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Je tiens vivement à remercier Babelio et les éditions des Equateurs de m'avoir permis de découvrir ce premier roman de l'écrivain québécois Philippe Arsenault.

« Zora, un conte cruel » nous raconte la vie et le destin de Zora Marjanna Lavenko, fille accidentelle de Seppo, tripier abject et concupiscent propriétaire de l'auberge de l'Ours qui pète, repaire d'avorteurs, de violeurs et autres saoulards immondes de la non moins abominable forêt des Fredouilles, au nord de la Finlande. Qu'on se le dise, ce roman est tout simplement un chef d'oeuvre ! N'ayons pas peur des mots. Je viens de le terminer et je suis totalement envoutée.

Ce livre savoureux, à la fois conte et épopée, pourrait être érigé en manifeste (trash) pour la sauvegarde de la richesse sublime de la langue française. Sérieusement ! On est saisi dès le début par l'écriture imagée, crue, inventive, qui mêle avec bonheur une imagination délirante et tout un vocabulaire de moyen-français truculent. Ainsi, « la grande fille avait escoffié la créature en lui écrapoutissant la cervelle ». J'adore, absolument, comme j'ai aimé l'écriture des « Compagnons du crépuscule » de Bourgeon.

Cependant ne vous y trompez pas, âmes sensibles abstenez-vous de plonger dans ce « conte cruel » ; j‘ai failli vomir au moins à deux reprises, et même lâcher le livre, blêmie d'épouvante.
J'ai également été émue de la plus belle des façons par certains passages… C'est un roman travaillé, étonnant, tragique et violemment comique, qui flirte avec le fantastique et les légendes nordiques. Inclassable en somme, parfois choquant, toujours brillant.

A découvrir !!!
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Madame Bovary, le Père Goriot, Phèdre, Chatterton, avez-vous remarqué que bon nombre d'oeuvres au héros éponyme sont des récits de destins qui se brisent ?

Zora un conte cruel de Philippe Arseneault est un roman qu'il conviendra désormais de hisser au rang des classiques tragiques de la littérature francophone. Zora, personnage central, cette jeune enfant conçue d'un viol qui naît sur le plancher sale de la taverne de l'Ours qui pète, espace interlope, au milieu des prostituées et des avorteurs est en effet l'archétype de l'héroïne de tragédie. Toutefois tout autre personnage qui apparaît dans cet oeuvre pourrait prétendre au titre. Les êtres infâmes qui hantent la forêt finlandaise des Fredouilles, où Zora vient à la vie à l'orée du XXème siècle, sont réduits à la plus simple acceptation de l'humain : un bloc de chair parcouru d'énergie. Ils naissent et meurent dans la douleur et la violence, mangent et se font manger, violent et se font violer, tuent et se font tuer. Car dans ces quelques kilomètres boisés aucune loi n'a cours, aucune morale n'entre en jeu. le seul mot d'ordre : la satisfaction immédiate des pulsions. On ne vit pas dans cette forêt, on y survit. On y fait la fête et on s'y saoule parce qu'il en est ainsi depuis la nuit des temps et que l'on ne connaît pas d'autre schéma d'existence. On s'y éteint en un éclair, comme s'il n'y avait aucune matière à consumer. Les personnages qui vivent en dehors de cet espace en marge sont moins creux, ont une vie intellectuelle intense mais souffrent d'autres tourments induits de facto. Il y a Tuomas le vieil alchimiste raffiné et philanthrope qui passe le plus clair de son temps à rechercher la formule de l'élixir de la vie éternelle et Tero un jeune homme obsédé de littérature poursuivi par une étrange mélodie. Zora, quant à elle, est une passerelle entre les deux mondes, née dans la fange elle s'épanouira dans l'or.

Car il serait réducteur de considérer le roman de Philippe Arseneault comme une simple oeuvre tragique. Il est impossible de la cantonner à un seul genre tant elle est foisonnante. La langue presque médiévale se prête au comique et au grotesque, certains épisodes sont bucoliques, certaines aventures proches de la fantasy, des créatures fantastiques peuplent les pages et la description des relations humaines est extrêmement réaliste.

Zora un conte cruel aurait pu s'intituler Une histoire de fange et d'or tant l'ambivalence de cette oeuvre est grande. Les descriptions les plus triviales baignant dans les fluides corporels les plus infâmes ont beau être légion, les aphorismes sur la beauté de la vie contrebalancent de la plus exquise et fine des façons le dégoût et le mépris que le lecteur ressent à l'encontre de certaines scènes d'une violence nauséenne ou de certains personnages antipathiques au plus haut point.

