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Critique de petitegenisse


(Cette critique met en parallèle Leviathan de Paul Auster et La Tache de Philippe Roth).

A environ dix ans d'intervalle, Auster précédant Roth, la proximité entre ces deux romans me semble saisissante.

Léviathan est mon premier Paul Auster. Il fallait bien que je lise quelque chose de lui un jour et on m'a offert Léviathan. Il est resté un moment sur mon étagère, la quatrième de couverture me donnant peu envie de me plonger dans une intrigue que je pensais, à tort, politico-terroriste. Et puis je l'ai ouvert. J'ai commencé à remonter la vie de Benjamin Sachs, écrivain, qui meurt dès le début dans l'explosion d'une bombe artisanale. C'est Peter Aaron, un de ses amis, écrivain également, qui me sert de guide dans la vie de Sachs. La narration est faite de va-et-vient, d'incursions et de digressions, et tente de saisir l'insaisissable Sachs.

La Tache est également le récit de la vie de Coleman Silk, universitaire, mis au ban de l'Université pour propos racistes, au ban de la société pour sortir avec une femme de ménage de la fac, de 40 plus jeune que lui, un peu paumée, un peu analphabète, mais très sexuelle. C'est son voisin, écrivain, qui est ici le narrateur.

Des points communs entre ces deux romans, il y en a - je ne les aurais pas rassemblées sinon : deux oeuvres majeures de la littérature américaine, milieux intellectuels, un narrateur écrivain qui retrace la vie d'un personnage charismatique, un titre qui est aussi celui du roman qu'écrivent ces narrateurs, une narration sur le mode de l'exhumation des souvenirs, du puzzle à reconstituer, une galerie de personnages secondaires...
Mais là où Auster déroule une quête assez égale et sans véritable sursaut littéraire - c'est-à-dire cette émotion de l'écriture qui soudain vous happe et vous fait lâcher un "Waouh!" ou plutôt dans mon cas un "putain!" - Roth écrit quelques pages sublimes, où on sent soudain que les mots disent plus qu'une histoire. Je pense notamment au premier monologue de Les Farley (l'ex mari de la copine de Coleman et ancien du Vietnam), texte d'une beauté violente, qui coupe le souffle par sa puissance, la page qui devient rage. Beaucoup d'humour également chez Roth ; les pages sur Delphine, l'universitaire française sont un régal.
Chez Auster, c'est un personnage, que j'ai particulièrement apprécié, celui de Maria, photographe, qui côtoie d'abord le narrateur puis Sachs. Artiste électron libre, qui vit la vie et la création comme une série d'expériences, se perdant pour mieux se trouver, attachante et horripilante. Je me disais que c'était elle la vraie création d'Auster. Jusqu'à ce matin, où j'ai appris que ce personnage était directement inspiré par Sophie Calle.
Vous hésitez entre les deux ? Lequel lire en premier... Je dirai La Tache, si vous n'êtes pas rebuté par une énième histoire en milieu universitaire (pour le début en tout cas). Pour Auster, ce ne fut pas une révélation, mais ça ne m'a pas non plus fermé les portes de cet auteur. Et c'est un drôle de bilan : j'ai préféré La Tache sans forcément avoir envie de lire autre chose de Philip Roth, Léviathan m'a un peu ennuyé mais m'a donné envie de lire autre chose de Paul Auster. Cherchez l'erreur.
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