Attendre, c'est pourtant le premier geste de l'amour.
Les gens sont drôles : ils aiment les nombres ronds, vingt ans, cinquante ans, cent ans... Moi, j'aime autant les nombres tordus.
Il est fort dommage qu'on ne puisse torturer un mort !
Je constatais en moi-même que ce tu est un étrange mot, puisqu'il peut exprimer alternativement l'affection, la haine, le mépris. Tu...: étape délicieuse dans l'escalade de l'amour ; moment où l'on passe du faux pluriel au singulier irremplaçable, charmantes bévues où les pronoms se font des crocs-en-jambe, dénonciations au public qui soupçonnait, mais ne savait pas encore. Tu... : pronom de la police envers le malfaiteur possible, plus lourd que les menottes. Terme de canaille complicité entre la prostituée et son chaland : mot de passe. Pronom colonialiste à l'usage de tous ceux qui ont la peau plus foncée que vous. Et en bas, tout au fond de l'échelle, le tu automobiliste, comble du dédain : "Pas possible ! T'as trouvé ton permis dans une pochette-surprise !"
Personnellement, je ne crois plus guère au Père Noël, sauf pour de courtes périodes au moment des élections. (L'année eugénique)
L'automne [...] le matin, autour des balayeurs stupéfaits, gisent les cadavres de cent mille feuilles sacrifiées durant la nuit. Les vignes vierges frisent l'apoplexie. Les cerisiers pleurent des larmes de sang. (La lièvre)