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Critique de Nastasia-B


Lysistrata est une comédie antique, certes, mais c'est aussi et surtout un manifeste politique, quelque peu désespéré du dramaturge Aristophane pour réclamer l'arrêt des hostilités intestines et désastreuses qui déchiraient la Grèce de son temps. À ce propos, on peut évidemment se reporter à l'HIstoire de la Guerre du Péloponnèse de Thucydide.

(Il faut bien sûr s'imaginer tout autre chose que la Grèce « unie » que nous connaissons aujourd'hui. Comme bon nombre de territoires de par le monde, même avec une communauté de langue, de croyances et de culture, cela n'était pas suffisant pour obtenir une unité politique donc le territoire était constellé d'une mosaïque de cités-états qui se crêpaient le chignon constamment.)

Je ne sais pas s'il s'agit vraiment d'un compliment adressé aux femmes par Aristophane, je croirais même plutôt le contraire lorsqu'on lit à quel point il décrit la gent féminine comme bardée de défauts, et notamment assoiffée de sexe et de vin de Thasos — d'ailleurs peut-être plus assoiffée encore de vin que de sexe car les femmes prêtent serment sur ce qu'elles ont de plus sacré, une coupe de ce fameux vin ! — mais outre les diverses marques de misogynie flagrante qui émaillent le texte, il faut saluer la tentative d'un homme à rallier les partisans de la paix et à reconnaître aux femmes le rôle d'acteurs déterminants dans ce processus.

Le moyen imaginé par Aristophane a fait long feu et porte désormais le nom fort peu poétique de « grève du sexe » mais qui a le mérite d'être très explicite. Ce procédé est régulièrement utilisé à divers endroits du monde, récemment on l'a vu mis en application par les femmes togolaises fin août 2012 pour contraindre leurs maris à des changements politiques ou plus récemment encore en octobre 2014 au sud Soudan sous la houlette de Pricilla Nanyang.

Ici, c'est Lysistrata qui mène la fronde et qui parvient (tant bien que mal) à rallier les femmes des différentes communautés afin qu'elles fassent pression sur leurs époux et qu'ils signent entre eux la paix.

C'est l'occasion pour Aristophane de produire nombre de situations ou de répliques salaces pas forcément d'un goût excellent ni toujours très drôles mais dans l'ensemble, la pièce bénéficie d'une assez bonne efficacité et la simplicité du message cache en réalité plus qu'il n'y paraît, notamment sur la représentativité des femmes dans la vie politique et citoyenne, tout comme sur leur rôle économique ou démographique.

Tous comptes faits, par le biais de cette trouvaille, il y a beaucoup de dérision sur la question du sexe et même d'autodérision dans cette comédie que je vous recommande pourtant plus pour son caractère de critique sociale que pour la finesse de son propos ou un quelconque talent de formule, mais ceci n'est, bien évidemment que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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