Je remercie les Editions des Equateurs de l'envoi de ce livre. le petit mot glissé dans le paquet me souhaitait d'être enchanté par ce roman. Je l'ai été. Enchanté par la richesse de la langue. Par l'humour du narrateur omniscient taquin. Emu de la plus belle des façons. La véritable émotion. Celle suscitée par l'émergence du rai de lumière dans l'obscurité.
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Lors de mon avis de la page 100 j'avais fait part de mon ennui sur ce livre, et bien je vous avouerai qu'en ce qui concerne la première partie de ce livre – à laquelle fait partie la page 100 – ça ne change pas. Je me suis vraiment vraiment ennuyée. Comme je le disais l'auteur fait d'innombrables digressions pour planter le décor, ce qui devient très vite agaçant car on a cette impression de ne pas avancer. Impression en plus renforcée par le fait que Philippe Arseneault raconte toujours la même chose avec force de détaille sordide dans cette partie ; l'enfance miséreuse de Zora, la conduite de son père, l'ambiance de l'auberge tenue par ce dernier…
Pour faire court, cette partie est une horreur, surtout que j'ai été très gênée par cette crasse vulgaire qui entoure cette partie initiale. Personnellement je pense que l'auteur aurait pu raconter cette misère, cette société en marge, sans passer autant par la saleté et la vulgarité. A titre d'exemple un passage qui m'a dégoûtée, le baptême de Zora. Enfin plus exactement la vieille folle qui l'a baptisée, et qui avant de passer sa main dans les cheveux salles de Zora et de lui donner un nom, se grattait ostensiblement la « fouine » et les seins. Honnêtement, où est l'intérêt de faire ça ? Où est l'intérêt d'être dégoûtant à ce point ? de raconter ça ? Ca n'apporte rien de plus à l'histoire, enfin de mon point de vu. Et le pire c'est que des choses dans ce genre-là on en a un paquet ! Parfois je vous jure j'avais l'impression d'avoir un adolescent attardé comme narrateur (désolée pour l'écrivain), mais passons…

Passons car on arrive à la deuxième et troisième partie de ce roman. Et là je vais vous surprendre car j'ai apprécié énormément ce livre dès cette seconde partie, et s'il n'y avait pas eu la première partie je pense que ce roman n'aurait pas été loin du coup de coeur.

Dans cette seconde partie, Zora a grandi et vit auprès d'un vieil homme qui prend soin de cette jeune femme qu'il a pris soin de civilisée. Dans cette portion du roman j'ai trouvé un charme anglais représenté par cette petite maison et l'ambiance au coeur des bois. L'odeur des petits pains, la nature, le confort douillet de ce petit foyer, change du tout au tout l'ambiance du départ, et pour moi c'est déjà que du bon.
Mais c'est encore meilleur, car dans cette partie le mystère de ce roman apparaît vraiment. L'intrigue est clairement là, et nous lecteur on peut enfin s'attendre à quelque chose de plus consistant et de mouvementé, qu'une succession de fait sans réelle importance ne laissait plus espérer. C'est donc ici qu'arrive Tero, jeune médecin qui est obsédé par une chansonnette étrange et qui l'empêche de dormir. Qu'on retrouve Glad l'Argus, le capitaine Boyaux et les aventures qui vont avec.


Maintenant dans cette partie j'ai été ... (suite sur le blog)
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Zora, un conte cruel, est un récit qui s'inspire du folklore nordique tant pour l'univers qu'il met en scène (la forêt des fredouilles en Finlande, l'auberge de l'Ours qui pète) que pour le format. le roman est en effet construit en deux temps: d'abord une série de petites histoires qui mettent en scène les mêmes personnages mais pourraient presque se lire indépendamment les unes des autres, façon racontars (Jørn Riel), ensuite une grande épopée, une véritable aventure pleine de courage, de magie et d'animaux sauvages. Ce grand paquet est enveloppé d'une prose pantagruélique, au sens littéral, et on aura compris au nom de l'auberge que rien de tout cela n'est à prendre au sérieux. Encore que...
Si "plaire et instruire" est le principe qui fonde la littérature française du 17ème, les nordiques ont depuis longtemps compris l'intérêt de mêler l'utile à l'agréable dans leurs sagas et autres Kalevala dans lesquels la tradition se transmettait accompagnée de leçons de vie.
Zora, malgré sa dimension parodique, s'inscrit dans cette droite ligne, et on jubile à la description des travers innombrables de Seppo, l'aubergiste cruel et idiot, et de la faune qui fréquente son établissement. On frémit au courage de Zora, on applaudit sa ruse, on pleure avec elle et pour elle. La langue est ornée, truculente, parfois même vulgaire, en tout cas, elle ne laisse pas indifférent.
J'ai d'abord était séduite, puis conquise par cette parodie-hommage aux personnages hauts en couleur, véritable plaidoyer pour l'instruction, la transmission, et évidemment, pour la littérature.
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OVNI identifié, ce conte made in Canada n'est certainement pas dénué de défauts, paré de ses longueurs, digressions et de l'interventionnisme trop régulier de son géniteur. le condamner au sirop d'érable et aux plumes, serait pour autant injuste. Parce que ce qu'a réussi à faire l'auteur est en soit déjà une jolie prouesse, un succès pour lequel nous ne verdirons pas de l'appeler conteur. Comme Gaborit, Arseneault est un faiseur de monde. Et comme son alter-égo métropolitain parfois, il n'a pas su mettre en musique la très belle matière qu'il avait créée. Minoré des contre-indications « pour public averti » exposé plus haut, « Zora, un conte cruel » reste une longue balade où l'on ne trouvera peut-être pas sa princesse mais un roman plein de personnalité pour les amateurs du genre :
http://www.leblogdesbouquins.fr/2014/10/zora-un-conte-cruel-de-philippe.html
Lien : http://www.leblogdesbouquins..
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« D'abord, Des pieds au cou, les bredouilles ne sont pas plus grandes qu'un vase à fleurs »

