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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La conversion" est le premier roman de James Baldwin, un grand auteur américain revenu sur le devant la scène littéraire en France il y a quelques années seulement, depuis le succès du documentaire de Raoul Peck qui lui était consacré.

Par le truchement du récit autobiographique, "La Conversion " récrit en 1952 raconte l'examen de conscience de John, le jour de ses 14 ans, en attente d'une révélation mystique.

Dès ce premier roman, James Baldwin plaide la cause des Noirs et de leur lutte pour l'égalitéUn grand premier roman dans lequel on ressent les promesses du grand romancier en devenir!


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Ce roman m'a créé de vraies montagnes russes d'émotions. de l'enthousiasme à la frustration, de l'espoir au découragement, j'ai espéré jusqu'à la fin ressentir un wow unilatéral qui ne s'est pas présenté. Pourtant, il y a des moments de grâce dans ce livre qui font que ma quête de cet auteur n'en restera pas là.
Ce premier roman de James Baldwin s'inspire fortement de sa propre vie. Il met en scène un jeune garçon, comme lui, noir et illégitime; élevé par un pasteur illuminé, rempli de colère, qui prône un Dieu inspirant la crainte plutôt que l'amour. Ce pasteur, Gabriel Grimes, s'empêtre dans les racines du mal, de la haine, «  l'arbre le plus puissant qui fût dans tout le pays de John » John étant son fils aîné, enfant de la seconde femme de Gabriel, Elizabeth, qui était tombé enceinte de Richard, décédé de façon violente après une arrestation arbitraire et musclée. John est un enfant de la honte.

« la honte, à moins que le miracle d'un amour humain ne l'en délivre, était tout ce qu'elle avait à offrir. »

Le roman se passe en 1935, lors de la journée d'anniversaire de John, il a 14 ans. L'auteur raconte le combat spirituel et l'éveil à la vie et à la société raciste du jeune adolescent avec, et en parallèle, l'histoire raciale de ses parents et grands-parents qui a forgé cette vie misérable à Harlem, après le Sud et Chicago. le Nord, le supposé Eldorado, n'apporte que crasse, tentation et danger, situations envenimées par des discours de pasteurs tous aussi profiteurs les uns que les autres.

«  ils plaisantaient en comparant le nombre d'âmes qu'ils avaient sauvées, comme s'ils avaient compté leurs points dans une salle de billard. »

Le pasteur Grimes est l'acteur principal de ce roman, plus encore que John. Par lui et ses deux vies, les excès amour haine se confondent et les femmes de sa vie en subissent les conséquences. Même si sa mère et le Sud sont précurseurs de sa foi et son combat spirituel, l'esclavage révélant le prophète qui déclame sur l'enfer, Gabriel brûle d'un feu soutenu et inspire la crainte dans une attitude bienveillante.

« …les yeux de sa mère ne le quittaient pas un instant; sa main, pareille à des pinces brûlantes, agrippait la braise tiède de son coeur et suscitait chez lui, à la perspective de la mort, une autre terreur, plus glacée encore. »

J'ai un profond respect pour cette écriture dense et catastrophique. La vie de ces noirs qui ont en tête des images dures et des inégalités dramatiques m'émeut beaucoup. J'ai plus de difficultés avec la prédication et la manipulation divine. Les sermons m'exaspèrent et suivre la voie de Dieu, très peu pour moi. Donc, la conversion de John ne pas pas convaincu mais…
« …mais y a des choses, on dirait, on peut pas les oublier comme le vent. »
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Ce premier roman, devenu un classique aujourd'hui, écrit en 1952 (titre original "Go tell it on the moutain= "Va le dire sur la montagne" en traduction littérale) est paru en France pour la première fois en 1957 sous le titre "Les Elus du Seigneur" et publié à La Table Ronde. C'est un des premiers livres parus sur la condition des Noirs et le plus connu de l'auteur.
Il vient d'être réédité en 2017, chez Rivages avec un nouveau titre "La conversion" et une nouvelle traduction.
C'est un roman qui présente un grand intérêt sociologique, car il est en partie autobiographique. Il est d'ailleurs considéré comme un texte fondateur pour des auteurs plus jeunes, comme Tony Morrison et Maya Angelou.

