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L'auteur est invité à mener l'enquête journalistique d'une série de meurtres d'enfants noirs à Atlanta à la fin des années 1970. le présumé coupable de deux de ces meurtres sera jugé pour les 28 homicides.
James Baldwin nous rapporte les différents mécanismes de la justice mais aussi de la vindicte populaire qui encadrent cette affaire emblématique des limites de la loi sur les droits civiques.
James Baldwin a toujours défendu le concept de déségrégation et démontre combien celui de l'intégration est délétère et finalement toujours raciste.
En effet, il se serait agi de permettre aux Noirs de vivre leur culture en toute liberté et non de les « autoriser » à vivre comme les Blancs.
C'est sur la base de ces deux notions qu'il développe sa pensée sur l'esclavagisme, la condition des soldats noirs, l'Apartheid.
C'est brillant, tout simplement
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Comment se fait-il que ce livre ne soit pas plus connu en France ? Paru pour la première fois en 1985, il est aujourd'hui édité à nouveau par Stock. J'ai envie de vous dire : ne lisez pas mon avis, lisez le, lui !

Cet essaie parle de meurtres, à Atlanta, en Georgie, un état qui tint un rôle important dans la guerre de Sécession, côté sudiste. UN homme,noir, fut condamné pour deux meurtres, mais surtout, un homme noir qui fut implicitement accusé de la mort de vingt-huit enfants, sans que l'enquête soit suffisamment approfondie pour prouver qu'il était bien le coupable – voire même pour trouver LE coupable.
Point commun de tous ces morts ? Ils étaient tous noirs, ils étaient tous pauvres, et leur mort n'a pas suscité beaucoup d'intérêt. Leur mort n'a pas bouleversé l'économie locale, elle n'a pas entraîné une psychose, elle a eu loin des quartiers où vivent les Blancs.

"personne ne protège les pauvres, ils doivent se défendre eux-mêmes. Les pauvres n'existent pour les autres que comme une gêne, une menace, une occasion de faire du fric ou une oeuvre missionnaire ou parfois l'envie de faire une bonne action sincère. « les pauvres, vous les aurez toujours avec vous », disait le Christ. Soit, mais vous les voyez rarement et ne les écoutez jamais."

Ce n'est pas tant l'enquête qui est reconstituée, que ses errances, ses erreurs, les peurs qu'elle engendra, les idées reçues qu'elle fait ressurgir. le procès est inclus aussi, sans oublier le procès, implicite, fait à la famille de l'accusé – cet homme qui n'avait pas réussi, aux yeux de la société, à devenir pleinement un homme. Cette affaire est le point de départ d'une réflexion sur la condition des Noirs, aux Etats-Unis mais aussi dans le monde entier, mais aussi sur la pauvreté. A une époque (les années 80) où beaucoup pensaient que les droits des Noirs avaient nettement progressé, James Baldwin montre, démontre que ce n'est pas du tout aussi évident qu'on le pense – du point de vue des Blancs. Oui, ce livre contient de profondes réflexions sur le racisme, la culture, les droits que les Blancs octroient à tous les autres (ou pas), les droits que les Blancs s'octroient de se mêler des affaires des autres, d'aller rendre ce qu'ils estiment être la justice, ailleurs, dans n'importe quel autre pays tant que cela correspond à leurs intérêts économiques. Les USA se présentant comme sauveurs du monde, cela ne date pas d'aujourd'hui, et James Baldwin montre bien que cela continuerait : il ne s'était pas trompé.

En lisant cet essai, j'ai pensé aux discours de certains hommes politiques, discours fortement orientés – parce que l'Histoire est écrite, toujours, par les Blancs :

"L'Histoire est un hymne aux Blancs écrit par des Blancs. Nous autres, tous les autres, avons été « découverts » par les Blancs, qui détiennent le droit de nous laisser entrer ou non dans l'Histoire."

