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Critique de LeScribouillard


‘Tain, quatorze pages de fiches de géo à réviser, me parlez plus de politique, ni d'économie, ni de sociologie ! Voyons voir un peu Honor Harringto… AAARGH
Bref, vous vous doutez que dans des conditions pareilles, je ne pouvais pas entamer maintenant la SF militaire et que je me suis tourné vers quelque chose de plus simple. Les nouvelles, tu peux en picorer quand tu veux, y'a pas de (grosses) longueurs (on y reviendra), et sur le lot t'en as toujours au moins une de bonne. Alors en plus si c'est Asimov, ça peut qu'être une valeur sûre. Même quand il était tout jeunot ? Voyons voir ça…

Super-neutron

Dans un restaurant du futur, un club se réunit avec ceci de particulier que ses membres s'amusent à se mentir en permanence : celui qui fait le plus gober aux autres devient président de la prochaine séance, le perdant doit payer l'addition. Sauf que cette société secrète a un petit nouveau très, très ambitieux…
La nouvelle imagine un phénomène astrophysique original, causant la destruction imminente du Système solaire. Mon gros problème est que l'effet « Ça a l'air tellement vrai que ça se trouve il ment pas » reste (très) tempéré : d'une part les membres sont prêts à écouter n'importe quelle théorie pourvue qu'elle soit cohérente, mais sans jamais demander une preuve qui la leur ferait préférer à une autre ; d'une autre, la vérification de cette cohérence nécessite tellement d'explications que le suspense meurt alors qu'en étant plus concis et en s'intéressant un peu plus à la psyché des personnages il aurait pu effectuer un joli crescendo.

Non définitif !

Jupiter est habitée par tout un tas de saloperies aux relents lovecraftiens : on ne les a jamais vues, jamais entendues, on ne sait rien d'elles à part que ce sont de sales petites bestioles très, très agressives. L'humanité va devoir s'armer…
La nouvelle remonte nettement le niveau en s'intéressant à un bon vieux passe-partout de la SF pulp : les champs de force. Là où le plus gros des productions s'en servent comme échappatoire, Asimov s'intéresse à sa conception et à son fonctionnement. La nouvelle est très accessible et s'offre une pirouette finale assez ironique envers l'érudition scientifique si attachée à ses théories plutôt que la pratique…

Bon sang ne saurait mentir

Les fantômes existent… et ils n'hésitent pas à mettre en procès ceux qui voudraient leur reprendre leur manoir. Un texte humoristique trop long pour ce qu'il raconte, mais non dépourvu de quelques piques amusantes.

Chrono-minets

Des chats aux propriétés temporelles étranges apparaissent dans la ceinture d'astéroïdes. Les fans de Pratchett ne seront pas dépaysés, il s'agit là d'une farfeluterie qu'il a très reprise dans ses Annales du Disque-monde, le tout couplé à pas mal d'humour noir. le peu de worldbuilding et l'impression de déjà-vu m'ont ôté le plaisir de la lecture, mais elle reste recommandable.

Auteur ! Auteur !

Graham, écrivain de polars cynique et malgré lui, subit un jour la visite impromptue de son héros, pour découvrir que celui-ci le déteste aussi cordialement que lui…
De loin la meilleure nouvelle du recueil, et peut-être une des meilleures d'Asimov hors Fondation. Certes le thème est classique, mais partout fleurissent les répliques savoureuses sans jamais à part sur la fin qu'elles aient un effet trop théâtral ! Ajoutez à ça qu'on sent le vécu et que c'est aussi une excellente satire de l'intelligentsia méprisant la littérature de genre.

Arrêt de mort

La planète Dorlis héberge une civilisation… de robots. On ne sait pas qui les a construits, seulement qu'il s'agissait de faire des expériences psychologiques dessus. Sauf qu'ils ont l'air drôlement humains, pour un peu on y croirait…
Le texte clôt le recueil sur un tempo assez lent, mais qui se voit récompensé par un twist vertigineux qui, s'il est peu crédible, ne nous en fait pas moins remettre en question notre rapport avec les gentils petits indigènes des autres planètes. Paraissant juste sympathiques au début, le dernier paragraphe nous fait comprendre que l'humanité va bien au-delà de ça. Allez savoir qui sont les plus avancés !

Postfaces

Il y en a une à la fin de chaque nouvelle afin de faire la transition vers la suivante. Isaac Asimov nous raconte sa vie, ses échecs, ses succès, le tout avec beaucoup d'humour, ce qui devient très vite aussi, sinon plus passionnant que les récits de fiction.

Conclusion

Chrono-minets est comme on pouvait s'y attendre un recueil assez mineur dans la bibliographie d'Asimov. Il n'en est pas moins qu'on peut y trouver des hypothèses étranges, des scènes passionnantes, et bien plus d'inventivité que chez les trois quarts des écrivains actuels (ce n'est pas une insulte, juste un constat de ma part ; au passage, je fais signaler que nombre d'entre eux parvient à se rattraper dans d'autres domaines). Bref, vous avez là une jolie gourmandise, pourvu que vous tolériez quelques temps morts et d'occasionnelles déceptions. Après, je dis ça, c'est pour votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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