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James Baldwin est une icône de la condition afro-américaine aux Etats-Unis, et il porte le drapeau, associé à celui de l'homosexualité, double peine dans cette nation aux idées corsetées dans des principes aliénants et iniques.

Dans ce récit, James Baldwin s'appuie sur une série de meurtres perpétrés sur des enfants et adolescents,, 28 en deux ans, et tous noirs. A la barre, un accusé idéal, noir, lui aussi, et reconnu coupables de deux meurtres, concernant des adultes. Dans la foulée, il fut aisé, en accumulant des indices ténus et discutables, de lui attribuer la responsabilité des meurtres d'enfants.


Le récit se décline comme une enquête policière, et analyse les arguments de l'accusation, qui a de plus pris appui sur des techniques récentes et révolutionnaires, comme la recherche des « fibres ». le juge avait un but : prouver par tous les moyens que Wayne Williams était l'auteur de tous ces meurtres, ce qu'il n'a jamais reconnu, et ceci quels que soient les arguments et preuves, parfois sidérantes, qui seraient utilisées.


A partir de cette affaire, l'auteur pose la question de la place des noirs dans son pays. En revenant sur les origines, l'histoire et les postulats sur lesquels s'est créée cette entité multiforme que sont les Etats-Unis. Il pointe aussi du doigt la responsabilité de l'économie et de la place prépondérante qu'elle a prise dans notre monde, qui ne voit que par la valeur marchande des biens, fussent-ils humains. Il refuse également la notion de couleur de peau qui est une aberration si on l'utilise pour créer des catégories humaines. A moins que la vraie raison soit ailleurs.

Un plaidoyer d 'une logique implacable, mais que pèse la logique dans une société qui se prosterne devant le dieu du commerce ?
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En l'espace de deux ans, environ, vingt-huit enfants dont l'âge varie de 7 ou 16 ans, ont été assassinés. le seul point commun : ils sont tous noirs, issus de familles pauvres. L'enquête piétine, on évoque au passage la main du Ku Klux Klan, dans cette ville du Sud, dont les dirigeants sont noirs. On n'envisage pas d'emblée que le tueur puisse être noir, jusqu'à ce que le FBI mette en évidence ce qu'il a appelé « un faisceau d'indices » et curieusement un homme noir est arrêté.

Mauvais endroit au mauvais moment ? il aurait été trouvé sur les lieux d'un des crimes mais pourquoi ? Tout ceci est un peu capillotracté car on va le juger en fait sur deux meurtres, en sous entendant qu'il est coupable des autres aussi, c'est tellement plus simple.

James Baldwin, appelé à se rendre à Atlanta va essayer de décortiquer l'histoire, en mettant en parallèle des notions fortes : les relations entre Blancs et Noirs, la déségrégation qui pour lui aurait été la solution plutôt que l'intégration. Il met en relation la pauvreté, qui est toujours dans les mêmes quartiers, et la manière dont ces enfants sont souvent dans la rue, car ils y sont mieux qu'à la maison, et non pour le plaisir de traîner la nuit.

Il pose la question de la culpabilité : est-on coupable d'office si l'on est noir ? est-ce que Wayne Williams est vraiment le meurtrier ou était-il temps de mettre un terme à ce drame pour calmer le jeu ? il est le coupable idéal car c'est un jeune homme peu agréable, arrogant, qui avait tendance à être violent avec ses parents : le mauvais garçon, qu'on n'a aucun scrupule à condamner d'office. (Même si d'autres meurtres ont été commis pendant son incarcération) …

Comment les jurés ont-ils peu le désigner coupable et le condamner sans véritable preuve ?Certes, je le répète, c'est le climat engendré par ces meurtres qui l'a conduit au banc des accusés. D'un point de vue judiciaire, il est accusé de deux assassinats. Et pourtant, il est présumé coupable de vingt-huit meurtres, pour lesquels il est jugé sans être inculpé !