L'auteur nous raconte à travers l'histoire de John Grimmes, un ado de 14 ans, la vie d'une petite communauté noire de Harlem au tout début du XXe siècle. Cette vie est rythmée par les sermons, les prières et les chants de Gospel. Rien à voir avec les pratiques des catholiques en Europe.
La noirceur est partout, d'abord tous les personnages sont noirs, et même leur logement misérable est envahi en permanence d'une poussière noire impossible à supprimer, et qui semble toujours se déposer sans fin sur le sol et les tapis, malgré les heures passées à nettoyer les maisons.
John réalise le jour de ses 14 ans que son destin est fixé par avance : il sera prédicateur comme Gabriel, son père. C'est ainsi, quand on est issu d'une communauté si pieuse, mais le père voudrait que ce soit son jeune fils Roy qui le devienne. le lecteur comprendra pourquoi au cours de la lecture.
John vit donc une véritable crise de conscience : il rêve d'être libre, de mener sa vie selon ses propres désirs. Mais il va devoir accepter le déterminisme social, tenter de se rebeller, puis durant une longue nuit de prières collectives, trouver sa propre voie...

Mon avis...
L'auteur s'interroge sur la religion et les non-dits familiaux sur fond de ségrégation raciale en Amérique du Nord dans les années 30. Il décrit une Amérique qui ressemble encore beaucoup à celle d'aujourd'hui et où les gens sont finalement très seuls. le roman retrace la lutte intérieure de John qui découvre qu'il ne pourra jamais avoir la vie d'un Blanc.
La famille de John apparaît comme une famille tourmentée par son passé, par des non-dits mais aussi par la crainte réelle que leurs enfants tombent dans la délinquance (ce qui est le cas de Roy).

Le roman se déroule principalement dans une église de Harlem le jour des 14 ans de John. Il vient d'être battu par son père, qui frappe aussi la mère. Il s'interroge sur sa vie comme l'a fait à cet âge Baldwin, sur la sincérité de sa foi, sur ses attirances sexuelles particulières (il est attiré comme l'auteur par les garçons), sur sa relation aux Blancs, sur le péché et la rédemption. Il est en effet tenaillé par la culpabilité et poursuivi par le poids de ce qu'il pense être un péché.

Le roman est découpé en plusieurs parties distinctes. C'est un roman choral qui donne tour à tour la parole aux différents personnages.
John occupe la première partie (et la dernière). L'auteur campe l'ambiance de la petite communauté et présente les différents personnages du livre.

Dans la seconde partie, le lecteur découvre le passé de la famille grâce à de nombreux retours en arrière.
C'est d'abord Florence, la soeur de Gabriel, qui nous parle de sa jeunesse, puis Gabriel qui se justifie sur sa vie, et enfin Elisabeth, la mère de John...
Le lecteur apprend ainsi que le père devenu prédicateur, a mené une vie dissolue dans sa jeunesse et a commis des erreurs irrémédiables. Il a effet abandonné Esther, sa jeune copine, en apprenant qu'elle était enceinte. Il s'est ensuite marié avec Deborah qui n'a jamais pu avoir d'enfants, ayant été violée par une bande de Blancs durant son adolescence. Enfin, lorsqu'il quitte le sud, Florence sa soeur, qui a quitté très tôt la famille car elle était révoltée par l'attitude de Gabriel et son côté dépravé, lui présente Elisabeth avec qui il se mariera, espérant ainsi racheter ses fautes passées...

'ai aimé le personnage de John et ses tourments de jeune ado..quand on sait que Baldwin est devenu prédicateur à 14 ans, et ce durant près de trois ans, on voit tout de suite le lien entre lui et son personnage. Et on comprend aussi mieux pourquoi il est plein de contradictions en ce qui concerne la religion.

