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EAN : 9782849906637
238 pages
Editions des Equateurs (08/04/2020)
4.25/5   6 notes
Résumé :


Nous devrions apprendre par cœur l'Iliade et l'Odyssée, comme des tubes de l'été, car les deux récits d'Homère constituent non seulement la musique de notre humanité mais recèlent aussi tout notre avenir.

Après le succès d'Un été avec Homère, Sylvain Tesson est parti à bord d'un voilier sur les traces d'Ulysse. Pendant plusieurs semaines, il a sillonné la Méditerranée, plongé dans la mare nostrum, escaladé des volcans, rencontré des s... >Voir plus
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Que lire après Un été avec Homère (illustré)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre qui reprend l'intégralité du texte Un été avec Homère et l'enrichit des toiles de Laurence Bost, des photographies du voyage de Victor Bérard réalisées par Frédéric Boissonnas en 1912 et des commentaires inédits de Sylvain Tesson. Il a été publié en parallèle d'un cycle de 5 reportages qui content le périple de Sylvain Tesson parti à bord d'un voilier sur les traces d'Ulysse. Pendant plusieurs semaines, il a sillonné la Méditerranée, plongé dans la mare nostrum, escaladé des volcans, rencontré des savants et des déesses de la culture, comme Andrea Marcolongo, l'auteure de "La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer le grec", qui ont éclairé son odyssée.

Sylvain Tesson se lance dans le jeu de ce qu'il appelle lui même "La «géomythologie» est un jeu de l'esprit. Merveilleux et absurde. Comment pourrait-il exister une inscription terrestre de ce qui n'existe pas, disent les cartésiens. Et alors ? répondent les rêveurs.
Pourquoi le poète ne se serait-il pas inspiré du réel ? Et nous errons ainsi sur la mer pour trancher ces questions"

Suivant ainsi les traces de Victor Bérard qui en 1912 s'était mis en tête de démontrer, avec force détails, que les poèmes homériques n'étaient pas une oeuvre de pure fiction, mais la description fidèle de la Méditerranée à l'époque des marins phéniciens dont les recueils nautiques auraient inspiré Homère.

Alors, bienvenue à bord de l'Akhenaton ! Toutes voiles hissées, la goélette fend la Méditerranée sur fond bleu azur. Pour ce périple, Tesson et ses compagnons s'appuient sur le Homère, en édition de poche (traduction de Victor Bérard aux éditions Folio), qu'il trimbale partout avec lui ; sur la carte réalisée en 1912 par l'helléniste français Victor Bérard, persuadé que Homère s'est inspiré de lieux réels ; et sur les photographies prises par le Suisse Fred Boissonnat. Une fois chaque site identifié, il a ensuite fallu trouver les héritiers d'Homère, un charpentier sicilien à Catane, un pêcheur à Stromboli, une ethnologue, un archéologue, une romancière italienne.

"Parfois la mythologie ne serait que la transposition métaphorique des scènes réelles de la vie des hommes. le travail de Bérard revient à illustrer le poème en retrouvant les faits et gestes qui l'ont inspiré. Selon Bérard, reprenant les intuitions de Strabon, Charybde et Scylla sont la représentation allégorique du combat des pêcheurs siciliens contre les espadons dans le détroit de Messine. Les bouillonnements de sang et d'écume, la vigueur de la chasse, le danger sur l'embarcation, la position des marins, harpon à la main, ont inspiré à Homère les monstres qui ravissent des compagnons à Ulysse."

Sylvain Tesson sait aussi se faire incisif, tout en subtilité. Ainsi, lorsqu'il évoque le lotus, la plante de l'oubli de la mythologie, qu'il compare à celui que procurent l'alcool et la musique techno des boîtes de nuit d'aujourd'hui, sur l'île de Mykonos.
Il pointe l'inconstance de la nature humaine, qui n'épargne pas Ulysse, lorsque, après avoir échappé au Cyclope, il lance : "Je m'appelle Ulysse, j'habite Ithaque" , provoquant la colère dévastatrice de Poséidon. de même, quand les compagnons du héros de Homère ouvre le "sac des vents", équivalent de la boîte de Pandore. "Par convoitise, par envie, par médiocrité (…), ils ne peuvent pas s'en empêcher."

Ce livre est donc à la fois un version illustrée d'Un été avec Homère, mais aussi le supplément à ce voyage homérique.
Les légendes inédites de Sylvain Tesson, véritables poèmes en prose et des tableaux de la peintre voyageuse, Laurence Bost sont absolument complémentaires et fabuleux.
Mention spéciale à ce tableau en forme de tête à tête entre Homère et Andrea Marcolongo, comme une mise en abyme entre celle qui fait constamment le lien entre nos époque et les écrivains antiques.
À cela s'ajoutent des photos en noir et blanc du photographe Frédéric Boissonnas qui dans les années 1920 accompagna Victor Bérard, le traducteur d'Homère, pour identifier les lieux de la géographie ullyssienne
Mention spéciale à cette photo des montagnes et notamment le mont Circé.