James Baldwin revient, avec brio, sur l'esclavagisme, la manière dont s'est déroulée la période après l'abolition de l'esclavage, le poids de l'homme blanc dans l'exploitation des pauvres, les effets de la colonisation, la manière dont les différents présidents américains ont été élus, et sur quels critères, et surtout la manière dont ils ont envisagé le racisme et la lutte éventuelle à mener pour en venir à bout, dans ce pays où la violence est omniprésente et où les marchands d'armes sont tout puissants.

Il aborde aussi l'Afrique du Sud et l'Apartheid, et il n'aura pas eu la chance de connaître, de son vivant, Madiba président…

Autre question soulevée : les soldats noirs ont un comportement héroïque pendant les guerres, mais ils ne seront pas mieux considérés pour autant, ceci se retrouve aussi dans les guerres plus récentes (Afghanistan, Irak…) ils ont le droit de mourir en héros, mais s'ils reviennent ils doivent faire à nouveau profil bas, situation que l'on peut retrouver dans les pays colonisateurs.

Il évoque aussi la notion de communauté qui ne doit pas aboutir à une exclusion ou encore le fait que certains voudraient être des blancs et se comportent comme eux. Il compare aussi la situation à Harlem à celle d'Atlanta, rivant son clou au passage à « autant en emporte le vent » de Margaret Mitchell bien trop complaisante à ses yeux.

Il y a longtemps que je voulais me plonger dans un texte de James Baldwin et je n'ai pas été déçue du voyage, sa démonstration est brillante, même si elle ne peut rien changer au cours des choses, l'affaire étant considérée comme résolue. le raisonnement de l'auteur est brillant, même si on n'est pas toujours totalement en accord avec lui. Afin de ne pas trop divulgâcher, j'ai choisi de limiter ma chronique aux éléments du discours de l'auteur qui m'intéressaient le plus, mais il évoque beaucoup d'autres thèmes tout aussi passionnants les uns que les autres.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m'ont permis de découvrir ce livre qui est toujours terriblement d'actualité et n'a pas pris une ride trente-cinq après avoir été publié pour la première fois. C'est le genre de livre qu'il faut déguster en prenant son temps et dont je pourrais parler pendant des heures, alors un conseil : si ce n'est pas déjà fait, lisez-le !
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Les faits, rapidement : Atlanta entre 1979 et 1981, au moins 28 enfants et adolescents de 7 à 17 ans sont assassinés, tous africain-américains. Pas de mobile apparent, pas de pistes, une enquête qui prend son temps avant de passer la seconde et finalement l'arrestation d'un certain Wayne Williams, 23 ans, peut-être coupable, peut-être pas mais qu'importe puisqu'il prend deux peines de perpétuité pour l'assassinat de deux adultes survenu dans la même période, n'écopant de rien pour les enfants tout en laissant planer une culpabilité qui ne fait de doute pour personne.

On voudrait accuser le racisme (et on aurait raison, les faits sont là) mais à l'instar de Reagan qui déclarait la « guerre à la drogue » quand on comprenait bien que le message sous-jacent était « guerre aux Noirs », Atlanta, ville du Sud, raciste et bigote a à cette époque un maire noir à sa tête, alors, du racisme ? Où ça ?
D'un autre côté, que Wayne Williams soit lui aussi Africain-américain peut-être considéré comme "normal". Pour Micki Pistorius, Robert Ressler, John Douglas et tous ceux qui se sont sérieusement penchés sur les meurtres en série, les serial killers dans leur grande majorité choisissent leurs victimes dans leur propre groupe ethnique.

Alors la discrimination et la haine dont cette affaire a pourtant toute l'apparence auraient pu passer sous les radars du racisme si James Baldwin ne s'était pas rendu lui-même sur place histoire d'y mener sa propre enquête et de nous livrer le résultat de ses recherches. Résultat sinistre mais malgré tout, tristement prévisible.
Donc malgré l'absence de preuves décisives et même si le tribunal ne le condamne pas pour le massacre des enfants, dans l'opinion publique, Wayne Williams est le seul et unique coupable. Fin de l'histoire.