J'ai aimé la façon dont l'auteur mêle le passé et le présent, la vie communautaire et personnelle mais aussi les réflexions sur la condition des Noirs et la condition de la femme au sein du peuple Noirs, mais aussi face au racisme des Blancs.
La religion a bien entendu un très grand rôle dans ce roman.
L'auteur parle de la foi de cette famille à chaque page. Un certain mysticisme traverse le roman, qui est entrecoupé par de nombreuses références bibliques et cela m'a souvent dérangée. Cependant cela permet au lecteur d'entrer dans l'ambiance de cette petite communauté évangéliste. Les noirs étaient très croyants et pensaient tous que leur sauveur ne pouvait être que Dieu.
J'ai cependant trouvé un peu longue la toute fin, quasiment onirique, durant la nuit où John découvre quel sera son destin.
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LA CONVERSION de JAMES BALDWIN
John a 14 ans, il vit avec Roy son frère aîné, Sarah sa soeur, Elizabeth sa mère, Gabriel son père et tante Florence, soeur de Gabriel. La famille est très croyante, la religion tient une place centrale chez les parents. John est perçu comme un prédicateur en puissance, comme le fut son père, pour Roy on a abandonné tout espoir, d'ailleurs le jour des 14 ans de John il revient à la maison le visage entaillé d'un coup de couteau. Gabriel utilise souvent sa ceinture comme outil d'éducation avec les garçons, Elizabeth appelant à prier pour calmer les esprits. Ils vont souvent tous ensemble à l'église où officie Elisha, Florence réalise qu'elle ne sait plus prier, se souvient de Gabriel quand il était jeune avant de devenir prédicateur et se dit que, si lui est »l'oint de Dieu », elle préfère mourir, car si aujourd'hui c'est un homme exigeant pour ses enfants en terme de morale, il eut une vie dissolue qui gâcha celle de bien des personnes et elle ne se prive pas de le lui rappeler. L'ambiance est souvent tendue, Roy traite souvent son père de »salopard de nègre » et John déteste aussi Gabriel voyant dans son prochain baptême un lien direct avec Dieu lui permettant de lui échapper!
C'est le premier roman de Baldwin, celui qui l'a fait connaître et il est à forte connotation autobiographique. L'histoire du père, Gabriel, qui passera de mauvais garçon à prédicateur, quittera le Sud pour New York, essayant d'oublier son passé, malgré les rappels de sa soeur qui le déteste, est passionnante et laissera des traces profondes chez John qui subira ses brimades, le tout sur un fond de ségrégation ultra présent. C'est loin des meilleurs romans de Baldwin mais c'est un indispensable si on s'intéresse à l'écrivain en tant qu'homme.
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Communauté Noire de Harlem au seuil des années 30. A partir du portrait d'individus d'une même famille et de leur itinéraire rétrospectif , James Baldwin par le biais d'une Ecriture simple mais précise et soutenue, utilise la pratique religieuse et sa place dans la communauté comme fil rouge d'un récit dans lequel il illustre magistralement comment celle ci est à la fois un puissant vecteur de consolidation sociale et identitaire, un ferment de solidarité mais également un puissant frein à une certaine forme d'émancipation individuelle couplé à une acceptation de sa condition de dominé ou l'autodiscipline comportementale ne semble être rien d'autre qu'une violence sociale que l'on retourne contre soi et le siens.
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James Baldwin, auteur majeur de la littérature afro-américaine, dénonce dans son oeuvre la condition des noirs américains victimes de la ségrégation et de la violence dans une société dominée économiquement et culturellement par les Blancs. Dans La Conversion (Go tell it on the mountain), actuellement épuisé, l'auteur nous livre un portrait saisissant des noirs américains dans la période entre les deux guerres en donnant la parole à ceux qui ne l'ont jamais eue. Au centre du roman, John, âgé de quatorze ans, vit au cours d'une veillée de prière un véritable combat spirituel entre ses aspirations à la liberté et sa haine pour son beau-père Gabriel, diacre de l'église Pentecôtiste de Harlem, qui le traite avec violence, lui préférant son demi-frère, Roy. Il est entouré de sa mère, Elizabeth, Gabriel, son beau-père, la soeur de celui-ci, Florence et du choeur des Saintes femmes. Pendant cette veillée, porté par le rythme des prières et des chants, chacun plonge dans son passé et revoit défiler le fil de sa vie. Resurgissent les vérités enfouies, les frustrations, les rêves brisés et les amours perdus sur fond de pauvreté et de violence raciale. Aucun ne sortira indemne de cette immersion en eau profonde.
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Texte fondateur, James Baldwin nous raconte l'histoire d'une famille noire à New York face au racisme et à la ségrégation. Propos parfois quelque peu "agressifs" vis-à-vis des blancs. John est confronté à un père intransigeant : le mal présent partout selon lui, le contraint à exiger de son fils une attitude rigoureuse et respectueuse. Trop souvent violent, son fils finit par le détester et décide de quitter sa famille.....
La vie spirituelle est présente dans ce livre par des citations de versets de la Bible et autres prophètes. le Bien et le Mal s'affrontent sans cesse dans la tête des différents membres de cette famille.
L'oeuvre de James Baldwin a marqué à jamais l'histoire de la littérature.... Auteur remarquable
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Johnny Grimes est un enfant né dans une famille noire chrétienne de Harlem. Depuis tout petit, il est forcé d'assister aux rites, de prier, de chanter, de participer aux offices du weekend et d'accomplir les tâches que la communauté chrétienne et son père demande de lui. C'est un bon aîné de famille. Il deviendra bientôt prêtre et prendra la place de son père. Mais il n'en peut plus. Il n'a plus envie de continuer à marcher sur ce chemin. Il n'a pas envie de devenir comme son père.

