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EAN : 9782912214430
160 pages
Elor (01/01/2000)
3/5   1 notes
Résumé :
Au XVIIIe siècle, à l'heure où les Anglais ont la maîtrise des mers - ce qui leur voue une haine viscérale des corsaires français -, Jean-François Lancelot, jeune Malouin volontaire de 25 ans, arme le cotre La Fringante pour la course à l'Anglais.
Dès lors, un extraordinaire duel marin s'engage entre la rade de Saint-Malo, les îles Jersey, Guernesey, et le plateau des Minquiers.
Quinze jours de tempête, de malchance et de souffrance à chasser l'Anglais... >Voir plus
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
A part les Anglais, il était capable d'aimer tous les hommes du monde, et toujours étonné qu'on ne l'aime pas. Une femme n'avait jamais pu le supporter plus de trois mois, sauf sa mère. C'était une petite vieille toute fripée. Elle riait tout le temps. Et plus elle avançait en âge, plus elle riait. Elle adorait faire des farces ; et pour elle tout était farce : quand elle marchandait, quand ses fils venaient la voir ; alors, elle faisait un tas de gestes de petite fille et riait en se cachant derrière ses mains et en courant mettre le café à chauffer. Elle habitait à Cancale une petite maison tournée vers le soleil et la baie.
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La vie du bateau lui avait enlevé cette souplesse qu'il avait autrefois au fleuret, mais lui avait donné du poids et du muscle. A la première leçon, il retint son bras : « —N'ayez pas peur de frapper, Monsieur Lancelot », et maître Lozés toucha plusieurs fois, profitant de ces grands espaces que Lancelot laissait libres en prenant des élans fantastiques. Lancelot s'énerva, mit de la passion et frappa. Il fut bientôt couvert de sueur. Il soufflait sous le masque mais pour rien au monde il n'eût baissé le bras. Lozés travaillait à l'économie, marquait les fautes par des coups de pointe mortels. Et Lancelot enrageait de se sentir à sa merci.
Il était, à ce moment-là, très préoccupé par l'armement de La Fringante, la constitution de son équipage, et le départ pour la course. Aussi rien ne le préparait, lorsqu'il releva le masque, à remarquer la jeune femme qui assistait au combat. Remarquer est bien le mot : il ne put détacher les yeux de ce visage qui irradiait à tel point qu'il se sentit physiquement pris dans une lumière. Il demeura un peu stupéfait : maître Lozés lui parla plusieurs fois sans qu'il l'entendît. Il était sous le charme
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C'est le David avant le combat. Il est très beau, mais plein d'angoisse : il n'est pas sûr de vaincre. Et pourtant dans son visage, dans ses mains, quelque chose dit qu'il vaincra.
Lancelot n'était quand même pas assez aveugle pour ne pas sentir l'auréole qu'elle lui dessinait autour de la tête, ni le piédestal qu'elle lui glissait sous les pieds. Il avait connu aux Indes, une fille de planteur qu'il avait failli épouser, ou plutôt que les circonstances, le planteur lui-même, et la femme du planteur avaient failli lui faire épouser ; mais à la joie qu'il eut ensuite de reprendre la mer, il crut comprendre qu'il n'était pas fait pour l'amour et qu'il n'épouserait jamais qu'un bateau.
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