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EAN : 9782253193098
121 pages
Le Livre de Poche (28/08/2002)
3.67/5   9 notes
Résumé :

Décidé, après dix ans de guerre, à exiger des dieux qu'ils renvoient sur terre la paix, un
paysan athénien, Trygée, monte au ciel, à cheval sur un bousier géant que nourrissaient ses esclaves. Mais les dieux ont déménagé, laissant Polémos (Guerre) maître des lieux, Polémos s'apprête à broyer la Grèce dans un énorme mortier et Paix, sa prisonnière, est enfermée dans une caverne.

Trygée appelle à l'aide tous les peuples de la Grèce , av... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici une pièce édifiante. On y voit Trygée, un citoyen soucieux du bien public, prendre le taureau par les cornes (en l'occurrence un scarabée bousier géant) afin de se rendre sur cette improbable monture dans les sphères célestes afin de réclamer aux dieux le retour de la Paix.

Ce faisant, Trygée rencontre Hermès et lui indique sa requête de vouloir libérer la paix, incarnée sous forme d'une déesse. le messager des dieux lui indique qu'elle est enfermée dans une grotte avec la déesse des bonnes récoltes et la déesse de l'esprit festif.

Une pièce édifiante, donc, car c'est un appel à la paix vieux de bientôt vingt-cinq siècles. Une dénonciation des magouilles, des lobbys, des allégeances aux dieux et des démagogues qui, sous couvert de défendre un supposé honneur supposément outragé, poussent de toutes leurs forces à la guerre. Incroyable, on se croirait au XXIème siècle !

Peut-être bien qu'il y a quelque chose d'intimement, de viscéralement humain dans le désir de combattre et d'écraser l'autre. Guerre économique ou guerre au sens physique du terme, cela reste un désir de combattre et d'écraser l'autre, de lui faire rendre gorge en ayant joui au préalable du plaisir de le voir ramper devant nous en réclamant grâce, histoire de se croire grand et fort.

Aristophane montre aussi magnifiquement l'art des dirigeants, habiles à crier fort et à attiser la haine tout en envoyant des pauvres bougres au casse-pipe, des gens qui n'ont rien demandé mais qui sont obligés de combattre sous peine de sanction pour désertion. Les marchands d'armes ont des sourires jusqu'aux oreilles et prennent leurs petites commissions au passage. Les politiques cherchent un prétexte, le trouvent toujours et c'est parti pour la baston entre pauvres bougres. Bref, rien n'a changé.

Aristophane, comme à son habitude, a le verbe mordant, le ton satyrique, et l'humour gras, très gras, qui tape souvent en dessous de la ceinture. C'est en quelque sorte le Jean-Marie Bigard de la comédie antique. Je vous avoue que ce n'est pas ce que j'affectionne le plus, mais sur le fond, c'est d'une clairvoyance, c'est d'une vérité saisissante.

C'est également dans cette pièce qu'Aristophane nous laisse le mieux entendre son athéisme, ridiculisant, décrédibilisant et critiquant ouvertement l'usage qui est fait des dieux où le rôle trouble que ceux-ci jouent dans les conflits. Pour lui, un dieu ne peut pas être intéressant si de près ou de loin il est lié à un conflit ou, ce qui est pire, s'il est partie prenante d'une manière de business aux offrandes pour s'attirer ses grâces, sa protection ou son soutien. Ça ne vous rappelle rien ?

