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Critique de JIEMDE


Avec la Trilogie new-yorkaise, tu es déjà gagnant puisque tu as du « 3 pour 1 » : Cité de verre, Revenants et La chambre dérobée. Si ce dernier tome est plus accessible que les deux précédents, l'ensemble fait grand sens : sous prétexte d'enquête policière qui n'en sera jamais une (et tant mieux), le grand Paul (traduit par Pierre Furlan) t'embarque dans une fulgurante twilight zone où fusent ses réflexions de haute volée sur l'identité.

L'autre, le double, celui qui loin de me ressembler me complète, cet autre sans qui je ne peux me définir, celui sur qui on se focalise des jours, des années, parfois une vie pour mieux se retrouver, au risque d'y échouer. Dans cette dualité où le langage joue un rôle majeur, où l'écriture et le travail de l'auteur comptent les points de ce combat contemplatif, Auster met en scène ses propres schizophrénies, allant jusqu'à se mettre lui-même en scène avec femme et enfant. C'est élevé, brillant, parfois professoral, donc magistral.

Dans un New-York nébuleux et éloigné des habituelles cartes postales, posé ici comme unique prétexte à des déambulations libérant la réflexion, Auster convoque ses revenants - personnages-clones (Quinn, Stillmann, Dark, Fanshawe), auteurs classiques (Cervantes, Thoreau, Montaigne, Hawthorne ou Baudelaire), hommes politiques – pour appuyer graduellement sa thèse sur ces identités qui forgent les écrits, et ces écrits plus forts que l'identité.

Chez Auster, la profondeur et la subtilité sont telles que le livre ne peut supporter une lecture classique. Les pages doivent être réfléchies, les multiples références contextualisées avec recul et chaque tome se doit d'être lu - à défaut d'être relu – en parfait écho avec les deux autres. Une chose que je ne manquerai pas de refaire rapidement.

Mention spéciale à la postface utile et détaillé de Marc Chénetier dans la belle édition Babel d'Actes Sud.
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