Enfin, on y était. Aux premiers signes du crépuscule, endimanchées et coiffées, Denise, Léonce et Lucienne se mirent en route en promettant à leurs parents de se tenir à carreau et de rentrer avant minuit. Promesses envolées bien sûr sitôt que Soilly fut hors de portée. La brise était trop réjouissante pour tenir ce genre d’engagement.
Et surtout, elles avaient quinze ans.
Les trois amies s’étaient préparées en vue du bal comme pour un spectacle. Pendant plus de deux semaines, elles avaient cousu leurs robes, ciré leurs souliers, répété leurs pas de danse.
Ce devait être une soirée mémorable qui changerait sa vie à jamais. Ce le fut. Mais pas pour les raisons que Denise avait escomptées
On devrait avoir le choix de caner où ça nous botte.
Parce que tout ce qui est arrivé hier a donné naissance à ce qui arrive aujourd'hui. De tout ce qui arrive aujourd'hui découle ce qui arrivera demain.
Solène nous livre ici, encore une fois, un petit bijou.
- Détrompez-vous, mademoiselle, certaines choses sont immuables. On ne refait pas le chemin à l'envers, comme on ne force pas les gens à vous aimer.
page 63.
Les gens peuvent penser ce qu'ils veulent, ça ne change rien au fait qu'on a toujours de bonnes raisons de faire ce qu'on fait.
S'il y a bien une chose que l'existence lui a apprise, c'est que la mort ne s'attrape pas. Elle vous cueille, elle décide, si bien qu'elle en surprend certains en plein vol et en oublie d'autres des siècles après l'atterrissage.
Il a sûrement oublié des tas de choses, la mémoire, c'est comme l'emmental, c'est bourré de trous.