James Baldwin à travers ce livre émettra d'emblée des doutes sur la culpabilité de Williams et si on accepte de s'y pencher un peu avec lui, vu comme cette affaire fût honteusement traitée, difficile de ne pas en avoir. Malgré cela, il n'exonèrera pas non plus Williams de toute accusation.
Peut-être Baldwin pensait-il en envisageant l'écriture de ce livre y mettre plus de sérieux que cette parodie de procès et donc réussir à trancher ce noeud gordien. Il n'en sera rien et ce qui devait être à la base un livre sur l'affaire en question va en profiter pour prendre d'autres directions, beaucoup d'autres.

Si, bien entendu, les meurtres d'Atlanta servent de fil rouge à cet essai, c'est avant tout d'Histoire, de société et de l'éternelle dichotomie Noirs-Blancs dont James Baldwin nous entretient en refaisant le chemin qui de petit bled bouseux a mené Atlanta à devenir la grande métropole qu'on sait, à l'intégration rendue impossible et au rêve américain qui s'apparente encore et toujours à un cauchemar pour les Noirs.
Deux ans d'assassinats sauvages, une arrestation quelque peu arbitraire et c'est toute l'histoire de l'Amérique qui se déroule pendant une parodie de procès dont on ne saura peut-être jamais si la culpabilité décrétée de Wayne Williams est avérée ou si ce pauvre gars "arrogant et mou" selon Baldwin s'est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment et surtout avec la mauvaise couleur de peau.

L'intérêt de ce livre est donc l'ingénieux entrelacement que tresse James Baldwin pour d'une part nous raconter l'affaire des meurtres d'Atlanta et d'autre part faire une critique virulente mais juste et justifiée de sa terre natale visant, au travers une écriture riche et incisive, à la dénonciation d'une société injuste et clivante, société qu'il ne connaissait que trop bien.
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Ce que je remarque en premier lieu en ouvrant ce livre c'est que le titre, plutôt, racoleur n'est en rien celui donné par l'auteur :
"The evidence of things not seen"
Ce que l'on pourrait traduire par :
"L'évidence des choses non vues"
C'est plus évident que penser qu'il s'agit d'un roman policier, même si il y a des morts, un homme arrêté et un jugement.
Pour faire court : un homme est accusé de deux meurtres et comme 28 enfants ont été assassinés, tout simplement, la police et la justice essaie de coller la totalité à ce bonhomme. On fait d'une pierre deux coups et on diminue les frais
Ah, j'oubliais, l'accusé est noir, les morts aussi.
Atlanta c'est en Géorgie, le sud des Etats Unis d'Amérique, pays de coton, si on voit ce que je veux dire.
"Georgia on my mind" dont chantait un certain...
Bref, l'auteur, journaliste pour ce "fait divers", emploie ce récit sous forme d'essai pour attirer l'attention de ses lecteurs sur la condition des noirs à cette époque. C'est à dire en 1985.
D'aucuns diraient que rien n'a beaucoup changé depuis lors. Peut-être pas tout à fait mais pas loin.
Baldwin met cette suprématie blanche au dessus de ces pauvres qui existent dans ce pays depuis bien longtemps et il n'hésite pas à faire des indiens, des chicanos et des noirs un ensemble qui ne trouve pas sa place dans la vie de cette nation.
Qui dirige, qui gouverne, qui dicte et fait la loi, qui la fait respecter : des blancs, depuis toujours et même si depuis l'espérance aura pris le visage d'un certain président ce n'était pas le cas à l'époque de l'écriture.
La plaidoirie de l'auteur pour cette, ces, communauté(s) passe bien avant ces meurtres et ce procès qui ne sont qu'un prétexte, un de plus à la persécution subie de mille façons par la communauté noire. Puisque c'est de ça dont on parle.
De fait n'y a t-il pas 8 jurés blancs pour 4 noirs?
Comme disait Bob Dylan : vous pouvez sortir vos mouchoirs, il est temps de pleurer.
Il fallait draguer la rivière pour savoir s'il n'y avait pas d'autres morts, aussi on a retrouvé un cadavre d'homme noir inconnu, puis un autre et encore un autre et ainsi de suite. Alors on a arrêté de draguer la rivière...
En 1996 Atlanta a organisé les jeux olympiques. Les visiteurs recevaient un plan de ville...coupé à la limite de la ville blanche! La ville noire ayant été purement supprimée. Mais c'est Mohamed Ali qui a allumé la flamme olympique, alors...
Il faut lire ce livre!
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Quelle claque !
En refermant ce livre j'ai l'impression de tenir entre les mains un révolver brûlant duquel s'échappe une trainée de fumée.