À Hissarlik, sur les ruines turques de Troie, Sylvain Tesson découvre les vestiges de la guerre qui fut le point de départ de L'Odyssée. Perché au sommet du mât principal de son voilier, l'infatigable grimpeur évoque ensuite l'événement initial du périple mythologique : le jour où, par orgueil et démesure, Ulysse et ses troupes pillent et massacrent les Cicones. Puis le voilier de l'écrivain vogue en direction de Mykonos, temple des paradis artificiels. L'île rappelle celle du peuple Lotophage, où les marins grecs goûtent aux joies du loto, une plante délicieusement anesthésiante « prémices à nos formes d'oubli contemporaines ». le rêve homérique se poursuit sur la terre des Cyclopes : le volcan du Vésuve, dans la baie de Naples. Ulysse y pèche par vanité pour la première fois. Au bord du cratère, symbole de l'oeil unique des géants, Sylvain Tesson raconte comment le héros grec réveille la colère de Poséidon, le dieu des océans.

Puis c'est l'arrivée sur l'île de Stromboli, dans l'archipel italien des Éoliennes, qui aurait pu inspirer à Homère l'épisode où Ulysse jouit de l'hospitalité d'Éole, le maître des vents. Aux côtés du vulcanologue Mario Pruiti, l'écrivain foule les flancs de la demeure divine : le volcan qui donne son nom à l'île. Sur la plage de sable noir, le lendemain, le rêve homérique semble prendre vie. Il y rencontre Gaetano, un vieux marin farouche. Puis, sur l'île sarde de Tavolara, Tonino Bertoleoni, souverain de la seule famille de l'îlot.

"Dans le port de Catane, c'était flagrant : les Européens étaient bel et bien rentrés à Ithaque et se passaient fort bien des secours du ciel en ce siècle XXI. Nous vivons à présent dans un âge technique où l'homme s'affaire. Il ne s'occupe plus de rendre ses grâces aux dieux. Ou alors ses dieux portent d'autres noms : la puissance et la gloire, la machine et ses propriétés, la machine en somme. La Technique est un dieu puissant. Nul ne peut en décrire le contour ni en prévoir le dessein. On la croit notre enfant, elle nous soumet déjà, à peine née. Nous nous sommes agenouillés devant sa face. Nous ne savons rien de son pouvoir, sommes au début de son règne. Nous ne savons pas si elle nous veut du bien. Il est probable que pas du tout. Car les dieux sont méchants. On l'apprend dans Homère.

Puis guidé par les dauphins d'Apollon, le voilier atteint la côte tyrrhénienne italienne et l'imposant mont Circé, baptisé d'après Homère. C'est là que la magicienne du même nom, fille de Zeus et de Perséis, aurait exercé ses sortilèges. Grâce à l'élixir d'Hermès, Ulysse évite le sort de ses compagnons, transformés en cochons par un philtre trompeur. Auprès de l'auteure et botaniste Stéphanie Baudet, l'écrivain évoque l'âme de la première « sorcière » de l'humanité.

Après avoir échappé aux sirènes, Ulysse doit franchir le détroit de Messine gardé par les deux fléaux qui guettent les marins, le gouffre Charybde et le monstre Scylla. Dans le port de Scilla, l'écrivain voyageur part à la rencontre des pêcheurs d'espadon. La traversée se poursuit vers la Sicile, l'île d'Hélios, le dieu du soleil. Après un détour au marché de Catane, il rejoint le vulcanologue Marco Tomasello pour s'approcher au plus près de l'Etna, bouillonnant et fumant :

"Comme le cyclope, le volcan éructe. Il bombarde la mer de ses projectiles basaltiques. C'est un monstre gentil aux colères effroyables. Sur les flancs de la montagne poussent des forêts fertiles, sur l'île du monstre poussent les jardins de l'Âge d'or.
Vu du sommet, le cratère est un puits. Il ressemble à l'oeil unique sur le front des créatures. Homère, en décrivant l'île de Polyphème, fait coup double : il évoque les âges bénis et diablement révolus, où les hommes n'avaient
qu'à tendre la main pour se nourrir. Il rappelle que des peuples sauvages vivent encore aux confins du monde connu. Ces infra-hommes et ces anthropophages attendent une poussée civilisatrice, c'est-à-dire l'expansion grecque."

Les marins d'Ulysse sont anéantis par la colère de Zeus. le héros grec dérive seul vers une île habitée par la nymphe Calypso. En compagnie de la linguiste Andrea Marcolongo, Sylvain Tesson évoque la destinée des amantes d'Ulysse et rend visite aux habitants de Pilur, un village encore empreint des traditions illyriennes. le voyage s'achève à Ithaque, l'écrivain y découvre les ruines du « château d'Ulysse », lieu mythique du sanglant dénouement de l'Odyssée.