Un essai remarquable.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Ce livre, qui n'est pas un roman, a été écrit et publié en 1985, il s'agit donc d'une ré-édition.

Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants, tous âgés entre 7 et 16 ans, tous noirs, tous issus de familles pauvres sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis.

En juin 1981, un Noir de 23 ans, Wayne Williams, est arrêté pour le meurtre de deux hommes. C'est le suspect idéal. Et c'est lui qui sera jugé, puis condamné à la prison à vie pour le meurtre des vingt-huit enfants, sans aucune preuve tangible.

Quand l'auteur est invité à écrire un livre sur les meurtres de ces enfants, il accepte. Après une enquête menée sur place, quatre ans après les événements, Baldwin ne conclut ni à la culpabilité de Williams, ni à son innocence.

L'essentiel est ailleurs.

Ce livre tire plus du côté de l'étude sociologique de la place de l'homme noir dans la société américaine encore très marqué par la ségrégation.

J'ai été étonné que l'auteur montre que le suspect ne pouvait pas être le coupable. Encore un innocent en prison…

Des citations qui parleront mieux que moi :

Atlanta, « la ville trop occupée à gagner de l'argent pour haïr. » (p.33)

Mais il semble que (l'accusé) n'ait jamais appris à s'aimer lui-même. (p.43)

Il existe, selon Andrew, un mal qui atteint particulièrement la communauté noire, la sorriness, une sorte de pitié de soi-même. Cette maladie frappe les Noirs de sexe masculin. Elle est transmise par la mère, dont l'instinct est évidemment de protéger le mâle noir de la destruction qui le menace dès lors qu'il s'affirme en tant qu'homme. Un des résultats de ce processus est que le frère risque de ne jamais grandir. (p.44)

Le Destin manifeste, par exemple, n'est rien moins qu'une justification de la pratique délibérée et calculée du génocide. (p.75)

A propos des européens : Ils n'ont jamais eu de respect les uns pour les autres et comment pourrait-on concevoir qu'ils en aient un jour ? Les Anglais traitent les Ecossais et les Irlandais comme des chiens, et se traitent entre eux de la sorte. (p.125)

Il n'y a pas un seul raciste en ce monde qui ne soit un menteur et un lâche. (p.150)

Oui, ce système n'a raconté aux Noirs et à lui-même que des mensonges. (p.158)
Lien : https://alexmotamots.fr/meur..
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Parfois vous vous dites que peu importent les mots que vous emploierez vous ne pourrez jamais rendre justice à un ouvrage, votre avis ne pourra jamais retranscrire ce qui émane d'un tel texte.

Tout commence au début des années 80 à Atlanta, 28 cadavres d'enfants noirs et pauvres sont retrouvés en 22 mois... Tout se poursuit par une inculpation et un procès, celui de Wayne Williams, noir de 23 ans, accusé de deux homicides d'adultes.
Le lien entre ces 2 faits tient à la "magie" de la justice américaine...cet homme inculpé de 2 homicides a finalement été jugé légalement pour 30 meurtres...
Voilà le point de départ de cet essai, car ce procès est l'occasion pour James Baldwin de revenir sur les lieux pour mener sa propre enquête. Mais c'est surtout l'occasion pour lui de dresser le portrait d'une Amérique qui ne s'est toujours pas affranchie de son passé ségrégationniste. Baldwin signe un texte fort abordant de nombreux thèmes : le racisme évidemment, la religion, l'esclavagisme, le colonialisme, L Histoire, les communautarismes...

Ces propos sont fort, puissants et encore tellement d'actualité que j'avoue que ça m'effraie.

Je n'avais jamais entendu parler de ces meurtres, ni de Wayne Williams, qui est toujours incarcéré à ce jour, ni d'Alex Baldwin dont les textes mériteraient pourtant d'êtres enseignés.

Je remercie sincèrement les éditions Stock de republier cet essai et de m'avoir permis de découvrir cet auteur.

