dans les pas de ce type tout au long du roman, il ne m'a pas semblé prendre véritablement corps. Il est resté une sorte de figure de style impersonnelle, une coquille vide. Ni histoire, ni personnage, ni véritable propos non plus. Ce futur dystopique ne m'a paru être qu'un prétexte à l'exercice de style, n'être là que pour donner de la matière aux bons mots du héros. L'absence d'intrigue, d'un personnage suscitant un minimum d'empathie, d'un vrai discours politique, tout ça donne au roman un côté très froid, on ne ressent aucune émotion à la lecture. On ne s'ennuie jamais mais on ne vibre pas.

« le travail du furet » m'est vraiment apparu comme un remarquable exercice de style, beau mais finalement vain. Ce roman m'a donné l'occasion de lire pour la première fois cet auteur. Et si je n'ai pas été vraiment séduite par « le travail du furet », le talent d'Andrevon ne m'a pas échappé et il ne fait aucun doute que je lirai d'autres de ses romans.
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