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EAN : 9782070361670
256 pages
Gallimard (07/11/1972)
3.83/5   337 notes
Résumé :
Derrière la vipère apparut une fille jeune, d'un corps robuste, d'une démarche fière. Vêtue d'une robe de lin blanc arrêtée au bas du genou, elle allait pieds nus et bras nus, la taille cambrée, à grands pas. Son profil bronzé avait un relief et une beauté un peu mâles. Sur ses cheveux très noirs relevés en couronne, était posée une double torsade en argent, figurant un mince serpent dont la tête, dressée, tenait en sa mâchoire une grosse pierre ovale, d'un rouge li... >Voir plus
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La Vouivre n'est pas une bête fantastique, une Serpentine, c'est une jeune femme, une " fille aux yeux verts, de la couleur des yeux du chat".


"Dryade et naïade, une divinité des sources, elle parcourt les monts et les plaines du Jura", depuis la nuit des temps!
Sans doute, une fille d'Ève, le serpent mythique qui croqua la pomme, et fut chassé du Paradis?


Elle n'a peur de rien, ni de se baigner nue, sous le regard d'Arsène, ce beau gars de 23 ans, ni d'abandonner son diadème orné d'un gros rubis sur le sol...


Arsène connaît le sort réservé à ceux qui tentent de voler le rubis, ils mourront d'une morsure de serpent. Mais, le jeune paysan est plus intéressé par la jeune fille, et " son regard, où perçait une lueur rieuse," que par le bijou.


Et, cet intérêt pour sa beauté et son corps de femme, charme la Vouivre. "Elle lui parlait tout bas, bouche à bouche."


Arsène contempla " la pureté et la carnation du visage, la grâce, tant d'harmonies qui se défaisaient sans cesse dans des harmonies nouvelles".
Et la Vouivre lui parla de son passé lointain.


Elle était Sirona, la déesse des eaux et Minerve pour les Romains, c'est le Christianisme qui a détourné les hommes, des anciennes divinités...


-Tu le crois, maintenant, que je ne suis pas une créature du diable?
"Le corps de la Vouivre sentait les bois, la terre,la rosée. La rivière passait dans ses yeux verts".
" La joie de l'été jurassien, l'innocence des bêtes du matin et la fièvre enfantine des jeux simples..."
La Nymphe peut-elle être amoureuse?


Il y a eu un mort, Beuillat, piqué par les serpents. Le curé veut une procession, avec la croix et l'eau bénite, afin d'éloigner la Bête. Le fossoyeur, Requiem, rêve d'attraper le rubis et... la Vouivre!


Arsène a assez de bon sens, et beaucoup à faire. Entre ses querelles avec ses voisins, les Mindeur. (Arsène est amoureux de Juliette Mindeur) Et, il y a la rivalité avec son frère, la ferme à entretenir...


L'auteur a vécu auprès de sa tante Léa, à Dôle, et connaît bien les paysans du coin. Sans doute, le jeune Marcel a rencontré une jeune Dryade, dans sa jeunesse (une Vouivre) pour lui avoir donné une aussi belle apparence, et ce beau visage...
Pour beaucoup de "pays" de Franche-Comté, la Vouivre était un monstre avec des ailes de chauve souris! Un serpent légendaire, gardien de trésors fabuleux...
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Si vous vous promenez dans la campagne comtoise, vous croiserez peut-être la Vouivre au détour d'un sentier. Elle parcourt les monts et les plaines du Jura précédée d'une vipère, se baigne aux rivières, aux lacs ou aux étangs. Elle porte sur ses cheveux un diadème orné d'un gros rubis d'une valeur inestimable. Ce trésor qui exaspère toutes les convoitises, la Vouivre ne s'en sépare qu'au moment de ses bains. Les plus hardis tenteront de profiter de l'instant pour lui dérober le diadème. Ils se verront alors poursuivis par des milliers de serpents surgis de nulle part.

