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4,03

sur 261 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'amitié qui naît et se développe peu à peu entre Vivian Daly, quatre-vingt-onze ans, et Molly, dix-sept ans, est le thème principal de ce roman. J'ai beaucoup aimé ces deux personnages qui s'avèrent avoir beaucoup de points communs, contre toute attente, par-delà la différence d'âge et les apparences.

Molly et Vivian sont toutes les deux des orphelines et des descendantes de peuples qui ont souffert d'injustices.

Molly est une Penobscot, elle est une descendante des Indiens wabanaki. Les Penobscot habitaient le territoire qui est aujourd'hui l'État du Maine. Molly porte le prénom de « Molly Molasses, une célèbre Penobscot née l'année précédant la déclaration d'indépendance des États-Unis. »

« Molly Molasses avait vécu jusqu'à quatre-vingt-dix ans […] Non, ce n'était pas des « primitifs » comme l'attestait leur structure sociale, éminemment complexe. Bien qu'ils se fissent traiter de sauvages, même l'illustre général Philip Sheridan a dû admettre que « [les Blancs] ont pris leurs terres et se sont approprié leurs moyens de subsistance. C'est à cause de cela et en rébellion contre cet état de fait qu'ils nous ont déclaré la guerre. À quoi d'autre pouvait-on s'attendre ? » »

Tout au long de ma lecture, j'ai senti que Molly, en plus d'être orpheline, portait aussi en elle ce lourd héritage, cette colère, ce sentiment d'injustice et de spoliation.

Molly est en apparence une adolescente rebelle, condamnée pour vol à une peine de travaux d'intérêt général qu'elle effectue chez Vivian, mais elle est aussi une jeune fille passionnée, qui aime lire (elle a volé un livre Jane Eyre, héroïne à laquelle elle s'identifie) et qui a de solides convictions, du caractère : elle est végétarienne, s'intéresse à ses études lorsque son professeur M. Reed enseigne l'Histoire et la culture des Indiens d'Amérique. Il leur propose un devoir en lien avec ce sujet qui va captiver Molly et lui permettre de se rapprocher de Vivian en l'interviewant.

Vivian a dû, elle aussi, tout quitter après avoir tout perdu, comme les Indiens wabanaki. Elle est d'origine irlandaise et, d'après sa mère, les forces de la Couronne britannique, au moment de l'indépendance irlandaise, déterminées à écraser les rebelles, avaient fait sauter les lignes de train, "ce qui avait ruiné l'économie de la région." La famille de Vivian avait émigré aux États-Unis.

Devenue orpheline, Vivian a connu "le Train des orphelins" qui, entre 1854 et 1929, amenait les enfants seuls ou abandonnés dans le Minnesota ou le Kansas pour qu'ils trouvent une famille ou, à défaut de parents, un toit, de la nourriture, en échange de leur travail.

Le roman alterne les chapitres qui se déroulent en 2011 et ceux consacrés à l'enfance et la jeunesse de Vivian. D'une manière pudique, car elle a beaucoup souffert et a peur d'être submergée par des émotions qui l'empêcheraient d'être forte, de faire face, Vivian raconte à la première personne du singulier les moments marquants de sa vie.

Le récit de Vivian est poignant et, comme Molly, j'ai été émue en percevant ce qui se cachait sous la carapace de la vieille dame, qui ne s'appelait pas Vivian et a dû changer plusieurs fois de prénoms, en fonction des désirs des familles qui l'accueillaient.

« Molly sent son coeur se contracter, comme s'il était pris dans un étau. Que d'émotions cachées derrière ces quelques mots ».

En 1929, qui pouvait adopter Vivian, si ce n'est une riche famille en mal d'enfant. Ainsi, Vivian a eu enfin, après avoir connu une misère atroce, la sécurité matérielle. Mais comment être heureux, lorsqu'on porte en soi un si lourd passé ?

« J'ai quatre-vingt-onze ans et la quasi-totalité des personnes qui ont un jour fait partie de ma vie sont maintenant des fantômes », dit Vivian dès le début. Ce sera finalement Molly qui lui redonnera le goût de vivre.

Enfant, j'avais découvert l'histoire du train des orphelins grâce aux livres de Joan Lowery Nixon La Famille dispersée et La Famille réunie. C'est un sujet qui depuis m'intéresse et j'ai beaucoup aimé la manière dont l'évoque Christina Baker Kline en mettant l'accent sur l'amitié et la solidarité intergénérationnelle.