Le livre commence avec la description de cette petites créatures vivant dans la forêt en mal-compagnie avec les forestiers, chausseurs, etc.

Toutefois, ces petits êtres sont loins d'être les protagonistes principaux. Leur forêt m'a apparu un acteur bien plus présent.

C'est un roman où la misogynie est exacerbée. Une Finlande et une époque où l'homme est maître et fait loi. Zora, le protagoniste principal de ce livre, est notre héroïne. Un personnage fort de caractère et central.

Une écriture avec un humour noir dont je cite un exemple ici: « Voici, jeunes dames, monsieur Mustafa Egoyan, un pamphlétiste de Constantinople. Il est encore jeune, mais surveillez-le: il laïcisera la Turquie! »

C'est fin, c'est écrit avec de vieilles expressions et tournures québécoises et du vieux français. Ce qui donne une impression de moyen-âge. Ambiance qui sert bien ce long conte fantastique.

Les fins du conte nous laisse présager une suite à ce 1er livre de cet auteur (2013). On le souhaite!
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Ce livre m'a totalement dérangée lorsque je l'ai commencé. En effet, cela commence par l'histoire de L'ours qui pète et de son propriétaire, cuisinier écoeurant et particulièrement cruel. Il deviendra d'ailleurs le père de Zora, pauvre enfant issue d'un viol. Cette petite enfant va grandir dans cet univers plein de violence, de sexualité dévergondée et malsaine, un monde de bestialité et de cruauté au sein de la terrible forêt des Fredouilles. Mais elle sera sortie de cet enfer par un curieux alchimiste. ils vont tous deux couler des jours heureux jusqu'à l'arrivée d'un drôle d'hôte qui ne dort plus depuis des mois à cause d'une chanson...
L'écriture est ici souvent grossière, on rencontre beaucoup de mots inventés et l'auteur se plaît à rentrer dans des détails sordides qui m'ont parfois donnés envie de lâcher le livre mais je voulais savoir où il voulait en venir. Je ne regrette pas ma détermination malgré tout.
L'ensemble reste correct mais à ne pas mettre entre toutes les mains et il ne faut surtout pas s'attendre à une histoire douce et poétique et ce même avec la deuxième partie.
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Un livre que j'ai trouvé fort intéressant. D'abord intriguant par ce titre. Ensuite par le commencement. L'histoire s'ouvre avec un chapelet presque ininterrompu d'argot, cela foisonne dans ce premier chapitre. Il faut tenir bon parce qu'il n'est pas évident de s'y retrouver mais passées les quarante premières pages, le décor est planté : Seppo Petteri Lavanko en personnage principal, exécrable à souhait, dans la Forêt des Fredouilles, parmi un ramassis de déchets humains et la naissance de la petite Zora que la vie va malmener mais qui va grandir comme si rien ne pouvait l'atteindre.
Le roman se campe en trois parties, la seconde diffère beaucoup de la première, beaucoup plus calme et posée où la vie de Zora prend un tournant tout autre que ce que sa naissance laissait présager.
Mais ne vous y trompez pas, des personnages captivants et différents de ce que la littérature nous livre habituellement, un monde à part avec ses propres règles, de la violence, de la magie, de l'amour (un peu aussi ! ) : c'est bien un conte et il est cruel, il n'y a pas de doute !
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Pour être cruel ça il y est! cette histoire m'a fait froid dans le dos. malgré quelques longueurs j'ai aimé et détesté me plonger au coeur de la forêt des Fredouille et suivre le triste destin de Zora dans un monde ignoble et cruel.Parfois difficile à lire, je ne pouvais pourtant pas m'empêcher de vouloir connaître le sort qu'il serait réservé à tous ces personnages et espérer le meilleur pour Zora
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