Arsène Muselier est le premier à l'apercevoir alors qu'il fauche un pré. Nous sommes dans l'Entre-deux-guerres et les Muselier sont une famille de paysans cossus à défaut d'être riches du petit village de Vaux-le-Dévers. Arsène se distingue des autres hommes en ce qu'il contemple le corps nu de la Vouivre et ne se laisse pas tenter par son trésor. Il tâche de ne parler à personne de sa rencontre avec cette créature surnaturelle. Elle va se faire de moins en moins discrète et ils seront nombreux au village à l'apercevoir. Ces êtres empreints d'une sagesse paysanne vont rapidement s'habituer à ces apparitions : « le surnaturel n'étant pas d'un usage pratique ni régulier, il est sage et décent de n'en pas tenir compte. » Reste la question du diadème qui va enflammer la cupidité de nombreux habitants dont certains seront tentés d'obtenir cette richesse phénoménale par le vol, fût-ce au péril de leur vie.

La lecture de « la Vouivre » est récréative. Marcel Aymé y fait le portrait d'un monde rural haut en couleurs. La rivalité entre le curé et le maire anticlérical qui fait penser à celle qui oppose Don Camillo et Peppone, va être ébranlée par l'apparition de la créature. Il y a une galerie de personnages truculents qu'il serait trop long de lister ici. La force de Marcel Aymé est de savoir allier une description réaliste du monde paysan, un humour caustique et une dimension fantastique en reprenant une vieille légende comtoise. J'avais pris rendez-vous avec Marcel Aymé de longue date, mais vous savez ce que c'est, on trouve toujours moyen de reporter les plus belles rencontres. Je suis convaincu par cette lecture qui dépasse ô combien mes attentes. Cette oeuvre est un trésor d'ironie et d'humanité.
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Quel Marcel Aymé préférez-vous ? le citadin ou le campagnard ? l'observateur féroce des travers humains dans la grande ville, ou le chroniqueur rural affichant une matoise gaillardise ? Difficile de choisir, n'est-ce-pas ? Marcel Aymé joue gagnant sur les deux tableaux : il est grandiose quand il passe à la moulinette toutes les turpitudes et toutes les bassesses de l'Occupation, il l'est tout autant quand il promène son humeur narquoise au détour des bottes de foin, dans les héritages douteux entre l'étable et l'écurie, ou bien quand il introduit dans la réalité la plus prosaïque un brin de fantastique qui n'appartient qu'à lui.
« La Vouivre » est le type même de ces récits où se mêle le réel et l'imaginaire, où les légendes locales sont tellement vraisemblables qu'elles en deviennent vraies. La légende c'est une créature irréelle, qui a la forme d'une superbe jeune femme ornée d'un superbe rubis : mais qui veut lui prendre le rubis s'expose à être piqué par un serpent. La réalité c'est qu'il y a une jeune fille qui est exactement comme la Vouivre. Arsène Muselier peut vous en parler : il l'a vue se baigner dans un point d'eau, vêtue de sa seule chevelure, après avoir déposé son rubis dans l'herbe tendre. Notre Arséne est subjugué par la créature (on le serait à moins). La Vouivre, elle, est touchée que ce gars n'en ai pas profité pour piquer le rubis, et se met à lui courir après. Ce qui est embêtant parce qu'Arsène aime Juliette Mindeur, Vous savez, c'est un petit village, tout se sait, et ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir est tout de suite amplifié par les antennes locales. Entre guerres de clans, déboires amoureux et superstitions récalcitrantes (mais est-ce bien de la superstition ?) notre ami Arsène a fort à faire. Et comme au fond c'est un bon garçon, il n'hésite pas pour sauver le petite Belette, à affronter la Vouivre et ses serpents.
On est toujours touché et attendri par le Marcel Aymé campagnard. Il a toujours une pointe de sympathie pour ce monde rural, près de la terre, qui lui ressemble tant. Dans ses chroniques « champêtres », Marcel Aymé est toujours aussi corrosif, mais cette férocité est atténuée par un regard amusé, complice et même affectueux (nettement moins sensible dans ses romans citadins).
Et puis il y le fantastique « à la Marcel Aymé » : cet homme-là n'a pas son pareil pour faire s'imbriquer l'insolite dans le banal, l'extraordinaire dans le quotidien : D'autres auteurs peineraient à plaquer des phénomènes étranges sur la réalité la plus prosaïque. Marcel Aymé, lui, crée une osmose entre le réel et l'irréel, entre le merveilleux et la vie de tous les jours : au point que personne ne s'étonne de cette incursion du fantastique.
A cela s'ajoute le talent du romancier. Nous avons parlé du ton, ironique, sarcastique, parfois plus émouvant, parfois plus dévastateur. Ajoutons-y les petites inventions qui donnent un petit côté légèrement déjanté à cette histoire qui l'est déjà pas ma : par exemple ces personnages à contre-emploi : le curé est… sceptique ; le maire, radical, est… croyant. Ou bien ces personnages hors normes : la « dévorante » est une nymphomane jamais repue ; et ce personnage extraordinaire du fossoyeur, le bien nommé Requiem, ivrogne invétéré amoureux d'une pocharde notoire…
On se régale toujours à lire Marcel Aymé. Avec ce livre, on a plus que jamais la conviction que cet auteur est de salubrité publique !
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« La vouivre », en Franche-Comté, est un animal fabuleux, sorte de grand serpent -chauve- souris dont l'habitude est de déposer sur la berge, le rubis sui orne son front pour aller au bain. Gare à celui qui s'aventurerait à voler la pierre précieuse : il serait immédiatement assailli et mis à mort par une « armée » de vipères.

