"L'observation scientifique est toujours une observation polémique ; elle confirme ou infirme une thèse antérieure, un schéma préalable, un plan d'observation ; elle montre en démontrant ; elle hiérarchise les apparences ; elle transcende l'immédiat ; elle reconstruit le réel après avoir reconstruit ses schémas. Naturellement, dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore. Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments, produit sur le plan des instruments. Or les instruments ne sont que des théories matérialisées. Il en sort des phénomènes qui portent de toutes parts la marque théorique."
"Dès lors, il ne suffit plus de dire que la matière nous est connue par l'énergie comme la substance par son phénomène, pas davantage il ne faut dire que la matière a de l'énergie, mais bien, sur le plan de l'être, que la matière est de l'énergie et que réciproquement l'énergie est de la matière. Cette substitution du verbe être au verbe avoir, nous la rencontrerons en bien des points de la science nouvelle. Elle nous paraît d'une portée métaphysique incalculable."
L'essence même de la réflexion, c'est de comprendre qu'on n'avait pas compris.
"Il est frappant d'ailleurs que les auteurs français aient gardé le mot spin en anglais comme s'ils voulaient laisser aux intuitifs la responsabilité de leur imagerie."
"L’énergie peut d’ailleurs, sous forme potentielle, occuper un volume sans limite précise ; elle peut s’actualiser en des points particuliers. Merveilleux concept placé comme un intermédiaire numérique entre le potentiel et l’actuel, entre l’espace et le temps ! Par son développement énergétique, l’atome est devenir autant qu’être, il est mouvement autant que chose. Il est l’élément du devenir-être schématisé dans l’espace-temps."
(…) dans cette zone où l’assimilation de l’irrationnel par la raison ne va pas sans une réorganisation réciproque du domaine rationnel », et pour qui, par conséquent, « la dualité statique du rationnel et de l’irrationnel est supplantée par les dialectiques de la rationalisation active
Nous ne sommes pas capables de descendre par l'imagination plus bas que par la sensation
Tout va de pair, les concepts et la conceptualisation ; il ne s'agit pas de mot qui changent de sens tandis que la syntaxe serait invariable, pas davantage d'une syntaxe, mobile et libre, qui retrouverait toujours les mêmes idées à organiser. Les relations théoriques entre les notions modifient la définition des notions autant qu'une modification dans la définition des notions modifie leurs relations mutuelles. D'une manière plus philosophique, on peut assurer que la pensée se modifie dans sa forme si elle se modifie dans son objet.
Mais reconnaître n'est pas connaître. On reconnaît facilement ce qu'on ne connaît pas.
L'essence même de la réflexion, c'est de comprendre qu'on n'avait pas compris.