Je vous souhaite à tous un joyeux Noël! Une petite pensée pour ceux qui sont seuls, comme l'étaient Vivian et Molly avant que leurs routes ne se croisent.

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1929 - Niamh, petite orpheline irlandaise expatriée aux cheveux roux flamboyants, passagère parmi tant d'autres enfants de ce "train des orphelins", parcourt un chemin bien plus escarpé et endure un destin beaucoup moins pétillant que celui "d'Anne, héroïne du livre de Lucy Maud Montgomery "Anne... la Maison aux pignons verts."

2011 - Molly, dix-sept ans, placée en famille d'accueil dans le Maine, doit effectuer des heures de travail d'intérêt général pour avoir volé un vieux livre dans une bibliothèque.
Niamh (devenueVivian), âgée aujourd'hui de plus de quatre-vingt-dix ans, propose à Molly de l'aider à ranger son grenier pour s’acquitter de sa dette. Les objets entassés depuis des années dans les cartons ravivent les souvenirs de la vieille dame...

J'ai tellement aimé cette histoire que je pourrais la lire une seconde fois si je n'avais pas une PAL qui ne cesse de s'accroître. L'écriture de Christiana est agréable, fluide, juste.
Même si cette fiction est terriblement émouvante, qu'elle flirt avec la misère humaine, la pauvreté et la crasse, l'histoire n'est jamais mièvre ni pathétique. L'alternance entre deux époques rend la lecture encore plus dynamique et donne, au fil des pages, de plus en plus de corps aux personnages. Je suis toujours fascinée par ces auteurs talentueux, capables d'une telle prouesse.
Mais, que vais-je lire après ça ?
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Très beau roman. L'auteur évoque un pan inconnu de l'histoire des Etats-Unis. de 1854 à 1929, de nombreux orphelins étaient transportés dans des trains, faisant arrêt dans chaque gare pour rencontrer une famille potentielle.
Les bébés avaient le plus de chance d'être accueillis dans une famille aimante.
Quant aux autres enfants plus âgés, ils allaient devenir des domestiques pour les filles et des garçons de ferme pour les garçons. Ils vont connaître la faim, la solitude et parfois les coups. J'ai été révoltée par le traitement subi par ces enfants, ces "rencontres" ressemblaient plutôt à des foires aux bestiaux.
Une très belle fin émouvante, pleine d'espoir.
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Avec "Le train des orphelins" j'ai pris connaissance d'un fait divers qui m'était jusqu'alors inconnu. Christina Baker Kline s'est très bien documentée avant de consacer son roman à ces milliers d'enfants qui, pendant des années, ont voyagé à bord des trains, pour rejoindre les familles d'accueil. Si les bébés avaient plus de chance de trouver une famille aimante, les enfants plus âgés étaient souvent considérés comme une main d'oeuvre gratuite et leur sort n'avait rien à envier.

Le fait de raconter en parallèle l'histoire de deux orphelines en alternant le passé et le présent a très bien fonctionné pour rendre le récit plus vivant. Je me suis bien sûr plus intéressée au sort de Niemph-Vivian confrontée dès ses neuf ans à une série de malheurs et de mauvaises rencontres, même si l'enfance de Molly, ballottée d'une famille d'accueil à une autre, n'est pas non plus des plus faciles. La curiosité, l'admiration, le mépris, la compassion, l'incompréhension, le dégoût, ce roman a suscité toute une palette d'émotions. Certains passages sont assez prévisibles, d'autres m'ont surprise mais je me suis laissée facilement captiver par cette histoire hors du commun.
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4.5/5 : le Train des orphelins est un livre d'une incroyable humanité, d'une passionnante vérité, c'est une rencontre entre deux histoires, deux femmes, deux vies.

J'aime beaucoup ce genre de romans où une femme d'un certain âge croise la route d'une jeune adolescente à la dérive. D'un côté il y a une femme pleine d'expérience, qui a vécu une vie terrible mais riche de leçons; de l'autre il y a une jeune fille qui est perdue, qui ne croit plus en rien ni personne : et là, la magie opère ! Parce que la vie est cheminée de rencontres et que ces dernières définissent une grande partie de notre existence : une rencontre peut changer notre destin, en voici la preuve !

