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Critique de JIEMDE


Autant le (re)dire d'entrée, je suis un inconditionnel de Pierre Assouline. Sans faire long sur ce point, la lecture de Lutétia il y a une dizaine d'années fut une révélation. Rapidement complétée par d'autres, et notamment ses exceptionnelles biographies de Durand-Ruel, Hergé ou Simenon, j'avançais dans la découverte de son oeuvre avec un plaisir chaque fois renouvelé.

Et pourtant, ces dernières années, Pierre Assouline me "perd" peu à peu, mais me conserve en même temps. Ça a commencé avec Vie de Job et s'est poursuivi sur ses trois livres suivants. Golem ne fait pas exception.

Car la littérature de Pierre Assouline s'est manifestement compliquée - élevée ? - ces dernières années. À un point où, à un moment, je finis par décrocher. C'est ce qui est arrivé dans cette lecture. D'autres l'ont déjà dit, il y a deux parties dans ce livre. La première, la plus longue, démarre sur fond de polar : Gustave Meyer, joueur d'échec internationalement reconnu, se retrouve soupçonné d'avoir tué sa femme. Et après tout, au vu de ce qu'il commence à découvrir de son état psychique et mental, de ce que son ami neurochir pourrait lui avoir fait subir à son insu, ne serait-ce pas du domaine du possible ? Commence alors une fuite en avant, guidée par une quête de vérité qui se transforme ensuite en quête de sens.

Et c'est là que les choses se compliquent, dans cette deuxième partie placée au coeur de l'Europe centrale. Assouline fait alors passer la fiction au second plan pour basculer dans une longue réflexion historico-philosophique, où le sens de la vie, les origines, l'évolution et toutes les thématiques - ô combien actuelles - sur le transhumanisme, l'identité et la vérité des êtres se bousculent, s'interpellent et se répondent. On entre alors presque comme dans une fable, un conte, où le mythe du Golem issu de l'histoire traditionnelle juive est revisité à la sauce moderne.

J'avoue avoir été gêné par cette forme de dichotomie du livre qui après m'avoir doucement bercé pendant les trois premiers quarts du livre, me secoue dans le dernier.

Mais indépendamment de tout cela, je reste un inconditionnel de l'écriture de Pierre Assouline et ce livre ne fait pas exception, bien au contraire. Ce ne sont pas deux mais dix ou vingt citations que j'aurais pu (voulu) ajouter sur ce site. Assouline possède une maîtrise de la langue qui me bouleverse à chaque fois même si son sujet me perd au passage. Chaque mot est juste, chaque phrase est simple quand elle doit l'être ou un peu plus réfléchie s'il le faut, mais jamais Pierre Assouline ne cède à la tentation de l'étalage. C'est un des rares auteurs français contemporains dont je me surprend régulièrement à relire une phrase deux ou trois fois pour en "peser" la force, en "goûter" le sens, en prolonger le plaisir de lecture, avec souvent une même réflexion : comment peut-on dire des choses aussi belles et souvent profondes, dans une telle économie de mots ? le talent et le travail sont forcément au coeur des explications...

Et en cela, Pierre Assouline reste un auteur à part dans la littérature française, un auteur précieux pour moi.
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