Un livre fabuleux de voyage, de culture et d'embruns.
Un livre d'une beauté exemplaire sur le fonds et la forme
Tesson le dit lui même : "Naviguer, c'est flotter le plus longtemps possible pour plonger dans ses pensées.", et on a jamais envie de refermer ce livre pour que jamais la navigation ne cesse
Et de nous donner la technique "le réel est là, offert à notre fièvre, ne demandant que notre propre effort pour s'animer de présence. Il suffit de donner à la substance du monde des noms de dieux, de diviniser les reliefs et les phénomènes, d'animer les éléments, de reconnaître chaque pétillement de lumière, chaque pli de la mer, chaque frémissement de feuillage. Alors, on ne pourra plus jamais se prétendre seul dans cette vie morose !"
Autant de raisons pour le suivre...
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Un très beau livre, textes, illustrations, photos, avec une mise en forme très soignée.
Se mêlent les extraits de l'Odyssée et de L' Iliade, les commentaires de sylvain Tesson gouaille, érudition , mélange de rêves et de l'ici-maintenant concret et mobilisant tous nos sens sont au rendez-vous, sans omettre quelques coups de gueule visant notre prétendue modernité !
L'évocation de la reconstitution du voyage de Victor Berard en 1912 que reprend Sylvain Tesson est superbement traitée avec les photos de l'époque et un art de la synthèse qui est aussi un des talents de notre prolixe et bavard Sylvain ! Un complément indispensable à la série de films tournées pour l'occasion et que l'on trouve facilement en podcast.
Conclusion personnelle : je vais enfin me plonger dans la lecture de ces deux monuments ! Avec des clés et des repères. Merci les artistes !
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Le point de vue narratif de l'auteur n'est pas de résumer l'Illiade et l'Odyssée mais de nous donner à voir la modernité du texte et son caractère universel. A cette analyse qui fit l'objet d'un feuilleton radiophonique sur France Inter il ajoute des photos prises par Frédéric Boissonnas lors du voyage de Victor Bérard en 1912, des peintures réalisées par Laurence Bost lorsqu'elle l'accompagna sur leurs traces et de ses propres réflexions que cet itinéraire lui inspire.
Le mélange des genres et le sens de l'humour de Sylvain Tesson aboutit à un ouvrage à la fois érudit, décalé et plein de légèreté. Et surtout cet auteur parvient toujours à me toucher intimement par sa poésie qui sied si bien à la dimension merveilleuse des récits homériques.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Exercices du matin pratiqués sur les remparts de la citadelle byzantine de Pylos, après le café noir et le bain de mer, pour atteindre à la pensée païenne :
Imaginer dans les plis de soleil la trace d'un dieu fugace.
Se demander qui fuit en laissant les buissons s'agiter dans le vent.
Entendre l'ébranleur du sol dans le boutoir du ressac au pied de la citadelle.
Imaginer les îles de l'horizon peuplées d'humains étranges priant des dieux inconnus.
Plisser les yeux pour déceler dans la lumière le voile d'une présence supérieure.
Si on réussit les exercices, l'air se charge de grains de pollen, le paysage vibre, c'est la magie.
Non! Mieux!
La mise en poésie du monde.
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Sur cette Terre, il y a les exilés, les chevaliers, les renonçants, les errants, les prétendants, les voyageurs sur le tard. L’homme n’est pas un être du mouvement perpétuel. Tout homme aspire à un retour secret.
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L’Iliade nous a appris une chose. L’homme est une créature frappée de malédiction. Ce n’est ni l’amour ni la bonté qui mènent le monde mais la colère. Parfois elle s’apaise mais gronde toujours, sourde bête, tapie dans les replis de la terre comme une ombre au mufle soufflant qui ne supporte pas de souffrir, mais qui ne connaît pas les raisons de sa blessure.
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L’Iliade constitue le poème en creux de la paix disparue. La paix n’est pas le biotope naturel de l’humanité. Le projet de paix universelle est une construction de philosophe. Elle permet d’échafauder des châteaux spéculatifs pendant que s’aiguisent les glaives de l’âge du bronze et que se préparent les puces au silicium de l’âge du drone. Lisons Homère et jouissions des fruits de la paix, baisers fugaces disposés parfois pour quelques chanceux dans une décennie terrestre.
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Être païen consisterait à se tenir devant le spectacle du monde et à l’accueillir s’en rien espérer- aucun lendemain qui chante ( cette tartufferie !) , aucune vie éternelle (cette farce!). Il ne faut rien chercher d’autre que les signes de ce qui advient. Tout est beau dans ce qui se dévoile dit Priam, le roi de Troie. Oui, tout est beau et les mots sont les serviteurs de ce dévoilement, à charge pour eux d’exprimer le kaléidoscope. …Faut -il avoir le cœur sec et l’âme fatiguée pour espérer des paradis hypothétiques, alors que le champ d’émerveillement se déploie là, somptueusement vivant, devant nous.
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Vidéo de Sylvain Tesson
Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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