Florence est la tante de John. Née au sud, elle s'est toujours occupée de sa mère malade. Jusqu'au jour où elle décide de partir. Elle quitte alors son frère et sa mère pour le nord, afin de trouver un avenir plus radieux, un homme qui l'aimera, des conditions meilleures.

Gabriel, le père de John, cache un secret terrible qui le torture au quotidien. Même prêtre, il a aussi ses démons, que personne ne soupçonne. Quelle est la source toute cette haine et cette colère renfermée dans cet homme à la sainteté douteuse ?

Elizabeth est la mère de John. Amie avec Florence depuis l'enfance, elle s'est retrouvée à marier Gabriel. Par amour ? Sûrement pas. Par nécessité ? Peut-être. A défaut de mieux ? Certainement.

Inspiré de son enfance dans une communauté religieuse à Harlem, James Baldwin livre ici tout son ressenti sur la religion dans un premier roman qui nous frappe. Il nous parle de son père, que le fanatisme et la peur mettent à genou, rendent cruel et le font abuser sa famille. Il ne suffit que d'un regard déplaisant pour être corrigé verbalement et physiquement, remit au pas et agir comme un fidèle se doit.

Nous avons l'église qui symbolise la sainteté, le droit chemin, une belle communauté accueillante qui mène vers l'absolution ultime, qui contraste fortement avec l'image de la rue, là où les vices se donnent rendez-vous, où le gin sale remplace le vin saint et les meurtres et viol se substituent aux actes nobles.

Un récit qui vous coupera le souffle, et qui laissera longtemps dans votre esprit les chants noirs des fervents chrétiens de la communauté de Harlem.

James Baldwin confiait, à propos de son premier roman: “I had to deal with what hurt me the most. I had to deal with my father.”

“The darkness of his sin was in the hardheartedness with which he resisted God's power.”
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Go Tell It On The Mountain est une lecture longue, dense, exigeante. Elle n'est pas longue par son nombre de pages, mais par la richesse de la réflexion que partage son auteur. Elle n'est pas dense par son caractère désordonné, mais au contraire par sa construction riche et profondément satisfaisante, dans le sens où lorsque le roman s'achève, le lecteur ne peut qu'être secoué par ce qu'il vient de découvrir. Elle n'est enfin pas exigeante à cause d'un propos incompréhensible, mais justement parce que ce que raconte Baldwin ne nous parle que trop bien, et nous pousse à interroger notre propre intériorité, notre propre histoire, quand bien même le destin de ce jeune adolescent noir à Harlem et celui de sa famille nous sont on ne peut plus étrangers.



Ce livre se déroule sur un laps de temps extrêmement resserré, une messe, un prêche, à peine une heure, mais il s'étale en réalité sur des décennies et des décennies en revenant sur les parcours de plusieurs de ses personnages.