James Baldwin est envoyé dans le sud des États-Unis, à Atlanta, pour rédiger un article journalistique sur une série de meurtres. Il va faire bien plus, puisqu'il va mener sa propre enquête et réaliser une étude sociologique du présumé meurtrier et des différents protagonistes de son procès. C'est ce travail qui servira de base à cet essai.

Dès les premières lignes le ton est donné, Baldwin monte sur le ring, déterminé à mettre KO l'adversaire. Il fait preuve d'une telle éloquence que je n'ai pu m'empêcher de lire la majeure partie du livre à voix haute. le discours est rude, violent, les arguments sont affûtés, percutants, et chaque coup porté fait mouche.

C'est qu'il a de quoi être remonté car les incohérences sont nombreuses :
- une affaire qui malgré son ampleur reste inconnue du public, jusqu'à ce que l'association des familles de victimes alerte les médias
- un accusé officiellement inculpé pour le meurtre de deux adultes, mais officieusement présumé coupable (et jugé) pour le meurtre de vingt-huit enfants dont la série de meurtres précède celle des deux adultes
- une "série" de meurtres dont, hormis l'origine ethnique des victimes, personne ne sait dire quelles en sont ses caractéristiques, alors même que les causes de décès des victimes sont "diverses et variées"
- un verdict, "condamné pour un nombre indéterminé de victimes", qui ne satisfait personne

Le thème central de cet essai est bien entendu la condition de l'homme Noir aux États-Unis, mais avec le talent qu'est le sien Baldwin va bien plus loin et parvient à généraliser son propos. L'oppression des non-blancs par les blancs étant selon lui au coeur de l'histoire récente de l'humanité.

Tout y passe, il évoque ainsi Martin Luther King, Malcolm X, Nixon, Kennedy, le Ku Klux Klan... le colonialisme européen, l'esclavagisme, les afrikaners, le nazisme, l'extermination des indiens par les pionniers américains...

En bref, du grand Baldwin, un essai sociologique incontournable qui reste malheureusement d'actualité dans ces "États dits Unis" où les mentalités n'ont jamais su se défaire des fantômes du passé. Et où l'homme Noir doit lutter en permanence pour que ses droits soient reconnues et son intégrité préservée.
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James Baldwin a été, toute sa vie durant ,(il est mort en 1987) un ardent militant de la lutte pour les droits civiques, un opposant farouche au racisme anti-noir, il a lutté également pour la cause homosexuelle, c'était donc un homme de tous les combats que l'on qualifierait aujourd'hui de « progressistes ». « Meurtres à Atlanta » est son dernier livre paru en 1985, le titre original était « The evidence of things not seen » (« la preuve des choses non vues ») en référence à un extrait de l'Épître de Paul aux Hébreux. Dans cet essai, James Baldwin nous parle de l'affaire des meurtres d'Atlanta. Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants noirs furent retrouvés morts étranglés dans la ville d'Atlanta, aux États-Unis. Vingt-huit enfants, tous âgés entre 7 et 16 ans, tous noirs, tous issus de familles pauvres sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis. En juin 1981, un jeune homme noir, Wayne Williams, est arrêté pour le meurtre de deux hommes. C'est le suspect idéal. Il fût jugé et condamné à la prison à vie alors même que les preuves rassemblées pour démontrer sa culpabilité étaient infimes. Mais au delà de cette enquête, c'est la place de l'homme noir dans la société américaine qui est questionnée. Trente cinq ans ont passé et le mouvement “Black lives matter”, mouvement politique dans la communauté afro américaine qui milite contre le racisme qui sévit aujourd'hui encore contre les afro américain, poursuit ce combat anti-raciste. La mort de George Floyd rend ce livre incroyablement actuel car le racisme, décrit par James Baldwin, perdure malheureusement aux États-Unis. La question de cet essai n'est pas tant de savoir si Wayne Williams est coupable ou pas, mais il vise à questionner la place assignée par le peuple américain aux Noirs. C'est un texte fort, moderne, incisif, celui d'un homme révolté par les outrages subis par les hommes, femmes et enfants noirs pour leur couleur de peau. On ne peut qu'être touché par ce combat. La justice est questionnée, le système capitaliste libéral également. Je pense qu'il est utile de lire ce livre dont la réédition 35 ans après, correspond malheureusement à une réalité qui n'a que peu changé.