La clé pour faire d'un tel livre un excellent roman est de faire en sorte que l'histoire qui se déroule au présent et l'histoire du passé (les flashbacks) soient aussi passionnants l'un que l'autre, il faut que le lecteur s'attache aux deux protagonistes centraux et il faut qu'il aime chacune de leur existence. J'ai aimé autant Vivian que Mollie : l'une pour sa grande perspicacité et sa force intrinsèque, l'autre pour sa grande détresse et sa fragilité. Chacune apprendra à l'autre, chacune se renforcera avec l'autre. Petit détail positif : elles aiment lire !

Les deux histoires s'entremêlent harmonieusement et on enchaîne les chapitres et les pages avec grand plaisir, j'ai été très émue de quitter ces deux êtres qui m'ont accompagnée pendant un petit bout de chemin. La fin est touchante et nous permet de refermer le livre avec un pincement au coeur mais aussi le sourire. Cette lecture est d'autant plus agréable que le style de Christina Baker Kline est vraiment très agréable à lire.

En définitive, un très beau voyage, embarquez sans hésiter dans le Train des orphelins !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Ce roman historique relate des événements que l'on ne connaît pas vraiment et qui font partie de l'histoire américaine. Personnellement je n'en avais jamais entendu parlé avant.
L'auteur écrit très bien et décrit les voyages de nombreux enfants orphelins qui ont été envoyés dans des trains vers d'autres États pour y être adoptés.
le processus d'adoption vécus par ces enfants au cours des premières années est juste horrible.

Beaucoup d'enfants étaient essentiellement utilisés comme esclaves dans les fermes et les usines, bien que certains aient trouvé des foyers aimants et stables.

Je trouve que c'est un excellent livre. L'histoire est vraiment très intéressante et ce roman permet de comprendre ce que ces enfants ont endurés.
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Voici un emprunt médiathèque totalement inattendu et qui m'a pleinement convaincue.
Le train des Orphelins nous raconte l'histoire de ces centaines d'orphelins américain, qu'on expédiait de New York jusqu'au Midwest entre 1854 et 1929 dans ces trains spécialement affrétés, et qui étaient ensuite proposés à l'adoption dans les gares où le train faisait étape. Malheureusement, hormis pour les bébés, très recherchés par les couples en mal d'enfants et choyés dans leurs nouveaux foyers, l'aventure n'était que rarement heureuse pour ces enfants, bien plus souvent considérés comme de la main d'oeuvre à bon marché, ouvriers agricoles ou petites mains.

L'autrice Christina Baker Kline s'est beaucoup documenté pour rédiger ce roman, et ça se sent. D'ailleurs, c'est dans l'histoire familiale de son mari qu'elle a trouvé sa première inspiration.
Voilà pour la grande Histoire.
Mais le train des Orphelins est bien un roman, même s'il se base sur des faits réels. le roman est construit sur une double temporalité, principe narratif que j'aime beaucoup en général.
En 1929, nous suivons la jeune Niamh Power. Débarquée d'Irlande et installée à New York avec sa famille, un drame va la propulser dans ce fameux train d'orphelin. Parallèlement, en 2011, nous suivons la jeune Molly, 17 ans, qui vit en famille d'accueil. Suite à un petit larçin, elle va devoir vider le grenier de Mme Daly, une vieille dame aisée, dans le cadre de ses travaux d'intérêt général.

Le parallèle entre ces deux jeunes filles est vraiment intéressant. Toutes deux orphelines (ou presque, ne leur reste qu'une mère incapable de prendre soin d'elles), mais aussi toutes deux descendantes de peuples martyrs et déconsidérés : Niamh est irlandaise, ce qui n'était pas vu d'un bon oeil en 1929, tandis que Molly a des ascendances indiennes du côté de son père. C'est elle-même d'ailleurs qui fera le lien entre elles, avec son exposé sur le portage (encore un concept que je ne connaissais pas!)

Le récit principal reste celui de Vivian Daly, qui égrène ses souvenirs au fur et à mesure du déballage des cartons par Molly. Son parcours est vraiment poignant et m'a plusieurs fois brisé le coeur. Je sais que la vision de l'enfance et des orphelins était bien différente à l'époque, un enfant n'avait que peu de valeur ; mais avec nos perceptions modernes, lire de tels récits est bien difficile. J'ai pensé à Anne Shirley, d'ailleurs il en est fait mention car Vivian a une histoire avec ce roman ; malheureusement toutes les histoires d'adoption ne se passaient pas aussi bien que chez les Cuthbert. Je me suis énormément attachée à nos deux orphelines, Niamh surtout car les difficultés qu'elle traverse ne peuvent que nous émouvoir, mais Molly aussi, à mesure qu'elle s'ouvre aux autres et accepte de porter et défendre l'héritage de son peuple.