Chaque fois que je lis Aristophane, au départ ça me fait sourire puis, très vite ça me rend triste. Triste d'une tristesse absolue, car je me rend compte que rien n'a changé et que c'est donc probablement sans espoir. C'est l'homme qui est comme ça, incurable dans ses vices, tout au moins dans ses grandes lignes. Et l'on peut mettre tout le vernis de culture et de bonnes manières que l'on voudra dessus, chassez le naturel… il revient au galop. Satanée humanité, cupide, sordide, mesquine alors qu'elle pourrait être tellement autre chose. Merci Aristophane, tu m'as encore fichu le blues pour la journée. Mais je vais vous laisser en paix maintenant car ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, très peu de chose.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
LE CORYPHÉE : Un maudit capitaine avec sa triple aigrette et sa tunique d'un rouge aveuglant, qu'il prétend être une teinture de Sardes. Mais si d'aventure il lui faut se battre avec cet uniforme, il a tôt fait de se teindre lui-même d'une couleur cysicaine de caca d'oie. Et le voilà qui donne le signe de la fuite. Avec son panache qu'il agite, on dirait d'un cheval rouge pourvu d'ailes de coq. Et moi, pendant ce temps, je demeure à l'affût. Même quand nous sommes rentrés dans nos foyers, ils nous rendent la vie impossible. Ils manient et remanient deux ou trois fois les listes d'appel, effaçant des noms pour les remplacer par d'autres, et c'est l'avis de mobilisation affiché la veille pour le lendemain. On n'avait pas acheté de vivres, on ne se doutait pas qu'il y aurait un départ. Devant la statue de Pandion on reste planté en apercevant son nom sur la liste, puis, ne sachant que devenir sous le coup qui vous frappe, l'on se met à courir la larme à l'œil. Voilà leur conduite à notre égard, à nous les paysans ; ils ont plus d'égards pour ceux de la ville, ces " balanceurs de boucliers ", devant les dieux et les hommes. Mais ils m'en rendront des comptes un jour ou l'autre, si le ciel le permet ; car ils m'ont fait subir trop d'avanies, ces gens-là qui sont des lions à l'arrière, et qui ne sont que des renards sur le champ de bataille.
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TRYGÉE (monté sur un bousier géant) : Vous pour qui je me donne tout ce mal, retenez-vous de péter et de faire caca d'ici trois jours. Car si cet animal reniflait vos déjections dans l'atmosphère, il me jetterait par-dessus bord pour aller y trouver sa pâture. Allons, hue, Pégase ; en avant gaiement ; secoue joyeusement les oreilles, et fais bringuebaler avec un cliquetis les gourmettes de tes freins dorés. Que fais-tu, que fais-tu donc ? Qu'as-tu à incliner les naseaux du côté des latrines ? Quitte la terre dans un essor audacieux, déploie ton aile rapide, et dirige-toi tout droit vers le palais de Zeus en détournant le nez des étrons et de toutes nourritures terrestres. Hé, l'homme, que fais-tu donc ? Oui, toi qui es en train de chier contre le mur du bordel ? Tu veux ma mort, tu veux donc ma mort ? Veux-tu bien l'enfouir, ton ordure, et la recouvrir d'un gros tas de terre, et semer dessus du serpolet, et l'arroser de parfum ? Si je me casse la figure en tombant d'ici, les citoyens de Chios devront pour ma mort payer une indemnité d'au moins cinq talents, et cela sera la faute de ton derrière.
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TRYGÉE : C'est l'instant pour vous, habitants de la Grèce, d'oublier les disputes et les batailles pour tirer de là la paix chère à tous, avant qu'un nouveau pilon ne nous en empêche. Allons, agriculteurs, marchands, artisans, ouvriers, métèques, étrangers, insulaires, dépêchez-vous tous d'accourir ici, apportez des pelles, des leviers et des cordes. C'est l'occasion pour nous de prendre en main la coupe du Bon Génie.
LE CORYPHÉE : Venez tous tout droit ici, le courage au cœur, pour l'œuvre de délivrance. Grecs de tous pays, unissons-nous pour notre salut. C'est l'instant ou jamais ; laissons là nos bataillons et nos méchants uniformes rouges.
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HERMÈS : Je me demande si vous reverrez jamais la paix.
TRYGÉE : Mais où est-elle donc partie ?
HERMÈS : Polémos l'a enfermée dans une profonde caverne.
TRYGÉE : Quelle caverne ?
HERMÈS : Celle-là, en bas. Et puis tu peux voir le monceau de pierres qu'il a entassées dessus pour que vous ne puissiez plus jamais l'en tirer…
TRYGÉE : Dis-moi, qu'est-ce qu'il prépare maintenant contre nous ?
HERMÈS : Je ne sais qu'une chose, c'est qu'hier au soir il a ramené un mortier de dimensions colossales.
TRYGÉE : Et que veut-il faire avec ce mortier ?
HERMÈS : Il a l'intention d'y broyer les villes. Mais je m'en vais ; car, si je ne me trompe, il va sortir, à en juger du moins par le raffut qu'il fait à l'intérieur.
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TRYGÉE : Ça ne sert à rien, mes amis, d'avoir des dents blanches, si l'on n'a rien à se mettre dessous.
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Vidéo de  Aristophane
ARISTOPHANE – Peut-on rire de tout ? (France Culture, Nouveaux Chemins, 2013) Émission de radio « Nouveaux Chemins » diffusée le 19 mars 2013, sur France Culture dans le cadre d’une semaine intitulée « Éloge de la parodie ». Adèle an Reeth recevait Ghislaine Jay-Robert, maître de conférence en langue et littérature grecques à l’Université de Perpignan.
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