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Critique de MarcelP


Ce conte pour adulte a gardé toute sa fraîcheur. Parfois tendre, souvent cruel, il réactive un vieux mythe franc-comtois, celui d'une femme tentatrice, porteuse d'une mirifique escarboucle et gardée par une cohorte ophidienne.

Quand la Vouivre hante à nouveau les sous-bois de Vaux-le-Dévers, le prurit du lucre démange les hommes du village : l'énorme rubis que la peu chaste créature abandonne sur les lieux de ses baignades apporterait fortune et gloire à qui s'en emparerait... Mais le peuple vipérin veille sur sa maîtresse.

La présence de la Vouivre révèle à eux-mêmes les hommes qui sont "de l'étoffe dont sont faits" leurs rêves. Chacun lorgne le flamboyant bijou et la fortune assurée pour son propriétaire. Ainsi le cocasse pochard Requiem -fossoyeur shakespearien- projette de reconquérir sa princesse décatie, l'ignoble Robidet ; le calculateur Beuillat ambitionne une vie de marlou ; même le brave curé du village ne peut s'empêcher de songer à une nouvelle bicyclette...

Mais au-delà de la rencontre du merveilleux et du prosaïque, Marcel Aymé noue avec ce délicieux roman une intrigue amoureuse complexe et subtile. Arsène Muselier, son héros trop humain (quelques qualités et beaucoup de défauts) est écartelé entre quatre femmes : Louise, sa mère dévouée, Juliette (comme Capulet, est-ce un hasard ?), son amourette d'enfance, La Belette émouvante petite domestique idolâtre et la fameuse créature fantastique qui en vient à regretter son immortalité. le choix final d'Arsène résonnera comme une évidence.

Gorgé de paillardises roboratives et d'annotations drôlatiques, La Vouivre offre de pittoresques portraits : outre l'impayable Requiem, on ne peut qu'adorer la grande Mindeur, jument nymphomane ou se divertir des atermoiements de Voiturier, le maire pris entre République et calotte.

Aymé sans condition !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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