En conclusion, un roman très réussi pour moi : je l'ai lu très rapidement, sans aucun ennui, le style est agréable et fluide ; et j'ai ressenti beaucoup d'émotions, mais j'ai également appris beaucoup. L'équilibre parfait.
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J'ai découvert ce livre un peu par hasard, attirée par la couverture et le résumé.
Mollie est une jeune orpheline de 17 ans. Elle a été de famille d'accueil en famille d'accueil, c'est une adolescente révoltée et amère. Un peu (beaucoup) perdue, elle a énormément de mal à faire confiance. Un jour, désirant désespérément avoir son propre exemplaire de Jane Eyre, elle en vole un exemplaire à la bibliothèque. Elle va bien sûr se faire attraper et sera forcée de faire des heures d'intérêt général. Sa tâche sera d'aider une vieille dame, Vivian Daly, à ranger son grenier.
D'abord révoltée et faisant preuve de mauvaise volonté, Mollie va finalement se prendre au jeu, et ces deux personnages vont s'apprivoiser. Entre ces deux écorchées vives va se nouer une profonde amitié, elles ont énormément en commun, à commencer par une enfance dévastatrice.
Le nom de Vivian n'a pas toujours été celui-ci. Lorsqu'elle était jeune, elle s'appelait Niamh. Et elle était une orpheline de 7 ans, dans un train en direction de l'Ouest pour se faire reloger dans une famille rurale. Avec le train des orphelins, Christina Baker Kline revient sur un épisode relativement inconnu de l'histoire des Etats-Unis : L'Orphan Train Movement. Sous l'influence d'une oeuvre de bienfaisance et de son fondateur, Charles Loring Brace, c'est un relogement qui se veut humanitaire. Des enfants pauvres, abandonnés ou orphelins, vivants dans les rues ou dans des orphelinats surpeuplés vont être déplacés en train de l'Est des Etats-Unis jusque dans les zones rurales du Nord-Ouest, afin d'essayer de leur offrir une vie meilleure, en s'éloignant de la pauvreté, du peu de nourriture et de soin et d'aucun accès à une éducation, même partielle.
(Mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Née en Angleterre, Christina Baker Kline a grandi dans le Maine, aux États-Unis. Auteur de cinq romans et essais, c'est avec le Train des orphelins, inspiré de l'histoire familiale de son mari, qu'elle a véritablement découvert le succès. le Train des orphelins est son premier roman à paraître en France. ​De l'Irlande des années 1920 au Maine des années 2000, en passant par les plaines du Midwest meurtries par la Grande Dépression, c'est un roman ample et lumineux, dans lequel s'entremêlent les voix émouvantes de deux orphelines, ballottées de foyers en foyers mais c'est aussi le prétexte pour l'auteure de revisiter tout un pan méconnu de l'histoire de l'immigration américaine.

Grâce au récit poignant de l'enfance de Vivian Daly, une vieille dame irlandaise de 91 ans, Christina Baker Kline revient sur la déportation de milliers d'enfant pauvres, maltraités, abandonnés ou orphelins, que l'on envoyait par trains entiers depuis la côte est des États-Unis vers le Midwest, entre 1854 et 1929. À l'origine de ce mouvement, un ministre méthodiste, Charles Loring Brace, qui, en réaction à l'augmentation drastique de la population d'orphelins et d'enfants abandonnés vivant dans les rues de New-York durant l'époque industrielle, a fondé la Children's Aid Society, une oeuvre de bienfaisance, destinée à offrir une vie meilleure à ces enfants défavorisés en les relogeant dans des familles rurales du Midwest américain. Les orphelins de tous âges, recueillis par l'institution, étaient alors encadrés par deux ou trois adultes puis chargés dans des trains en partance pour les États de l'ouest. Ce sont ces trains, les trains des orphelins, qui ont donné leur nom à ce mouvement.