Natif du Jura et d'origine rurale, Marcel Aymé ne peut qu'être frappé par cette légende aux origines celtiques. Aussi nous fait-il entrevoir la vouivre, ou plutôt la fait-il apparaître au bain, à Arsène Muselier alors qu'il fauche près d'un étang. Résistera-t-il à la tentation malgré son intérêt pour Juliette Mindeur , qu'une querelle ancestrale lui interdira d'épouser ? Et Rose Voiturier, la fille de maire ? Et Belette, la servante « avenante » ?

Publié en 1943, « La vouivre », c'est avant tout et surtout pour Marcel Aymé, l'occasion de présenter au lecteur une galerie de portraits campagnards savoureux où l'on découvre le duo habituel maire-curé, mais aussi, et c'est moins habituel, le fossoyeur… et Rose, Juliette et Belette…
Un conte fantastique, certes, mais également une comédie de moeurs, bucolique et savoureuse.
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On pourrait lire un roman rural, avec les travaux des heures et des jours, une vie de labeur qui ne s'arrête jamais. On pourrait être dans un passé plus lointain, une société qui n'est pas encore mecanisée. Seuls l'évocation de frères morts à la guerre permet de donner des repères chronologiques. Il faut semer, faucher, acheter des outils, vendre des animaux... Dans ce monde, la société est hierarchisée, patriarcale, violente, où la richesse est la terre. La famille, ce sont ceux qui travaillent le même champs, peu de place pour les sentiments ni pour la faiblesse. Arsène apparaît ainsi comme froid, calculateur, l'important est la productivité, pas le sentimentalisme envers le vieil ouvrier fatigué, même s'il l'a elevé. Cependant, la misère et la violence des rapports humains ne sont pas celles de la terre de Zola. Les familles présentées sont relativement aisées, si elles sont âpres au gain, c'est pour augmenter leur capital.
On pourrait aussi lire un conte fantastique dans un cadre champêtre. Ce est pas le Berry de George Sand, mais on retrouve des contes de veillées avec des monstres, ainsi que des descriptions assez poétiques du paysage jurassien - même si, une nouvelle fois, le personnage principal n'est pas sensible à l'esthétique pure, ne voyant que les rendements possibles.
Ensuite, on pourrait y voire un roman politique présentant les tensions religieuses de la Troisième République entre cléricaux superstitieux et anti-cléricaux rationnalistes. le personnage du maire est ainsi intéressant dans ses contradictions.
Mais j'ai choisi d'y lire une galerie de portraits de femmes souhaitant assumer leurs désirs. Il y la Dévorante, géante insatiable qui dévore les hommes. Il y a Juliette, jeune fille qui reste sage mais regarde émue l'ennemi de la famille. Il y a la toute jeune Belette qui demande à la Vierge de lui offrir une paire de gros nichons pour attirer les hommes, ou Louise, la matriarche, qui a refoulé ses désirs. Et il y a la Vouivre, créature surnaturelle ou jeune bourgeoise provocante ? On n'aura pas de réponse tranchée, mais elle représente la liberté sexuelle et érotique, libre de son corps et de ses mouvements. Mais cette figure de tentatrice reste inquiétante et dangereuse, ceux qui meurent sont ceux qui ont transgressé la norme.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Arsène complimenta la vouivre, lui dit qu'elle avait l'air d'une fille de Marquis. Elle sourit de plaisir et ouvrit son sac de cuir pour se mirer dans la glace...
Le fermoir de la poche ayant cédé, une tête de vipere émergea lentement. A la table des mangeurs, une fillette poussa un cri et manqua s'étrangler. Arsène n'avait pu s'empêcher de reculer sa chaise. Du bout des doigts, la Vouivre appuya sur la tête du reptile, la fit réi,tégrer la poche et referma le sac.
- Je te vois de plus en plus rarement, dit-elle doucement. Et toujours pour me dire que tu n'as pas le temps.
Est-ce que tu me trouves moins jolie ?

