C'était de plus en plus difficile de trouver de la place pour exposer les souvenirs que tu m'avais achetés sans en recouvrir d'autres. Il y en avait de tous les pays, des quatre coins du globe, voyage après voyage ma chambre devenait la mappemonde de ton absence quotidienne.
Je rentre vite, tu as répété, et j'ai compris que je devais rester où j'étais. Et donc j'étais là, debout, je te regardais t'en aller et j'apercevais la voiture de ton associé par la porte ouverte. J'étais là, à quelques mètres de toi, et je t'observais comme font les chiens quand ils comprennent qu'ils resteront à la maison. Et, comme les chiens, j'ai continué, même après ton départ à fixer la porte fermée.
Je suppose que pour toi aussi ça s’est passé de cette manière, la première fois que tu es arrivée ici. Un homme t’attendait, avec ton nom sur une feuille blanche, juste après la zone franche de retrait des bagages, et scrutait les visages un par un afin de deviner lequel associer à sa pancarte.