AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dixie39


Ce livre est magistral, essentiel, époustouflant, de par sa rigueur, ses sources, sa fluidité d'écriture et son découpage (thème par thème) qui offre une lecture "facile" pour un essai de cette ampleur.

Après l'avoir refermé, vous saurez tout (ou presque) des Goulags. Mais vous aurez surtout touché l'essentiel, l'utilité d'un tel travail de recherche :

"Ce livre n'a pas été écrit "pour qu'on ne voie plus jamais ça", suivant la formule consacrée. Il a été écrit parce que, très certainement, cela se reproduira. Les philosophies totalitaires ont eu, et continueront d'exercer, un attrait profond sur des millions et des millions de gens. La destruction de l'"ennemi objectif", comme dit un jour Hannah Arendt, reste l'objectif fondamental de nombreuses dictatures. Il nous faut savoir pourquoi et chaque histoire, chaque mémoire, chaque document de l'histoire du Goulag est une pièce du puzzle, un élément de l'explication. Sans cela nous nous réveillerons un jour pour nous apercevoir que nous ne savons pas qui nous sommes."

A l'heure où les extrêmes politiques, qui ne cachent plus leurs idéaux totalitaires, décrochent dans tous les pays, des scores électoraux à faire pâlir d'envie plus d'un parti démocrate, où l'on a oublié les raisons de la Guerre Froide et où l'on est en droit de s'interroger sur la prédominance mondiale de certains pays comme la Russie, la Chine, ou d'autres encore, il est utile, voire même vital, de comprendre le Goulag, comme "marqueur" d'un système.

J'ai appris énormément à la lecture de ce livre, car, si on y réfléchit bien, des essais comme celui-ci, il n'y en a pas tant. Beaucoup de sources, documents, témoignages sont encore inaccessibles. Les chercheurs russes autant que les autres, se heurtent à cette volonté d'oubli qu'Anne Applebaum explique très bien : de l'envie légitime de "tourner la page" d'un peuple qui a vécu tant de drames, à la confiscation du débat public par les puissants qui tous de près ou de loin récoltent encore les avantages de ces années de terreur.

"En dehors du bref "procès", peu concluant, du parti communiste, jamais la Russie ne s'est donnée la possibilité de dire publiquement la vérité, jamais il n'y a eu d'audition au parlement ni d'enquêtes officielles, sous quelque forme que ce soit, sur les meurtres et massacres des camps en URSS."

Ce manque a des conséquences sur la formation de la société civile russe et le développement de l'Etat de droit.

"En un sens très profond, l'idéologie du Goulag survit aussi en partie dans les attitudes et la vision du monde de la nouvelle élite russe (...) La vieille division stalinienne entre les catégories d'humanité, entre la toute puissante élite et les "ennemis" qui ne valent rien, perdure dans l'arrogant mépris des nouvelles élites russes pour leurs concitoyens. A moins que cette élite ne comprenne sans tarder la valeur et l'importance de tous les citoyens russes, et n'en respecte les droits civils et humains, la Russie est finalement vouée à devenir le Zaïre du Nord, un pays peuplé de paysans appauvris et de politiciens milliardaires qui gardent leurs actifs dans les caves d'une banque suisse et leur jet privé sur des pistes d'envol, toujours prêt à décoller."
Lien : http://page39.eklablog.com/g..
Commenter  J’apprécie          384



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}