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Entre 1979 et 1981, 28 enfants sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des États-Unis.

Petites précisions importantes pour ce qui va suivre : tous étaient noirs et tous étaient issus de familles pauvres.

Ça va mieux situer les choses de connaître l'origine sociale et "raciale" de ces gamins (je n'aime pas le mot "racial" mais il prend tout son sens lorsqu'on lit le roman de Baldwin).

Si ces gamins avaient Blancs et issus d'une classe sociale moyenne ou élevée, les autorités auraient mis le paquet dès le premier disparu ou dès le premier corps sans vie retrouvé.

Ici, l'enquête piétine, on en parle très peu, jusqu'à ce qu'un homme Noir (Wayne Williams) soit arrêté. Il est accusé du meurtre de deux adultes et pourtant, on va lui coller l'assassinat de ces gamins sur le dos, alors qu'aucune preuve ne vient étayer cette accusation.

Le voici donc présumé coupable de 28 morts en plus… Sans qu'il y ait eu arrestation pour ce chef d'accusation. Sans qu'il y ait des preuves concluantes qu'il ait assassiné ces 28 enfants. Un simulacre de procès aura lieu et le condamner "coupable" permettra de clore les dossiers et de les oublier ensuite. Bravo la justice…

Baldwin va utiliser cette affaire de meurtre et de simulacre de justice pour nous dresser un portrait peu flatteur de l'Amérique (qui est menteuse) et de la société Blanche qui la compose, qui prend les décisions, même si la ville d'Atlanta a un maire Noir. L'État est dirigé par des Blancs, le pays aussi.

La plume de Baldwin est trempée dans l'acide, il frappe dans les couilles de l'Amérique WASP (White Anglo-Saxon Protestant) qui se veut bien pensante, mais aussi dans celles de l'Europe. Il y met les formes mais certains auront besoin de glace posée sur les bijoux de famille pour atténuer la douleur.

Ce court roman/essai de 180 est bourré d'informations, de réflexions, d'Histoire et lorsqu'on arrive à la fin, on se retrouve un peu groggy tant on y a vu défiler de la misère, de la douleur, des peurs, du sang, de l'esclavage, Scarlett O'hara, de la ségrégation, des injustices…

L'intérêt du livre n'est pas tant de savoir si Wayne Williams est coupable ou pas, mais de voir comment la justice s'est arrangée avec les preuves, les témoignages, créant même un précédent dangereux.

Ce sera le fil rouge qui servira à Baldwin de faire un procès à charge contre l'Amérique, les Blancs, l'Europe, l'Angleterre et même la communauté Noire.

C'est un livre à lire et à relire, pour bien s'imprégner de tout ce que l'auteur écrit.

