La renommée ne se mesure pas aux applaudissements qui saluent l'arrivée de la vedette, mais au vide que son absence laisse.
Pourquoi les hommes interdits lui semblaient-ils toujours plus attirants?
O hommes, hommes, pourquoi êtes-vous si désirables? Hommes-enfants, hommes-pères, hommes-oasis, hommes-hommes, hommes seulement, hommes tout uniment, connaissez-vous votre pouvoir? Pourquoi êtes-vous beaux comme des statues chaudes?
Jadis la crise commençait toujours aux premières collines de la Saône. Chaque fois que Jeanne allait à Lyon voir sa mère, la même douleur renaissait sous sa tempe. Un coeur parasite s'affolait soudain et pompait sa vie. Sa nuque était dure et la substance de son corps pétrifiée. Seule restait vivante cette souffrance qui se débattait comme un beau diable sous son front et cherchait en vain à percer le sac de peau dans lequel elle était emprisonnée.
- Reste, Jeanne, je t'en prie.
Il est assis sur le lit, les jambes en tailleur, le torse dressé. Peut-être est-il émouvant ou persuasif. Jeanne ne le voit plus. Jeanne l'entend à peine. Il est ce qui la sépare de la nuit. Et même si l'on était pas en juin et même si l'asphalte chaud n'avait pas cette odeur d'oiseau rôti dans son plumage, il lui faudrait fuir la chambre de cet homme qu'elle a un soir séduit, pris et rejeté.
Il a cet air fragile des hommes qu'elle s'apprête à quitter. Jeanne se glisse hors du lit et tire le drap sur le corps de celui qui reposera bientôt au creux de sa mémoire. Il a épuisé en elle un instant de vie et déjà ses traits sont bus par l'oreiller. Où vas-tu ? demande -t-il. De sa main, il tâte le lit. Il ne sait pas encore qu'il est seul.
Elle a connu la brousse, le marais, et la prairie...., le sable, la roche et la boue..., les algues, les épineux et la mousse..., le bitume et la terre..., la terre meuble, la terre fendillée, la terre grouillante, la terre dans laquelle on s'enfonce comme un bœuf, la terre qu'on égratigne d'une patte échassière. Pour un peu, elle reconnaitrait un pays en le touchant du pied.
Pourquoi ils ont tous une femme qui tombe malade précisément le jour où ils ont décidé de la plaquer ?
Il a cet air fragile des hommes qu'elle s'apprête à quitter.
Jeanne se glisse hors du lit et tire le drap sur le corps de celui qui reposera bientôt au creux de sa mémoire.
Il n'y a qu'un homme en chasse pour marcher sur vos traces, pour s'acharner à les brouiller, pour vous voler le soir, la promenade et la joie, pour vous violer du regard et, même s'il fait nuit, pour vous ravir jusqu'à votre ombre.