Il y a John, dont personne ne mettra plus de quelques pages à comprendre qu'il s'agit de l'avatar de James Baldwin.

John a quatorze ans. John est perdu, haï par son père, isolé dans son propre foyer, à la dérive. Mais John s'apprête à connaître une révélation, une épiphanie, qui va bouleverser son existence.

Et puis autour de lui, comme une nouvelle sorte de trinité, il y a les adultes.

Il y a Florence, sa tante. Florence et son mariage entaché de tellement de souvenirs malheureux, Florence qui, si elle a beau être là désormais, restera toujours aux yeux de son frère celle qui a déserté la maison familiale.

Il y a Gabriel, son père. Gabriel est pasteur, terrifiant d'autorité, maître partout où il pose les pieds. Mais ça, c'est comme partout, c'est uniquement la théorie.

Il y a Elisabeth, sa mère. Elisabeth si silencieuse, si docile, qui révère son mari, à moins qu'elle ne soit en réalité trop apeurée par sa personnalité envahissante pour oser protester. Ou trop reconnaissante ?



Petit à petit, les voix lancinantes et plaintives de ce quatuor se déploient, en des "prières" même, comme sont intitulés les chapitres qui leur sont à chacun consacrés. Ensemble, ces témoignages forment une complainte terriblement émouvante, celle de toute une famille sans repères, qui ne cesse de se heurter sans cesse à la violence dans ce qu'elle a de plus déshumanisant, qui se sent comme condamnée à répéter sans cesse les mêmes erreurs. Mensonges, tromperies, trahisons, envers les autres, envers soi-même.



La question qui se forme enfin est celle de l'identité, bien évidemment, celle que l'on croit avoir, celle que l'on s'est vu assigner, celle que l'on aimerait acquérir. Ici, c'est celle d'enfant de ou de parent de, d'individu ou de membre d'une communauté, d'étranger ou de citoyen, d'allié ou d'ennemi, bref, autant d'étiquettes contradictoires qui vont pourtant souvent se superposer. C'est magnifiquement écrit, c'est poignant, c'est mûrement réfléchi - digéré même - par un auteur qui ne parvient jamais tout à fait oublier que c'est avant tout son propre destin qui se joue sous les yeux de ses lecteurs.



On comprend donc très vite la renommée de James Baldwin à partir de ce simple texte, qui parvient par sa simplicité apparente à retourner le lecteur, à éveiller sa haine, sa compassion, son doute, pour un roman marquant à plus d'un égard, et qui atteint des sommets dans la tension dramatique - ne serait-ce qu'avec son épilogue. A découvrir sans hésiter !
Lien : https://mademoisellebouquine..
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Ils sont quatre. le jeune John, sa tante Florence, son beau-père Gabriel, sa mère Elisabeth.
Ils sont quatre investis tour à tour par l'auteur, quatre à traverser cette nuit à l'Eglise en compagnie de quelques fidèles. Quatre à se tourmenter sur leurs destins ; John à l'avenir incertain et sa famille hantée par un douloureux passés.

La précision de la plume, la force de l'analyse, la finesse du portrait de cette famille : oui, on est bien chez Baldwin.
Jeune mais déjà immense Baldwin qui fait du portait de cette famille - de sa famille - le portrait d'une certaine Amérique des années 30, de la communauté de Harlem et de ces afro-américains ayant quitté le Sud sanguinaire.
Des hommes et des femmes rongés par la foi, le bien, le mal. Marqués surtout par la difficulté à se construire un destin individuel, entre fatalité, péché, rédemption contre désirs et volonté. Des hommes et des femmes à l'impossible liberté.

Après des débuts ardents, cette lecture m'a parfois plongé dans une caverne de douleur et d'aveuglement. Longtemps je ne verrai pas la lumière, accablée par ces tristes trajectoires.
Pourtant la brillance de Baldwin est là, toujours, même au plus profond de ces tourments. Et c'est avec le dernier chapitre, une fois le jour revenu, que la puissance de ce roman m'est apparue dans toute son intensité.
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