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C'est l'histoire vraie de Wayne Williams, accusé du meurtre de vingt-huit enfants et de deux adultes dans la ville d'Atlanta. Pourtant, les faits dont j'ignorais tout avant cette lecture ne sont avérés que pour les deux adultes. On pense à Ku Klux Klan un moment mais Williams est noir, alors on va expédier l'affaire vite fait. D'autant que ces évènements nuisent à l'image de la ville. James Baldwin mène l'enquête à son tour et met en évidence le fait que rien ne permet de penser qu'il est coupable de ce dont on l'accuse, ni même qu'il est innocent.
Cette affaire permet à Baldwin, l'un des défenseurs des droits civiques aux USA, de développer son analyse du racisme, de la ségrégation, de l'intégration mais il aborde aussi la question de l'homosexualité. Il montre bien comment "dès qu'une personne est soupçonnée, en l'occurrence de crimes si abominables, tout ce qu'elle fait devient suspect". Comment la justice peut-elle se laisser piéger quelquefois par l'ambiance d'une époque au lieu de suspendre son jugement tant que les faits ne sont pas avérés, c'est tout l'intérêt de cette affaire.
Cependant, j'ai été quelque peu gêné par le mélange des genres entre roman historique, polar et essai, Baldwin n'hésitant pas quelquefois à ajouter des éléments de son vécu personnel en tant qu'afro-américain.

Challenge Multi-Défis 2022.
Challenge Riquiqui 2022.
Lecture commune thématique de Septembre 2022.
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Entre 1978 et 1981, vingt-huit enfants et deux adultes ont été assassinés (sans doute plus mais l'auteur s'intéresse à ces crimes-là). il s'agissait de personnes noires et pauvres. Atlanta est gérée par une municipalité noire et le premier suspect est le KKK dont on sait qu'il prospérait à l'époque et sans doute encore aujourd'hui. Mais l'enquête révèle que le coupable est William Wayne, un noir. Les preuves sont accablantes pour le meurtre des deux adultes, handicapés mentaux, mais nettement moins claires pour celui des enfants qui n'ont pas tous été tués de la même manière. Il y a toutefois des fibres qui l'incriminent. Il est finalement inculpé pour les adultes et seulement soupçonné pour les enfants, ce qui lui vaut une condamnation à la prison à vie. Baldwin est délégué par son journal pour enquêter sur cette étrange affaire. Il s'agit de la réédition d'un livre de 1985.

Certains propos sont modérés et vraiment censés, comme ses interrogations sur les dysfonctionnements (bien connus) de la justice dans cette affaire, son questionnement sur le fait d'attribuer les meurtres des enfants au suspect sans preuves et sans inculpation formelles. Il se demande s'il s'agit vraiment d'une série de meurtres ou juste de coïncidences impliquant de nombreux criminels. Je peux facilement le suivre sur ce terrain.

Toutefois ces propos sont minoritaires, ce livre est surtout et presque exclusivement un pamphlet raciste anti blanc. Tout y passe pour cracher sa haine et son mépris pour les blancs et les Européens responsables de tous les génocides possibles et imaginables depuis au moins l'Antiquité. Les propos sont outranciers et extrêmement haineux, une vraie caricature. L'auteur souligne que les USA sont « un bouillon de haines raciales » et visiblement en quarante ans rien n'a évolué. Pour moi ce genre de délire ne vaut pas mieux que les discours des suprémacistes blancs dont ils sont l'exact pendant. J'abhorre le racisme et les discours haineux d'où qu'ils viennent. Je n'ai jamais lu Céline car je condamne ses idées antisémites même si c'est l'un des plus grands auteurs du siècle dernier. de même, ce livre, très bien écrit est totalement méprisable pour son contenu outrancier et haineux.

#MeurtresàAtlanta #NetGalleyFrance !
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L'auteur est invité à mener l'enquête journalistique d'une série de meurtres d'enfants noirs à Atlanta à la fin des années 1970. le présumé coupable de deux de ces meurtres sera jugé pour les 28 homicides.
James Baldwin nous rapporte les différents mécanismes de la justice mais aussi de la vindicte populaire qui encadrent cette affaire emblématique des limites de la loi sur les droits civiques.
James Baldwin a toujours défendu le concept de déségrégation et démontre combien celui de l'intégration est délétère et finalement toujours raciste.
En effet, il se serait agi de permettre aux Noirs de vivre leur culture en toute liberté et non de les « autoriser » à vivre comme les Blancs.
C'est sur la base de ces deux notions qu'il développe sa pensée sur l'esclavagisme, la condition des soldats noirs, l'Apartheid.
C'est brillant, tout simplement
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