Et je ne peux que conclure mon humble avis en vous invitant à lire cet ouvrage, mais aussi cet auteur, pour ma part je vais m'y atteler.
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A la fin des années 70 - début des années 80, 28 enfants et adolescents ont été assassinés à Atlanta. Leurs points communs : ils sont tous noirs et pauvres. L'enquête piétine jusqu'à l'arrestation de Wayne Williams, qui sera condamné pour le meurtre de deux adolescents. Wayne Williams est noir.

« Juin 1981 : vingt-huit cadavres d'enfants ont été retrouvés depuis le premier meurtre de la série, vingt deux mois plutôt. C'est alors que Wayne Williams, alors âgé de vingt-trois ans, est arrêté pour meurtre. Il est noir, c'est important parceque la municipalité est noire et que toutes les victimes sont noires. »

A travers cet essai écrit en 1985, James Baldwin pose la question de la culpabilité : est-on coupable parce qu'on est noir? Si on comprend entre les lignes que James Baldwin doute de cette culpabilité, il fait une critique acerbe de la société américaine, de la manière dont les noirs ont été traités et sont encore traités à cause de leur couleur de peau et du peu d'espoir qu'on leur offre. Il revient sur leur Histoire et sur leur place dans la société américaine encore marquée par la ségrégation. C'est un essai brillant et éclairant. Même trente-cinq ans plus tard. On aurait aimé que les choses soient aujourd'hui très différentes et pouvoir dire que cet essai avait vieilli...

