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Critique de Renod


Si vous vous promenez dans la campagne comtoise, vous croiserez peut-être la Vouivre au détour d'un sentier. Elle parcourt les monts et les plaines du Jura précédée d'une vipère, se baigne aux rivières, aux lacs ou aux étangs. Elle porte sur ses cheveux un diadème orné d'un gros rubis d'une valeur inestimable. Ce trésor qui exaspère toutes les convoitises, la Vouivre ne s'en sépare qu'au moment de ses bains. Les plus hardis tenteront de profiter de l'instant pour lui dérober le diadème. Ils se verront alors poursuivis par des milliers de serpents surgis de nulle part.

Arsène Muselier est le premier à l'apercevoir alors qu'il fauche un pré. Nous sommes dans l'Entre-deux-guerres et les Muselier sont une famille de paysans cossus à défaut d'être riches du petit village de Vaux-le-Dévers. Arsène se distingue des autres hommes en ce qu'il contemple le corps nu de la Vouivre et ne se laisse pas tenter par son trésor. Il tâche de ne parler à personne de sa rencontre avec cette créature surnaturelle. Elle va se faire de moins en moins discrète et ils seront nombreux au village à l'apercevoir. Ces êtres empreints d'une sagesse paysanne vont rapidement s'habituer à ces apparitions : « le surnaturel n'étant pas d'un usage pratique ni régulier, il est sage et décent de n'en pas tenir compte. » Reste la question du diadème qui va enflammer la cupidité de nombreux habitants dont certains seront tentés d'obtenir cette richesse phénoménale par le vol, fût-ce au péril de leur vie.

La lecture de « la Vouivre » est récréative. Marcel Aymé y fait le portrait d'un monde rural haut en couleurs. La rivalité entre le curé et le maire anticlérical qui fait penser à celle qui oppose Don Camillo et Peppone, va être ébranlée par l'apparition de la créature. Il y a une galerie de personnages truculents qu'il serait trop long de lister ici. La force de Marcel Aymé est de savoir allier une description réaliste du monde paysan, un humour caustique et une dimension fantastique en reprenant une vieille légende comtoise. J'avais pris rendez-vous avec Marcel Aymé de longue date, mais vous savez ce que c'est, on trouve toujours moyen de reporter les plus belles rencontres. Je suis convaincu par cette lecture qui dépasse ô combien mes attentes. Cette oeuvre est un trésor d'ironie et d'humanité.
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