Aucun être humain ne pourrait aller plus loin. Ce n’était pas une terre lointaine, mais un endroit à part, hors de toute réalité, isolé.
Il n’y avait plus rien de normal. La normalité est un concept du monde réel.
Ici, le concept-clé, c’était « magie ». Pas dans le genre « Ah, la magie du clair de lune ! » Magie dans le sens où la relation de cause à effet ne reliait pas toujours une cause à un effet. Le genre de magie qui invalide tous les savoirs humains, qui annule dix mille ans d’expérience humaine.
En général, ici, tout est soumis à la pesanteur. Mais pas toujours.
Une chose est parfaitement impossible : on ne peut pas allumer ou éteindre la pesanteur comme on veut, ou sinon ce ne serait plus la pesanteur. Si la pesanteur fonctionnait par intermittence, allait et venait, il y aurait des trucs qui volent, alors qu’ils ne devraient pas voler.
Il a battu des ailes et s’est élevé dans sa petite tornade perso puis, tout à coup, il a piqué traîtreusement sur les chevaliers.
Galaad (Galaad! Le fameux Galaad?) s’est baissé et le dragon a rasé nos têtes. Mais en passant, sa queue de serpent m’a donné un coup sur la tête et je me suis écroulée contre le cheval de Galaad.
Un poing ganté de fer a agrippé prestement ma chemise tandis que le dragon s’éloignait dans la nuit.
Tout autour de moi tournait, tourbillonnait et s’assombrissait. Mes genoux pliaient sous mon poids mais le chevalier me maintenait debout d’une seule main.
Pour brûler, le feu a besoin d’air; où trouver de l’air dans un ventre de dragon ? Comment voulez-vous que je comprenne quoi que ce soit quand une bête lourde comme un éléphant, avec des flammes qui jaillissent entre ses dents carnivores, se met à voler dans les airs ?
Là, moi, j’avais pris racine, oui, vraiment. Comme si mes orteils s’étaient enfoncés dans le sol pour trouver de l’eau. Et maintenant je ne pouvais plus les bouger parce qu’ils étaient pris dans la terre. Ou dans ce qui tenait lieu de terre dans ce monde atroce.
Mais sa voix n’était qu’un petit cri étouffé, perdu dans le vacarme ambiant, les hurlements du vent, le souffle mugissant des ailes de cuir, le crépitement des sous-bois dévorés par les flammes.
Le dragon décrivait des cercles serrés au-dessus de la clairière, une tornade vivante, volant comme un oiseau de proie, un aigle dans une peau vert-jaune, avec des serres qui auraient pu emporter un enfant, un homme, un cheval... qui sait, puisque la pesanteur n’était plus rien?
En librairie le 23 mai 2019
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