Le tailleur clair, les bas de soie, le chapeau souple qui adoucissait le visage de la Vouivre, la poude, le rouge à lèvres, les gants ajoutaient à sa beauté un mystère de féminité...
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Derrière la vipère apparut une fille jeune, d’un corps robuste, d’une démarche fière. Vêtue d’une robe de lin blanc arrêtée au bas du genou, elle allait pieds nus et bras nus, la taille cambrée, à grand pas. Son profil bronzé avait un relief et une beauté un peu mâles. Sur ses cheveux très noirs relevés en couronne, était posé une double torsade en argent, figurant un mince serpent dont la tête, dressée, tenait en sa mâchoire une grosse pierre ovale, d’un rouge limpide. D'après les portraits qu’on lui en avait tracés et qu’il avait crus jusqu'alors de fantaisie, Arsène reconnut la Vouivre. (…) En passant devant Arsène, la Vouivre tourna la tête et le regarda avec une indifférence qui le troubla. Ses yeux verts, d’un éclat minéral, avaient non seulement la couleur des yeux de chat, mais aussi le regard, qui se pose sur l’homme comme sur un objet en se refusant à rien échanger.

249 - [Folio, n° 167, p. 10]
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Requiem écarta sa veste, ouvrit sa chemise sur sa poitrine velue et enfonça la pointe de l’index sous son mamelon gauche.
— L’amour, dit-il, c’est là-dedans. Ce n’est pas ailleurs ni autre part.
Il attendait l’approbation d’Arsène, qui tarda un peu, et il ajouta :
— Les femmes, on croit qu’on en profite. Mais les femmes, elles ont des idées et les idées, ce n’est pas comme les poux, on ne peut pas les voir courir sur la tête.
Il se tut et s’absenta dans une certaine vision de l’éternel féminin.
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Sainte Marie, Mère de Dieu, laissez-moi grandir, je vous revaudrai ça dans mes prières. Ce qu’il me faudrait aussi, c’est une bonne paire de nichons. C’est peut-être ce qui me manque le plus. Je suis restée plate comme le dos de la main. Il y en a plus d’un pour me le dire. Les garçons, vous savez ce que c’est, pas gênés de vous mettre les mains n’importe où. Alors, moi, de quoi j’ai l’air. J’aurais seulement un bon corsage, je paraîtrais facilement seize ans. Je vous salue, Marie pleine de grâce.
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Voyez ce que c’est, dit-il, on est là qu’on cause et en fin finale, on se trouve qu’on est de n’avoir seulement rien dit. Bien sûr que ces histoires de la Vouivre, c’est vexant pour nous et la commune, mais il y a autre chose de plus grave. Oublions pas, cette fille-là, elle porte des milliards sur sa tête et ce qui arrivera, c’est qu’un beau jour, l’un ou l’autre essaiera de mettre la main sur son rubis. Si je vous disais que tout à l’heure, je n’ai pensé qu’à ça. La Vouivre, ses cuisses et tout le tremblement, je serais bien empêché de vous dire comment c’est foutu, mais le rubis, alors oui. Mais quoi, rien à faire, il a bien fallu que je m’en retourne les mains vides. Tellement que je l’avais sec, j’en crachais blanc comme du coton. C’est presque forcé qu’un de ces jours, il y en ait qui se fassent nettoyer la carcasse par les serpents de la Vouivre. Et quoi faire pour les empêcher ?
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