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Critique de Lermitelecteur


J'ai découvert le nom d'Aharon Applefeld par l'intermédiaire de l'excellent livre de Philip Roth "Opération Shylock : une confession" où le narrateur dépressif se rend en Israël pour interviewer le grand écrivain de langue hébraïque.
Et la langue est justement un des thèmes majeurs de cette fiction en partie autobiographique : l'apprentissage mais aussi l'imprégnation à l'hébreu en recopiant inlassablement des textes bibliques apporte progressivement au jeune narrateur Erwin (renommé Aharon à son arrivée en Palestine mandatée) une rédemption et une renaissance finale dans l'écriture. Aharon Applefeld évoque d'ailleurs son identification au jeune héros : « Comme Erwin, j'ai compris que je ne pourrais jamais plus communiquer avec mes ancêtres dans ma langue maternelle devenue celle des assassins. C'est pourquoi je me suis lancé dans l'hébreu. Chaque jour, je recopiais un passage de la Bible. Ce fut non pas un apprentissage grammatical ou intellectuel, mais la lente construction d'un lien intime passant par la musique et la couleur des mots. »
Ce roman permet aussi d'appréhender un épisode historique en arrière fond, l'exode en Palestine, l'enrôlement des jeunes rescapés de la Shoah dans les forces paramilitaires sionistes, la guerre d'indépendance de l'Etat d'Israël, les multiples difficultés d'intégration des émigrés d'Europe orientale, rescapés de la Shoah, dans un Etat en construction et qui veut faire table rase du passé traumatique…
La Shoah, elle n'est jamais abordée directement dans le récit : le sujet est plus le passage d'un monde à un autre, un travail de deuil progressif qui se fait dans le refuge dans le sommeil. Erwin y dialogue avec ses parents et toute sa famille disparus, il y revit des scènes de son enfance dans sa Bucovine natale dans un contexte parfois d'étrangeté et d'angoisse ou parfois de bonheur perdu. Avec une espérance finale, une fois que le processus du deuil s'achève : la renaissance possible par l'intermédiaire de l'écriture dans une langue neuve (bien que très ancienne).
Pourtant, malgré la richesse des thèmes abordés et des multiples questionnements que ce livre aborde, je reste un peu sur ma faim. Difficile d'expliquer pourquoi. Cela tient peut-être à une deuxième partie du roman un peu répétitive sur les processus de reconstructions physique et psychique du jeune héros narrateur. Cette lenteur, probablement voulue par l'auteur, est sûrement responsable du bémol dans mon impression globale, impression qui reste malgré tout très favorable.
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