Au début du roman, l'auteure décrit très bien comment ces enfants voyageaient durant des centaines de kilomètres dans des conditions effroyables et faisaient halte dans un certain nombre de petites villes où les autorités locales avaient réuni les familles qui souhaitaient adopter un ou plusieurs enfants. Présentés sous leur meilleur jour, les enfants étaient alors regroupés, parfois dans une salle, parfois même dans la gare où ils arrivaient, puis exposés comme pour une foire aux bestiaux. Ces orphelins étaient adoptés gratuitement sous réserve qu'ils aident leurs parents adoptants dans divers travaux de la ferme ou de la vie domestique. Les adoptants, eux, n'ayant pour seule obligation que d'offrir aux enfants une vie meilleure...

«Peut-être que quelqu'un voudra de moi. Peut-être vais-je avoir une vie dont je n'aurais jamais rêvé, dans une maison lumineuse et confortable, où il y aura plein à manger, du cake tiède et du thé au lait aussi sucré que je le désire.»

«Alors que nous examinons les gens qui se mettent en file indienne et commencent à gravir les marches qui mènent à l'estrade, j'ai l'impression d'être une vache, comme celles de la foire agricole de Kinvara où mon grand-père m'emmenait.»

Bien que Christina Baker Kline se garde de tout jugement, le lecteur, lui, comprend très vite les dérives de ce mouvement qui, sous couvert d'une bonne dose de valeurs chrétiennes, avait surtout pour but de désengorger les orphelinats, vider les rues surpeuplées de New-York et les débarrasser de leurs délinquants et vagabonds. Comment ne pas s'indigner de voir ces enfants examinés et palpés comme lors d'un marché aux esclaves ! Parce que la Children's Aid Society n'avait mis en place aucun moyen de vérification du bien-être des enfants qu'elle s'occupait de reloger, on comprend que dans de très nombreux cas, il s'agissait surtout pour les familles adoptantes d'obtenir un supplément de main d'oeuvre gratuite, les enfants devenant en quelque sorte des esclaves des temps modernes, corvéables à merci !

La petite Vivian, âgée de 7 ans à l'époque et tout récemment arrivée d'Irlande, raconte comment elle en est venue à embarquer à bord d'un de ces trains des orphelins, sans savoir qu'elle vivra un long et cruel voyage et sera quasiment réduite en esclavage pendant toute son enfance... C'est tout simplement révoltant !

«Qu'elle est misérable votre enfance quand on se dit que personne ne vous aime ou n'a envie de s'occuper de vous, lorsque l'on est toujours l'étranger qui contemple du dehors ce qui se passe à l'intérieur. J'ai l'impression d'avoir dix ans de plus que mon âge. J'en sais trop. J'ai été témoin du pire dont sont capables les gens, je les ai vus désespérés et égoïstes, et le fait d'avoir vu cela m'a rendue méfiante. Alors j'apprends à faire semblant, à sourire et à hocher la tête, à faire montre d'une empathie que je ne ressens pas. J'apprends à me fondre dans la masse, à ressembler à tout le monde, alors même qu'intérieurement je me sens brisée.»

Pourtant, si l'enfance de Vivian a été semée de drames et de catastrophes, son histoire aura également son lot de réjouissances.

«C'est donc dans la nature humaine de croire qu'il y a une raison à toutes choses et de se dire que mêmes les pires expériences ont une signification, si insignifiantes soit-elle ?»

Résilience, générosité et transmission sont au coeur de ce roman terriblement émouvant, inspiré à Christina Baker Kline par une surprenante histoire de famille...

Le train des orphelins est une magnifique et bouleversante reconstitution d'un épisode méconnu de l'Histoire des États-Unis. Une histoire exceptionnelle, poignante, comme un cri du coeur...
Lien : http://histoiredusoir.canalb..
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j'avais repéré ce roman il y a deux ou trois mois et sortant d'une lecture assez intense, je me suis laissée tenter.
Sans être à un rythme effrené, l'intrigue du roman se déroule avec régularité et quelques coups d'accélérateurs autour des deux destins qui sont assez parallèles : celui de Viviane autrefois Niamh orpheline irlandaise envoyée dans l'Ouest par l'un de ces trains d'orphelins en 1920 et Molly adolescente orpheline et rebelle de 2011 qui cherche sa voie.
C'est une histoire à la psychologie assez fine, bien écrite et dont les aspects tragiques mais réalistes sont compensés par les bons sentiments et les belles rencontres, les petits bonheurs et les gestes simples.
en bref : une jolie lecture sur un fait redécouvert de l'histoire étatsunienne.
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