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Critique de Aela


Aela
28 septembre 2013
C'est l'histoire d'un portrait, celui de la baronne Betty de Rothschild, peint par Ingres dans les années 1844 à 1848 et à travers ce portrait toute l'histoire d'une des plus célèbres dynasties du monde entier.
Betty de Rothschild a passé sa jeunesse à Vienne. Elle est arrivée à Paris dans les années 1830. Elle a épousé son oncle Jacob qui est devenu par la suite le baron James de Rothschild, celui qui va diriger la "branche française" des Rothschild pendant une bonne partie du 19ème siècle..
Une dynastie dont le fondateur, fils de banquier, s'appelait Meyer-Amschel. Il vivait dans le ghetto de Francfort et l'enseigne qui se trouvait au-dessus de sa porte va être à l'origine du nom des Rothschild "Zum roten Schild" (à l'écu rouge).
Au 19ème siècle, au moment où vivait Betty, la véritable héroïne du livre à travers l'histoire de son portrait, cinq maisons Rothschild existaient en Europe: la branche de Francfort (la première), la branche de Londres, celle de Paris, celle de Vienne (qui disparaîtra en 1930 avec la faillite du Credit Anstalt) et enfin la branche de Naples.
Une devise commune: "Concordia Integritas Industria" exprimant ainsi la volonté de concilier tradition et modernité.
Un mode particulier de gérer les affaires en privilégiant les liens familiaux. Toutefois les femmes étaient exclues des affaires et avaient pour quasi obligation d'épouser un de leurs nombreux cousins.
Un milieu cosmopolite qui facilitait l'apprentissage des langues: la baronne Betty parlait parfaitement le français, l'anglais et l'allemand.
Les conversations intimes étaient tenues en yiddish.
Au delà de la plongée passionnante dans le monde des affaires, avec les amitiés et inimitiés qui se lient: à cet égard l'évocation de la compétition forcenée avec les frères Pereire vaut le détour, c'est tout un pan de l'histoire de l'Europe qui défile.
Les réceptions sont prodigieuses: plusieurs réceptions par semaine pouvant rassembler plusieurs milliers d'invités! Les artistes sont aidés et encouragés, la famille Rotschild jouant volontiers les mécènes.
Ainsi la baronne Betty va lier de belles amitiés avec Chopin, Balzac, Heine (le premier poète allemand d'origine juive).
Les lieux sont grandioses et il est fascinant de constater que le premier hôtel de la famille rue Laffitte était occupé auparavant par Fouché alors que leur deuxième hôtel, rue Saint-Florentin, était l'hôtel de Talleyrand auparavant.
L'hôtel de la rue de Saint-Florentin deviendra par la suite, en 1948, la résidence de l'ambassade américaine en France.
Enfin l'hôtel Lambert sera cédé par Guy de Rotschild en 2007 au frère de l'émir du Qatar.
Le portrait de la baronne va beaucoup voyager: pendant l'Occupation il sera transféré d'abord au château de Neuschwanstein ensuite caché par les nazis au fond d'une mine de sel; il reviendra en France à la Libération, transitera par le Petit Palais, le Louvre avant d'être exposé à Londres, New York et Washington avant de revenir en France.
Le portrait s'est transmis d'aîné en aîné, d'abord Alphonse, fils de James, ensuite son fils Edouard, ensuite Guy et ensuite David.
Un très beau livre très original et qui nous permet de parcourir 150 ans de l'histoire européenne.
Ce livre a obtenu le Prix de la Langue Française en 2007.
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