L'histoire de ces jeunes enfants et adolescents assassinés a également été reprise dans la série Mindhunter. Tout comme dans cet essai, la série met en exergue des doutes quant à la culpabilité de Wayne Williams
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À partir du meurtre de deux enfants pour lequel Wayne Williams, un jeune Noir est coupable, James Baldwin extrapole avec rigueur les réactions ségrégatives de la ville d'Atlanta et de la Géorgie , état du dus des USA connu pour ses positions racistes.
D'abord, on essaie de coller 28 meurtres sur le dos de Williams puisqu'ils présentent des similitudes dans le modus operandi, on retrouve des fibres, mais là encore, tout est sujet à caution. James Baldwin montre comment on aimerait que Williams soit coupable des 28 meurtres et un tueur en série. Depuis le début, toujours selon Baldwin, le monde est fait par les Blancs et que la déségrégation n'est qu'une façon pour les Noirs d'intégrer ce monde de Blancs, de devenir Blanc.
L'histoire esclavagiste et ségrégationniste a laissé des traces ("Things not seen"). Parmi la communauté noire, les enfants sont souvent élevés pour devenir des Blancs et ceux qui se révoltent, souvent en empruntant les chemins de la délinquance, sont mis au ban de cette même communauté. James Baldwin aimerait perpétuer le "rêve" de Martin Luther King Jr mais reste pessimiste au regard de l'histoire. Pourtant, aux USA, les Noirs représentent une population équivalente aux Blancs mais ce sera toujours le triomphe du capitalisme sauvage et blanc, si tant est que "capitalisme blanc" ne soit pas un pléonasme.
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Puisque c'est l'argument marketing, je m'attendais à de sang froid écrit par Baldwin. La proposition était très très très enthousiasmante. Mais comme ça ne ressemble finalement pas du tout à de sang froid, ma déception est à la mesure de l'attente.
Pour qui n'a pas lu James Baldwin encore, c'est sans doute une lecture intéressante. Ce n'était pas mon cas et j'ai plutôt eu l'impression de retrouver dans ce court pamphlet ce que j'avais déjà lu dans Chroniques d'un enfant du pays. Mais en plus décousu. Pour une introduction à la pensée (essentielle) de James Baldwin, je recommande plutôt le second.
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The Evidence of Things Not Seen … 28 enfants noirs assassinés à Atlanta, Sud des Etats Unis, années 80.
Un jeune noir est suspect, accusé de deux des meurtres et par l'extension d'un fil invisible de tous les autres. Il est condamné à perpétuité.
J'ai été déstabilisée évidemment, avec un tel résumé, je m'attendais à un roman policier, une enquête démontant les accusations, mettant en doute toutes les preuves ou démontrant les absences de preuves … je ne connaissais pas l'auteur.
Meurtres à Atlanta est en fait un essai.
Il est question de race, de réflexion sur la différence qu'il y a entre ségrégation et intégration, deux concepts totalement différents mais liés et mélangés à tort.
Le procès épineux est disséqué par l'auteur qui est parti enquêter sur place dans le but d'écrire un roman. Un procès bâclé, basé sur des preuves par trop légères et une sentence accablante. Des victimes noires, un accusé noir dans la ville d'un maire noir.
En aurait-il été autrement si les victimes avaient été blanches? si elles n'avaient pas été pauvres? si les enjeux politiques étaient différents? Notre société était et est toujours une société à deux vitesses, dans tous les domaines, santé, éducation mais aussi sans doute aucun, dans celui de la justice.
« Quand je dis humainement, je ne parle pas des qualités morales mais des possibilités, ou des limites, de l'être humain. Celui qui définit les gens en fonction de leur couleur devient délibérément aveugle. Il n'y a pas un seul raciste dans ce monde qui ne soit un menteur et un lâche. Car être raciste, c'est s'imaginer qu'on peut soumettre la réalité à son bon vouloir, ou plutôt à son effroi. »
A noter, Raoul Peck a réalisé le film documentaire I Am Not Your Negro, basé sur un manuscrit inachevé de James Baldwin avec les voix de Samuel L. Jackson et Joey Starr pour la version française racontant la lutte des Noirs américains pour leurs droits civiques, le documentaire a reçu de nombreux prix dont un au festival international du film de Berlin en 2017 et un César en 2018.
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Je n'ai pas du tout accroché à ce livre au point que je ne l'ai pas terminé. Je me suis accroché mais très vite j'ai été rebuté par le style de l'auteur. le récit m'est apparu confus et un peu trop profond et sans doute trop intellectuel pour moi. Très allégorique, je m'attendais à un livre plus facile à lire. Une déception.
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James Baldwin (1924 - 1987) a été toute sa vie un ardent militant de la lutte pour les droits civiques, un opposant acharné au racisme anti-noir, il a lutté également pour la cause homosexuelle. « Meurtres à Atlanta » (1985) est son dernier livre paru, sous le titre « The evidence of things not seen » (la preuve des choses non vues). Dans cet essai, James Baldwin nous parle de l'affaire des meurtres d'Atlanta. Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants noirs furent retrouvés morts étranglés dans la ville d'Atlanta, aux États-Unis.
Au-delà de l'enquête pour résoudre ces meurtres, c'est la place de l'homme noir dans la société américaine qui est questionnée. Trente-cinq ans ont passé et le mouvement “Black lives matter”, mouvement politique dans la communauté afro américaine qui milite contre le racisme qui sévit aujourd'hui encore contre les afro américain, poursuit ce combat antiraciste. La mort de George Floyd (2020), parmi d'autres, rend ce livre incroyablement actuel car le racisme, décrit par James Baldwin, perdure malheureusement aux États-Unis et ailleurs. La question de ce livre n'est pas tant de savoir si le criminel noir est coupable ou pas, mais il vise à questionner la place de l'homme noir au sein du peuple américain.
C'est un texte puissant, moderne, incisif, celui d'un homme révolté par les outrages subis par les hommes, femmes et enfants noirs pour leur couleur de peau. On ne peut qu'être touché par ce combat. La justice, le système capitaliste, les rapports humains sont questionnés. Ce livre, réédité aujourd'hui, 35 ans après, mérite d'être lu, au vue d'une réalité qui n'a que peu changé.
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