Citations sur Les enfants de la Terre, tome 1 : Le clan de l'ours d.. (67)
A partir d'indices qu'elle relevait çà et là, elle reconstituait le tableau clinique, dont elle complétait les blancs par le raisonnement et l'intuition. Et elle ne devait ce talent qu'à son cerveau seul, capacité qui restait totalement étrangère au Peuple du Clan.
c'était plus que ne pouvait imaginer Creb, qui avait le plus grand mal à compter jusqu'à vingt. Au-delà, les nombres se perdaient dans une infinité vague qu'il nommait "beaucoup".
Les nombres étaient une abstraction difficile pour les membres du clan dont la plupart ne pouvaient penser au-delà de trois : toi, moi et un autre. Ce n'était pas un défaut d'intelligence. Ainsi, Brun s'apercevait immédiatement de l'absence de l'un des vingt-deux membres du clan. Il lui suffisait de penser à chaque individu, ce qu'il faisait rapidement, sans même s'en apercevoir. Mais passer de l'individu au concept de "un" représentait un effort considérable que bien peu étaient capables de fournir. Comment deux personnes différentes pouvaient-elles être "une" à un moment donné, voilà qui dépassait largement leur entendement.
La première fois que ton esprit se battra avec un autre esprit, tu vas saigner, preuve qu'il a été blessé. Après cela, il combattra régulièrement avec d'autres esprits, et le jour où tu ne saigneras plus, tu sauras qu'il aura été vaincu et qu'une nouvelle vie est en train de germer en toi.
Les membres du clan ne pleuraient que lorsqu'ils avaient une poussière dans l’œil ou s'ils avaient pris froid. Mais ils n'avaient jamais vu des yeux se remplir de larmes de chagrin.
Créature chétive, hors la taille de son cerveau, il était le moins doué des chasseurs. Mais malgré son manque de griffes et de crocs, la lenteur de sa course et sa dérisoire agilité, le prédateur bipède avait eu tôt fait de gagner le respect de ses concurrents quadrupèdes. Son odeur seule suffisait à éloigner tout animal d'envergure ayant vécu dans le voisinage de l'homme.
Cette race d'hommes qui avait assez de conscience sociale pour veiller sur les faibles et les malades, assez de spiritualité pour enterrer les morts et vénérer un grand totem, cette race d'hommes aux cerveaux volumineux mais démunis de lobes frontaux, qui ne réalisa guère de progrès pendant près de cent mille ans, était condamnée à disparaître, au même titre que le mammouth et le grand ours des cavernes.
Les mammouths ne se connaissaient pas d'ennemis naturels, hormis l'homme.
Seuls les très jeunes ou les très vieux risquaient de succomber sous les crocs des grands carnassiers.
Elle représentait une nouvelle race, plus jeune, plus vigoureuse, plus dynamique, moins conditionnée par les acquis de la mémoire.
La morphologie même de son crâne annonçait une nouvelle intelligence.
Il naîtrait de son cerveau des idées comme le Peuple du Clan ne saurait même en rêver.
La race d'Ayla appartenait à l'avenir, celle du Clan était déjà du passé.
Ayla ne pleurait pas souvent et faisait tout son possible pour contenir ses larmes qui, elle le savait, non seulement affligeait les deux êtres qu'elle aimait, mais représentaient aux yeux de la communauté une anomalie inacceptable.