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Critique de Laureneb


Pièce lue juste avant le Bal des Voleurs, qui me laisse la même impression. Ce n'est pas une grande pièce d'Anouilh, c'est une pièce qui commence comme un vaudeville de boulevard, mais avec des touches tragiques.
Pourtant, le sujet n'a rien de comique au départ : un Poilu de la Grande Guerre a perdu la mémoire, est à l'asile depuis plus de dix anse car il a perdu tous ses souvenirs et son identité. Mais cela devient comique, avec la Duchesse, une riche mécène qui cherche la famille de Gaston, ne concevant pas qu'il soit originaire du peuple mais voulant le "caser" auprès de bons bourgeois. Elle est ridicule par ses exagérations, par ses préjugés. le comique est d'abord apporté par les bavardages des domestiques à l'office qui espionnent par le trou des serrures, ils commentent tout et ils savent tout de la vie des maîtres - on dirait Dowton Abbey ! Il y a un côté lutte des classes en tout cas. Et l'arrivée de Gaston est l'occasion de nombreux quiproquos dignes d'un vaudeville - j'aurais d'ailleurs aimé que la rivalité entre les familles adoptantes soient plus creusées, que la famille d'ouvriers et celle des grands bourgeois se déchirent pour se faire reconnaître de leur prétendu fils.
Mais la présence de Gaston va réveiller les rancoeurs, soulever les secrets de famille, et c'est là que certaines scènes ont un écho tragique. Il s'aperçoit ainsi qu'il était égoïste, cruel, rancunier, violent, coupable de l'accident de son meilleur ami, fâché avec son frère, ne parlant plus à sa mère... Oui, il ne veut pas redevenir celui qui l'était. Et, surtout, cette famille veut-il vraiment qu'il revienne, ou veut-elle toucher sa pension et ses indemnités ? Quant l'argent se mêle aux sentiments, rien ne peut plus apparaître comme authentique. C'est sûrement la petite Juliette, la bonne, celle qu'il l'aime le plus et voudrait vraiment son retour : il a été "son premier", même si on comprend qu'en tant que maître il l'avait violée.
Gaston voudrait donc rester humble jardinier que chacun apprécie à l'asile, plutôt qu'endosser les habits de celui qu'il ne reconnaît plus avec le poids de ses fautes et de ses bassesses humaines. Voudrait-on disparaître si on pouvait ainsi échapper à son passé ? Oui, la question posée implicitement est lourde.
La lumière va venir d'un enfant, d'un petit enfant, qui incarne l'innocence, le futur non le passé.
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